[FUCKING SERIES] : Orange is The New Black saison 7 : Goodbye and thank you Litchfield
(Critique - avec spoilers - de la saison 7)
On peut l'affirmer, sans trop se tromper, que le phénomène de binge-watching promu et soutenu par Netflix, est sensiblement né avec les merveilleuses femmes de Litchfield, même s'il a su se pérenniser par la suite et que, surtout, il saura leur survivre tant leur temps est désormais révolu, après sept saisons à la qualité diverse, mais qui n'ont jamais remis en cause le statut de pionnière de la série : jamais avant Orange is The New Black, un show avait prit comme héroïnes un kaléidoscope aussi imposant de femmes brassant toutes les origines et genres possibles, pour leur offrir, même le temps d'un simple épisode, la vedette.
Un show qui offrait une représentation équitable, entre humour et drame, sous couvert d'une observation du monde en mode hyperphagie - mais pas sans intelligence -, et qui avait sensiblement su déjouer la satiété de notre consommation télévisée, habituée aux rendez-vous hebdomadaires.
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Si la précédente salve d'épisodes nous avait gentiment réconciliée avec la creation de Jenji Kohan, en confrontant Piper, Taystee et les autres à la dureté d'une prison de haute sécurité et de la guerre entre deux blocs, non sans quelques heurts douloureux (Taystee qui se voit condamné à perpétuité pour la mort de Piscatella en tête), la nouvelle et ultime saison, continue sur ce ton volontairement doux-amer pour clore plus ou moins en beauté, une série dont les faiblesses se faisaient de plus en plus sentir, et qui, à force d'être trop ambitieuse sur certains points, avait la fâcheuse habitude de souvent marcher sur ses lacets.
Remettant l'église au milieu du village après avoir gentiment bazardé une bonne partie des persos les plus attachants de la bande - la majorité des filles reviennent faire un dernier coucou -, la saison 7 marche d'un pas assuré, ne se perd pas dans la pourtant tentante " saison goodbye " et se focalise habilement une dernière fois sur les dernières reines de Litchfield : la jadis flippante Pennsatucky, devenu (très) attachante avec le temps et au fil des galères (elle tente aujourd'hui de faire quelque chose d'important et de devenir diplômée), Piper, le " cheval de Troie " du spectateur (mariée à Alex, elle doit désormais faire avec la vie en probation), la merveilleuse Taystee (qui se lance dans un combat sisyphéen contre l'injustice de sa peine), Suzanne (qui remet totalement en question, sa place en prison) ou encore Daya, nouvelle boss in town (en mode top dog de la chaîne alimentaire, pas aussi froide qu'elle le laisse penser) et Gloria (qui, après avoir joué les mamans aimants tout comme Red, a enfin droit à une fin heureuse).
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Pointant toujours du bout de la caméra, les dérives abusives du système (la bureaucratie labyrinthique qui plombe les prisonniers une fois dehors, le centre d'immigrés, encore plus cruel que la prison en elle-même,...) malgré un certain optimisme totalement inattendu (la prise de fonction de Ward donne un peu le change à la corruption des gardiens), tout en restant pleinement dans l'actualité (#MeToo, avec l'épisode réfléchi et ouvert, centré sur le harcèlement professionnel impliquant Joe Caputo, le privilège des blancs tant Black Cindy, dans le même cas que Piper, n'est pas logé à la même enseigne,...), OITNB garde le cap, reste fidèle à elle-même et s'offre un final à la hauteur de ce qu'elle a toujours été : une capture fugace, aussi futile qu'attachante et réaliste, de femmes qui, une fois les caméras parties, continueront leurs (sur)vies.
Des femmes à qui rien n'a été épargné, mais qui savent que chaque jour est un autre jour, et c'est justement assez dur de leur dire adieu, même s'il était temps de le faire... depuis un bon moment déjà.
Jonathan Chevrier