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[CRITIQUE] : Klaus


Réalisateur : Sergio Pablos
Avec les voix de : Jason Schwartzman, Rashida Jones, J.K Simmons, Joan Cusack, ...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Espagnol, Américain
Durée : 1h38min

Synopsis :
Jesper, qui s'est distingué comme le pire élève de son école de facteurs, écope d'une mission sur une île enneigée, au nord du Cercle arctique. Là-bas, les habitants ne s'entendent pas et ne se parlent presque jamais. Autant dire qu'ils n'entretiennent pas non plus de correspondance ! Alors que Jesper est sur le point d'abandonner, il trouve une alliée en la personne d'Alva, l'institutrice de l'île, et fait la connaissance de Klaus, mystérieux menuisier qui vit seul dans son chalet regorgeant de jouets artisanaux. Grâce à ces relations amicales inattendues, la petite ville de Smeerensburg retrouve la joie de vivre. C'est ainsi que ses habitants découvrent la générosité entre voisins, les contes de fée et la tradition des chaussettes soigneusement accrochées à la cheminée pour Noël !



Critique :


Alors que les chaînes de télévision se sont mise en mode Noël depuis le 1er novembre avec les célèbres téléfilms de Noël (que nous regardons tous, il faut l’avouer), que les salles de cinéma s’y mettent également avec La Reine des Neiges 2 et bientôt Last Christmas, Netflix n’est pas en reste et a sorti son propre film d’animation, Klaus réalisé par Sergio Pablos. C’était avec une certaine émotion que le réalisateur était venu au festival d’Annecy cette année pour y présenter son film au Work in Progress, lui qui a porté ce projet pendant de longues années sans trouver de producteur. Disponible sur la plateforme Netflix depuis le 15 novembre, Klaus nous offre une parenthèse délicieuse et douce, avant la course effrénée aux cadeaux de Noël.



Une fois n’est pas coutume, commençons par parler de l’animation, qui vaut le détour. Délaissant les habitudes modernes, le film a été totalement dessiné à la main, ce qui donne un côté traditionnel au film, un côté “retro”, qui le rend encore plus touchant. Cette technique n’est pas gratuite, elle s’inscrit dans le propos du film, qui parle de tradition ancienne et du mythe du Père Noël. Pourtant, Klaus n’a pas d’aspect aplati, se compose de volume et de profondeur et se démarque par la qualité de sa lumière, qui donne des séquences magnifiques dans la forêt enneigée, lorsque le soleil éclaire la cime des arbres. La caractérisation des personnages est marquée visuellement : que ce soit le longiligne Jesper, personnage principal du film, de l'armoire à glace qu’est Klaus ou les joues rebondies d’une petite fille, Klaus est un régal visuel, grâce à nos techniques avancées tout en gardant un “cachet ancien” qui le rend unique en son genre. 


Le film est donc un retour sur comment le mythe du Père Noël (Santa Klaus en VO) a débuté. Par un jeune homme blond beaucoup trop privilégié, chose à laquelle nous ne nous y attendions pas. Jesper est le fils du directeur des Postes. Postier n’est pas un job à prendre à la légère, Pablos nous montre une véritable organisation militaire qui demande précision et méthode, deux qualités que ne possède pas Jesper. Ce personnage prend ses privilèges d’homme riche pour acquis et pense qu’il ne devra jamais travailler de sa vie. Son père n’est pas de cet avis. Pour le punir, il l’envoie au bureau de poste de Smeerensburg et le met au défi d’envoyer six mille lettres s’il veut revoir son confort un jour. Mais cette ville, cachée dans le cercle arctique, n’a pas l’habitude d’envoyer des lettres, trop occupée à entretenir une vieille rancune entre deux familles : les Ellingboe et les Krum. Jesper, qui ne fait que se plaindre, va trouver une solution : demander aux enfants d’envoyer une lettre à Mr Klaus, un vieil homme habitant loin dans la forêt, seul, avec une cabane remplie de jouet. 


Les deux hommes si différents, le bavard Jesper et le silencieux Klaus, vont commencer à distribuer ces cadeaux à des enfants qui ne connaissent que la guerre et la bagarre. Partant d’un motif très égoïste, Jesper va se rendre compte des changements qu’il crée par cet acte. Nous avons affaire à une origin story à l’échelle humaine, très loin du mythe d’un Santa Klaus inatteignable. Klaus a connu le deuil, la solitude et voit sa vie bouleversée par un petit homme trop bavard et exubérant. Même si le propos est simple, que les situations sont parfois naïves, Klaus est imprégné d’une magie de Noël et a le bon goût de ne pas trop en faire. C’est cette délicatesse de ton, entre un récit parfois réaliste avec ce froid glacial, cette querelle vengeresse d’adulte à laquelle participe les enfants sans trop la comprendre et le surnaturel, par petite couche qui donnent à ce film ce côté si touchant. Une émotion ténue, qui n’en fait pas trop, pour mieux nous bouleverser avec sa scène de fin.



Klaus est un conte de Noël sensible et bienveillant. S’il n’est pas exempt de défauts, nous préférons les mettre de côté, pour mieux profiter de sa qualité d’animation, qui réunira petits et grands.


Laura Enjolvy