[CRITIQUE] : Port Authority
Réalisatrice : Danielle Lessovitz
Acteurs : Fionn Whitehead, Leyna Bloom, McCaul Lombardi, Louisa Krause, Eddie Plaza, ...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Américain
Durée : 1h42min
Synopsis :
C’est l’histoire d’une rencontre, entre un jeune homme blanc qu’on prend pour un loser et qui tente de survivre dans un New York qui ne vet pas de lui, et une « famille » de danseurs noirs et queer de Harlem adeptes du « voguing ». Parmi eux, il y a une fille superbe. Mais voilà, elle n’est pas seulement une fille superbe.
Critique :
Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Danielle Lessovitz nous fait plonger tête la première dans le monde des ballroom new-yorkais. Comme de nombreuses personnes, Lessovitz a tout appris grâce au documentaire Paris is burning de Jennie Livingston. Une culture queer, afro-américaine, à l’origine du voguing, une danse énergique qui reprend les poses des mannequins du magazine Vogue. C’est par cette danse que Port Authority commence (nom du terminal de bus de Manhattan). S’il existe un lieu où la diversité règne, c’est bien une gare. Paul attend, fume sa cigarette et son regard se pose sur un groupe de danseurs. Ils rient, dansent, mais sont terriblement éloignés de son monde. Ils partent donc et il n'y avait que peu de chance que Paul les recroise un jour. C’est pourtant se qu’il va arriver.
Beaucoup de films avec un personnage transgenre ont un récit initiatique. Un voyage dur, violent pour leur permettre enfin de s’affirmer, d’être dans leur vérité. Port Authority n’ira finalement jamais s'engouffrer dans ce trope et le prend de revers. Si récit initiatique il y a, ce sera du côté de Paul. Jeune homme blanc, il débarque à New-York et il est saisi par son immensité, sa violence. Lee le sauve et le prend sous son aile, dans un élan de générosité. Dormant dans un centre d’accueil exclusivement masculin, il va vite se retrouver dans une ambiance boys club : “nous aimons les femmes et ne sommes surtout pas homo”. Pourtant, Paul est vite mal à l’aise. Pendant que les gars profitent de femmes lourdement alcoolisés, il préfère s’enfuir. Par un concours de circonstance, en suivant un des hommes du centre, il entre dans une compétition de ballroom et retrouve le groupe de la gare. Dedans, se trouve Wye. Paul va en tomber éperdument amoureux.
Le synopsis ne l’a pas caché aux spectateurs et si vous êtes un adepte de la culture ballroom, cela n’est encore moins étonnant que Wye est une femme trans. Paul le découvre par hasard, pendant un de ses shows. Tout tendait à en faire la scène clef du film, la remise en question de leur amour, tel un drame à la Roméo & Juliette moderne. Port Authority a l’intelligence justement de ne pas aller de ce côté là. Si leur couple subit un choc, ce sera au moment où Wye découvrira que Paul n’a fait que lui mentir. Qu’il n’est pas prêt à l’assumer, elle, devant ses amis. Elle ne lui avait pas fait son coming-out car elle pensait ne pas en avoir besoin, dans son monde. “Ouvre les yeux, regarde autour de toi” lui dit-elle après la “révélation” dans un ballroom. Leur couple ne posera pas problème à cause de la transidentité de Wye, mais bel et bien à cause du comportement de Paul, qui absorbe tout ce qui peut avoir de toxique dans cette fameuse “virilité masculine”.
Choisissant une mise en scène plutôt intimiste, Danielle Lessovitz n’hésite pas à filmer ces corps qui dansent au plus près, les suivant quand il plonge au sol. Nous verrons peu New-York et les ballrooms, car elle privilégie les longues focales et les détails. Mais la réalisatrice peine à se démarquer. Si quelques idées sont excellentes (montrer l’appartenance amoureuse ou culturelle par des objets comme des patchs de nicotines ou des paillettes), son récit reste convenu. Le jeune homme en quête d’identité, qui finit par comprendre que pour être accepter il faut d'abord s'accepter soi-même, le rapport manichéen entre la communauté LGBT et les hommes du centre d’accueil (tous plus homophobes et machistes les uns que les autres), la famille de Wye soudée, celle éclatée de Paul … Tout cela semble un peu facile.
Port Authority est ponctuée de petits moments comme ceux-ci, où la naïveté qui en ressort sied mal au propos que veut véhiculer la réalisatrice.
Si le film a l’audace de ne pas nous emmener là où on l’attendait, il reste beaucoup trop convenu, avec un récit très simpliste pour être parfaitement réussi.
Laura Enjolvy
C’est l’histoire d’une rencontre, entre un jeune homme blanc qu’on prend pour un loser et qui tente de survivre dans un New York qui ne vet pas de lui, et une « famille » de danseurs noirs et queer de Harlem adeptes du « voguing ». Parmi eux, il y a une fille superbe. Mais voilà, elle n’est pas seulement une fille superbe.
Critique :
Beau drame intimiste même si un peu trop convenu sur certains points pour marquer et être pleinement réussi, #PortAuthority a de tout son long, le bon ton et l’audace de ne pas nous emmener là où on l’attendait (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/UrRPX7Rcgg— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 26, 2019
Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Danielle Lessovitz nous fait plonger tête la première dans le monde des ballroom new-yorkais. Comme de nombreuses personnes, Lessovitz a tout appris grâce au documentaire Paris is burning de Jennie Livingston. Une culture queer, afro-américaine, à l’origine du voguing, une danse énergique qui reprend les poses des mannequins du magazine Vogue. C’est par cette danse que Port Authority commence (nom du terminal de bus de Manhattan). S’il existe un lieu où la diversité règne, c’est bien une gare. Paul attend, fume sa cigarette et son regard se pose sur un groupe de danseurs. Ils rient, dansent, mais sont terriblement éloignés de son monde. Ils partent donc et il n'y avait que peu de chance que Paul les recroise un jour. C’est pourtant se qu’il va arriver.
Beaucoup de films avec un personnage transgenre ont un récit initiatique. Un voyage dur, violent pour leur permettre enfin de s’affirmer, d’être dans leur vérité. Port Authority n’ira finalement jamais s'engouffrer dans ce trope et le prend de revers. Si récit initiatique il y a, ce sera du côté de Paul. Jeune homme blanc, il débarque à New-York et il est saisi par son immensité, sa violence. Lee le sauve et le prend sous son aile, dans un élan de générosité. Dormant dans un centre d’accueil exclusivement masculin, il va vite se retrouver dans une ambiance boys club : “nous aimons les femmes et ne sommes surtout pas homo”. Pourtant, Paul est vite mal à l’aise. Pendant que les gars profitent de femmes lourdement alcoolisés, il préfère s’enfuir. Par un concours de circonstance, en suivant un des hommes du centre, il entre dans une compétition de ballroom et retrouve le groupe de la gare. Dedans, se trouve Wye. Paul va en tomber éperdument amoureux.
Le synopsis ne l’a pas caché aux spectateurs et si vous êtes un adepte de la culture ballroom, cela n’est encore moins étonnant que Wye est une femme trans. Paul le découvre par hasard, pendant un de ses shows. Tout tendait à en faire la scène clef du film, la remise en question de leur amour, tel un drame à la Roméo & Juliette moderne. Port Authority a l’intelligence justement de ne pas aller de ce côté là. Si leur couple subit un choc, ce sera au moment où Wye découvrira que Paul n’a fait que lui mentir. Qu’il n’est pas prêt à l’assumer, elle, devant ses amis. Elle ne lui avait pas fait son coming-out car elle pensait ne pas en avoir besoin, dans son monde. “Ouvre les yeux, regarde autour de toi” lui dit-elle après la “révélation” dans un ballroom. Leur couple ne posera pas problème à cause de la transidentité de Wye, mais bel et bien à cause du comportement de Paul, qui absorbe tout ce qui peut avoir de toxique dans cette fameuse “virilité masculine”.
Choisissant une mise en scène plutôt intimiste, Danielle Lessovitz n’hésite pas à filmer ces corps qui dansent au plus près, les suivant quand il plonge au sol. Nous verrons peu New-York et les ballrooms, car elle privilégie les longues focales et les détails. Mais la réalisatrice peine à se démarquer. Si quelques idées sont excellentes (montrer l’appartenance amoureuse ou culturelle par des objets comme des patchs de nicotines ou des paillettes), son récit reste convenu. Le jeune homme en quête d’identité, qui finit par comprendre que pour être accepter il faut d'abord s'accepter soi-même, le rapport manichéen entre la communauté LGBT et les hommes du centre d’accueil (tous plus homophobes et machistes les uns que les autres), la famille de Wye soudée, celle éclatée de Paul … Tout cela semble un peu facile.
Port Authority est ponctuée de petits moments comme ceux-ci, où la naïveté qui en ressort sied mal au propos que veut véhiculer la réalisatrice.
Si le film a l’audace de ne pas nous emmener là où on l’attendait, il reste beaucoup trop convenu, avec un récit très simpliste pour être parfaitement réussi.
Laura Enjolvy