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[CRITIQUE] : Vif-Argent


Réalisateur : Stéphane Batut
Acteurs : Thimotée Robart, Judith Chemla, Djolof Mbengue,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Fantastique, Romance, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h46min.

Synopsis :
Juste erre dans Paris à la recherche de personnes qu’il est seul à voir. Il recueille leur dernier souvenir avant de les faire passer dans l’autre monde. Un jour, une jeune femme, Agathe, le reconnaît. Elle est vivante, lui est un fantôme. Comment pourront-ils s’aimer, saisir cette deuxième chance ?



Critique :


Qu'ils soient d'une flamboyante réussite ou proprement insipides, les premières réalisations sont toujours plus ou moins frappés par le sceau rafraîchissant de la nouveauté, de cette petite excitation face à la possibilité de découvrir l'un des potentiels grands cinéastes de demain.
Et justement, passé la symphonie rutilante et en prout majeur de divertissements US ne répondant pas forcément à toutes les attentes de tout bon été des blockbusters qui se respecte, le cinéma FR dégaine habilement ses deux plus belles jeunes cartouches juste avant que la rentrée ne pointe définitivement le bout de son nez, deux premiers films qui méritent pleinement qu'on leur porte un intérêt certain : Perdrix d'Erwan Le Duc, comédie aussi mélancolique que barrée, qui dynamite dans les grandes largeurs le genre ultra-codifié de la romcom, quelques mois après Mon Inconnue d'Hugo Félin et... Vif-Argent, premier passage derrière la caméra du réputé directeur de casting Stéphane Batut, et de loin l'une des productions hexagonales les plus ambitieuses du moment.



Rappelant le lyrisme formidable du récent A Ghost Story de David Lowery, qui lui aussi théorisait - avec plus d'adresse il est vrai - sur la solitude face à la perte des êtres aimés, et articulé autour d'une relecture d'Orphée et d'une romance pleine de grâce mais impossible entre un fantôme, Juste (qui a la faculté de voir les morts et de recueillir leurs ultimes souvenirs avant de les guider vers l'autre monde) et Agathe (bien vivante, et qui voit en lui un amour d'autre fois), la péloche est une errance intrigante et poétique dans les rues nocturnes de la capitale - filmée avec passion -, transpirant l'amour du cinéma de tous les pores de sa pellicule.
Très généreux dans ses effets, trop sans doute tant son récit est parsemé de séquences dispensables et d'un penchant pour un symbolisme chargé qui l'est tout autant, assumant tout du long sa singularité profonde et son entre-deux déroutant (entre la comédie romantico-tragique et la bande fantastique épurée et onirique), le film intrigue, irrite et ne laisse décemment pas différent, autant dans ses qualités que des défauts.
Porté par les maladresses évidentes mais pleine de charme des premiers essais (la mise en scène, un scénario qui ne laisse pas assez respirer ses personnages,...), qui ne le prive pas pourtant de belles fulgurances, sans doute bien trop long pour que son émotion impacte réellement son auditoire (dommage tant la notion de seconde chance en amour, est furieusement universelle), Vif-Argent n'en reste pas moins furieusement défendable dans sa mélancolie poétique et son envie de se démarquer du tout commun, mais surtout dans son désir de retranscrire coûte que coûte sa croyance en un lyrisme grandissant - quitte à flirter avec le ridicule plus d'une fois - à mesure que les bobines défilent.



Une petite surprise, à la sincérité palpable, qui a le mérite de nous faire découvrir l'univers d'un wannabe cinéaste prometteur, et la partition lumineuse de la révélation Thimotée Robart, que l'on aimerait déjà vite revoir dans une salle obscure...


Jonathan Chevrier



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