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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #37. The Mask of Zorro

© 1998 Amblin/Columbia-Tri-Star


Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 ! 




#37. Le Masque de Zorro de Martin Campbell (1998)

Force est d'avouer qu'au coeur des nombreux blockbusters familiaux des années 90, Le Masque de Zorro du yes man Martin Campbell, a une place de choix dans la psyché des cinéphiles, une oeuvre profondément nostalgique qui avait tout pour être un four monumental sur le papier - voire une oeuvre totalement indéfendable -, mais qui, in fine, aura su déjouer toutes les craintes à son encontre avec une habileté étonnante... et ce n'était pas gagné.
Remettre sur le devant de la scène un personnage culte incarné pour la première fois dans des films muets de Douglas Fairbanks Sr, puis révolutionné à la télévision dans les 50's par Guy Williams, dans une adaptation qui n'en est pas réellement une, cornaquée par un cinéaste qui venait de se prendre les pieds dans le tapis peu de temps auparavant, en voulant démythifier un héros aux aventures beaucoup trop ambitieuses pour lui (007 via le très moyen GoldenEye, dont on garde un bon souvenir uniquement grâce au jeu N64); autant l'avouer que ce n'était absolument pas gagner.

© 1998 Amblin/Columbia-Tri-Star

Et pourtant, la magie opèrait avec une malice insoupçonnée, un cocktail détonnant d'humour, de dynamisme et de combats à l'épée, couplé à une iconisation hollywoodienne flamboyante (rappelant les grandes heures de l'âge d'or des films d'aventures made in USA) et une imagerie latine picaresque à souhait, ressuscitant avec brio la figure du justicier masqué quelques années avant que les super-héros ne viennent vampiriser le débat (parfois pour le meilleur, souvent pour le pire).
En ce sens, Campbell réussissait là où il avait tout manqué dans GoldenEye (il retiendra les leçons de son échec pour le fantastique Casino Royale, mais les oubliera honteusement quelques temps auparavant, pour la suite justement de son Zorro... va comprendre), sublimant l'image et la légende de Zorro tout en la pervertissant juste ce qu'il faut (ce n'est plus Don Diego de La Vega qui est le célèbre justicier masqué, mais bien un élève qu'il forme dans une relation maitre/élève qui ressemble à celle entre MacLeod et Ramirez dans Highlander), pour la rendre suffisamment rafraîchissante et moderne pour parler à tous les publics, même les puristes de la première heure absolument pas trahis par le film (l'hommage est respectueux et le panache de la série est bel et bien toujours là).
Une vraie oeuvre " à l'ancienne ", amusante sans insulter sa propre intelligence et celle de son auditoire, filmé dans le dur (des cascades minutieuses et spectaculaires, des démonstrations virtuoses d'équitation dans des décors dépaysant et somptueux) et parsemée de sentiments rares et nobles : le sens de la justice et, surtout, de l'honneur, aussi bien derrière la caméra que devant, avec des personnages prenant parti dans le bien comme dans le mal, et réglant leurs dettes de sang même à travers les générations.

© 1998 Amblin/Columbia-Tri-Star

Porté par une écriture qui respecte ses personnages et les liens qui les unissent, ainsi qu'un casting totalement voué à sa cause, à la dynamique de duo absolument génial, que ce soit celui d'Anthony Hopkins et Antonio Banderas où celui, surtout, entre Banderas Catherine Zeta-Jones, à l'alchimie fiévreuse (ils partagent quelques-unes des meilleurs scènes du métrage, dont un vrai/faux duel à mort qui se clôt par une belle étreinte surprise magnifiant la beauté incandescente de la comédienne galloise), Le Masque de Zorro est tout simplement une démonstration sur pellicule du savoir-faire traditionnel, témoin d'une époque où la technique était placé au service de l'histoire, et non l'inverse.
Dommage que sa suite elle, La Légende de Zorro, ne suive pas cette belle et jouissive ligne directrice en se vautrant par excès de prétention, dans un vaudeville bas du front faisant justement de la légende du justicier masqué, une mascarade Hollywoodienne douteuse et indigne.
Vivement le reboot (non), annoncé depuis plus d'une décennie maintenant...


Jonathan Chevrier