[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #85. Ladyhawke
Photo by 20th Century Fox/Getty Images - © 2012 Getty Images |
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#85. Ladyhawke, La femme de la nuit de Richard Donner (1985)
Voilà près de cinq mois maintenant que la légende Rutger Hauer nous a définitivement quitté, et force est d'avouer que même si sa présence sur le petit et le grand écran, s'était considérablement reduite au cours de la dernière décennie, la pillule est toujours difficile a digérer.
Et elle le sera encore longtemps, tant le bonhomme est sans contestation possible, l'un des plus grands héros des bouffeurs de péloches que nous sommes, assez étrange quand on sait qu'il a majoritairement incarné des salopards à l'écran.
Mais son charisme animal couplé à un regard perçant et hypnotique, ont définitivement achevé dans faire un grand monsieur des 80's, capable de nous retourner les tripes sur quelques lignes de dialogues habitées, sous une pluie matinale...
Au milieu d'une bonne galerie de salopards magnifiques, le comédien hollandais va pourtant trouvé le rôle d'un vrai héros à sa (dé)mesure, devant la caméra d'un Richard Donner alors à l'apogée de son art, dans le merveilleux Ladyhawke, sommet de fable onirique singulière au réalisme aussi prégnant qu'élégant, sur la tragique union de deux amants maudits ensemble par un évêque jaloux et cruel (John Wood, magnifique crevure), mais séparés en même temps.
Photo by 20th Century Fox/Getty Images - © 2012 Getty Images |
Articulé autour d'une légende moyenâgeuse " modernisée " par Edward Khmara, gentiment lové entre la poésie épique et barbare d'Excalibur et la pointe de surnaturelle à fleur de glaive de Conan le Barbare (Robin des Bois, Prince des Voleurs suivra quelques temps plus tard, la même ligne directrice), mis en boîte à une heure ou l'héroïc fantasy signifiait encore quelque chose dans une salle obscure (une vérité que seul Peter Jackson, ne semble pas avoir oublié...), Ladyhawke suit l'amour impossible ou tout du moins contrarié parce qu'incomplète (frappée par le sceau du besoin insatiable mais quasiment irréalisable, de pouvoir réellement se retrouver), teinté d'un fantastique poétique enivrant : un homme (Navarre) et une femme (Isabeau) s'aiment mais suite à une terrible malédiction, le premier se transforme en loup la nuit tombée, tandis que la seconde se transforme elle en faucon une fois que le soleil se lève...
Une frustration viscérale et trouble, captée par un visage externe juvénile, égoïste et menteur mais attachant (Gaston/Matthew Broderick) - évitant alors tout sentimentalisme plombant -, que Donner met pleinement au centre du récit, sans pourtant rechigner à offrir à son auditoire, autant d'envolées crève-coeur (cette scène magique ou les deux héros bravent le mauvais sort en trompant les rayons du soleil, par le simple artifice d'un trou creusé dans le sol) que de vraies batailles homériques, emballées avec une mise en scène ample et dynamique et sublimé par la photographie solaire de Vittorio Storaro.
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Épuré mais flamboyant (les paysages montagneux , solidement incarné (un Rutger Hauer impérial rend parfaitement la réplique à une Michelle Pfeiffer littéralement à tomber en oiseau fragile) et faisant renaître l'espace de deux petites heures, le grand cinéma d'aventure des 50's (les merveilles de Richard Thorpe en tête), Ladyhawke est une grande oeuvre romanesque fascinante et envoûtante comme on en fait plus, un joyau éternel et inoubliable.
Jonathan Chevrier