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[CRITIQUE] : Violet Evergarden : Eternité et la poupée de souvenirs automatiques


Réalisateur/trice : Haruka Fujita et Taichi Ishidate
Avec les voix de : Minori Chihara, Aya Endo, Yui Ishikawa, Minako Kotobuki, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Japonais
Durée : 1h32min

Synopsis :
L’histoire se déroule dans un monde d’après-guerre où des jeunes femmes appelées Poupée de souvenirs automatiques aident des personnes à mettre sur papier leurs sentiments. Nous suivons le quotidien de Violet Evergarden, ex-soldate sans émotion, Ainsi, elle explore différentes émotions issues des gens qu’elle rencontre. Mais son passé trouble la rattrape.



Critique :


Il existe des films qui sert le cœur avant même de les découvrir. Parce qu’ils sont déjà chargés d’histoire, entourés de tragédie sans le vouloir. Violet Evergarden, Éternité et la poupée de souvenirs automatiques fait partie de la liste. Spin-off de la série animée disponible sur Netflix, il sortira exceptionnellement dans quelques salles de cinéma à partir du 15 janvier, distribué par Eurozoom. Suite au succès de la série, le célèbre studio Kyoto Animation avait annoncé deux films qui lui ferait suite. Le studio est aimé pour son éthique, ses films poétiques, son animation détaillée et travaillée. C’était donc avec beaucoup d’émotion et le cœur serré que nous apprenions l’incendie qui a ravagé leurs locaux il y a quelques mois de cela, avec une trentaine de mort. Kyoto Animation était en pleine production du film qui nous intéresse ici, et c’est une chance, pour nous spectateur, de pouvoir le visionner. 



Le hasard fait bien les choses et la sortie de Violet Evergarden devient hautement symbolique au vu de la tragédie du studio et du sujet que traite l'oeuvre. La série parle de reconstruction après un traumatisme violent, d’analyser et comprendre les émotions comme l’amour et le chagrin pour pouvoir avancer. On ne peut pas faire plus à propos. Violet Evergarden, l'héroïne de la série et du film est une vétérante de guerre. Orpheline, elle est enrôlée à quatorze ans dans l’armée, au côté du major Gilbert. Violet Evergarden la suit au fil des épisodes dans sa reconstruction suite à la fin de la guerre. Physique, puisqu'elle a perdu ses deux bras, mentale parce qu’elle a pour but de comprendre les émotions humaines. Elle qui a été programmée pour la guerre, ne s'insère pas bien dans ce monde aux émotions complexes. Les mots ont plusieurs sens, le ton cache une émotion particulière, il lui faut apprendre l'ambiguïté humaine. Pour cela, elle décide de devenir poupée de souvenirs automatiques, c’est-à-dire, qu’elle doit écrire une lettre à la place de quelqu’un d’autre et mettre en mot ce qu’un client veut exprimer sans pouvoir l’écrire lui-même. Une lettre d’amour, d’adieu, de fiançailles, de dispute. Une façon pour Violet de rencontrer toutes sortes de personnages qui lui apportera un nouveau sentiment à analyser.




Le film se passe après la fin de la série, à un moment indéfini. Violet Evergarden, Éternité et la poupée de souvenirs automatiques est divisé en deux parties, qui se rejoignent de part leur personnage. La première nous emmène dans une école pour jeune fille, où Violet est envoyée pour préparer Lady Isabella York à son bal de débutante. Isabella est mal dégourdie, se fiche des bonnes manières et n’a qu’une envie : partir de cette école qu’elle qualifie de prison. D’abord réfractaire à Violet, qui paraît si parfaite, les deux jeunes filles vont lier un lien très fort et partager leur passé. Le spectateur finit par comprendre le comportement d’Isabella et partage l’empathie que lui propose Violet. Allant jusqu’au bout de la métaphore de prison, Isabella se transforme en princesse le temps d’un bal, tandis que Violet devient un chevalier (par sa tenue, mais aussi son comportement qui lui vaudra ce surnom de la part des autres écolières) venue la délivrer de sa condition. Isabella a perdu son libre arbitre sciemment et doit apprendre les manières d’une lady pour pouvoir se marier. Le sous-texte queer qui apparaît dans cette partie vient surement de notre occidentalité, mais reste intéressant et pertinent avec le récit. La deuxième partie prend un ton différent, l’on y voit une petite fille, Taylor, dont le rêve est de devenir postière. Orpheline, elle n’a pas appris à lire, ni à écrire. Violet et ses collègues vont se prendre d’affection pour cette petite, attachante et volontaire, et décident de l’aider au mieux. On ne peut que s’attacher à ces héroïnes, malgré les petits défauts du film.




Même si les deux parties sont inégales, l’écriture des personnages reste fine, dans la veine de la série. Violet, en véritable poupée de souvenirs automatiques, aide Isabella et Taylor à questionner leur place dans la société, à comprendre leurs émotions et surtout, à les écrire noir sur blanc. Grâce à l’art, elles gardent un lien fort, les mots étant un puit où elles peuvent trouver force et courage. Kyoto Animation est la preuve que l’art renaît toujours de ses cendres, la preuve que le cinéma, comme les lettres de Violet Evergarden, à la capacité d’analyser et transmettre les sentiments les plus complexes, et qu’il sera toujours là, qu’importe la gravité du chagrin.


Laura Enjolvy


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