[CRITIQUE] : Système K
Réalisateur : Renaud Barret
Acteurs : -
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
"Système K." comme Kinshasa. Au milieu de l’indescriptible chaos social et politique, une scène contemporaine bouillonnante crée à partir de rien, crie sa colère et rêve de reconnaissance.
Malgré le harcèlement des autorités et les difficultés personnelles des artistes, le mouvement envahit la rue et plus rien ne l’arrêtera !
Critique :
Porté par un B.O. démente, #SystemeK décrit avec force le désespoir de ces créateurs fantastiques de l'ombre et du quotidien, et plaide avec énergie en la faveur de l'indomptabilité enthouasiamante de leur impulsion créatrice et de leurs performances. Une (très) belle surprise. pic.twitter.com/AuQAlX41zI— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 15, 2020
La sagesse - plus ou moins - conventionnelle veut que chaque début d'année envoie méchamment du petit bois, un bénéfice à allouer sans l'ombre d'un doute, à une course aux statuettes à la qualité certes variantes, mais aussi et surtout à une (courte) absence de gros mastodontes Hollywoodiens qui ne tarderont pas à pointer le bout de leur nez friqué d'ici février, car s'il n'y a plus vraiment de saison d'un point de vue climatique, c'est également le cas dans les salles obscures tant l'été des blockbusters se fait de plus en plus printemps et même hiver.
Reste que janvier est donc un temps pour faire de vraies découvertes, tel le bien nommé Système K - K pour Kinshasa -, un documentaire dynamique et troublant sur un monde de l'art créatif et en pleine ébullition dans les rues de la fameuse capitale de la République démocratique du Congo.
Sans réelle ligne directrice, le metteur en scène Renaud Barret inscrit son film dans l'immédiateté la plus totale, plaçant sa caméra là ou la vie bouge (soit presque partout, filmant tout - ou presque - ce qui se présente face à lui, et qui relève de l'art, même dans sa forme la plus improbable et baroque.
Ce qui l'intéresse, plus que scruter les maux d'une société en détresse ou de montrer pleinement à l'écran les raisons profondes qui font du pays d'une véritable cocotte-minute ambulante (la pauvreté, l'oppression, une violence omniprésente,...), ce sont les artistes qui marquent le coeur des rues, des réponses engagées aussi bien créatives que diverses et variées (tenue d'astronaute, tableaux de fumée, sculptures avec des douilles usagées, baignoire qui roule,...), à un chaos constant et politiquement précaire.
Des hommes et des femmes qui bravent un danger réel (une utilisation de matériaux assurément toxiques en tête, voire même de sang animal...) et payent littéralement de leur personne, pour apporter un petit rayon de soleil dans la vie de leurs concitoyens, et même une certaine ouverture à l'art et à la culture qui leur est strictement impossible d'atteindre autrement.
Sans tambour ni trompette, mais avec une bande originale démente (mélange de musique afro, funk et électronique signé par le collectif KOKOKO !), Système K décrit avec force le désespoir de ces créateurs fantastiques de l'ombre et du quotidien, et plaide avec énergie en la faveur de l'indomptabilité enthouasiamante de leur impulsion créatrice et de leurs performances.
Un bel hommage pour une jolie surprise avec la passion follement communicative.
Jonathan Chevrier