[CRITIQUE] : Aladdin
Réalisateur : Guy Ritchie
Avec : Will Smith, Mena Assoud, Naomi Harris, Marwan Kenzari,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget :-
Genre : Aventure, Fantastique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h09min
Synopsis :
Quand un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin cherche à conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine, il fait appel au tout puissant Génie, le seul qui puisse lui permettre de réaliser trois vœux, dont celui de devenir le prince Ali pour mieux accéder au palais…
Critique :
Blockbuster d'aventure familial dans ce qu'il a de + divertissant et indéfendable à la fois, #Aladdin, malgré quelques bons points (l'écriture de Jasmine, Will Smith, le score de Menken), ne légitime jamais vraiment sa relecture live et incarne une séance charmante mais oubliable pic.twitter.com/9UtzwIqssu— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 22 mai 2019
Dans la catégorie des péloches que l'on attendait avec une furieuse impatience pour les sabrer comme il se doit, le live-action Aladdin de Guy Ritchie se posait bien là, tant il semblait cocher toutes les cases de la péloche prétexte sapant méchamment un monument de nos enfances.
Vouloir adapter sur grand écran le merveilleux film d'animation de John Musker et Ron Clements (sans doute l'un, si ce n'est LE meilleur Disney ever) est une chose, mais pomper aveuglément et sans le moindre respect, toute la magie d'une oeuvre phare pour continuer à glaner du billet vert en masse plus que de raison - Disney est déjà number one au B.O. 2019, sans forcer -, en était une autre décemment moins défendable, même avec le génial papa de Snatch à sa barre.
Faisant redouter le pire dès sa mise en route (comme Le Roi Lion, il n'était pas fait pour une version live), avant de confirmer toutes les craintes qu'il avait pu susciter via une campagne promotionnelle férocement maladroite, le remake live d'Aladdin partait on ne peut plus mal, et la légitimité de sa relecture ne semblait jamais vraiment s'imposer d'elle-même.
Après vision, le constat est identique, impossible de déceler la moindre valeur ajoutée dans cette mise en images sur grand signé par un Guy Ritchie ayant gentiment laissé son mojo et tout le sel de son cinéma au vestiaire (sa caméra frénétique n'aurait pourtant pas fait de mal au film), même s'il est évident qu'en reprenant une histoire connue avec un minimum d'énergie, il s'assurerait de l'adhésion d'une bonne partie de son auditoire.
Car même s'il ne révolutionne rien ou presque (quelques détails dans l'histoire, anecdotiques, et le final qui n'a plus rien à voir), cette version live s'avère joliment dynamique et pimpante pour séduire les spectateurs moins exigeant.
En revanche, pour les aficionados du film de 1992, la soupe est bien moins digeste, entre des séquences musicales loin d'être aussi flamboyantes (même si certaines font leur petit effet), des personnages croqués à la truelle quand ils ne sont pas laissés de côté (Iago ne sert plus à rien, exit le duo génial Tapis/Abu, le sultan est encore plus inutile et mal écrit que dans le film d'animation), des effets spéciaux pas toujours maîtrisés ou encore un charme naturel et féerique qui s'est littéralement échappé de la lampe en cours de route.
Dommage, car en troquant l'aspect totalement terrifiant et sournois du Jafar original, pour en faire un miroir étonnant d'Aladdin en ancien voleur bouffé par la rage de vouloir grimper les échelons de la hiérarchie sociale et de se payer ainsi une vraie revanche sur la vie, ce remake avait l'opportunité de partir sur un terrain totalement inédit et... légitime, un comble quand on sait que le film est centré sur un voleur, et que son cinéaste est justement habitué à sublimer les aventures de gangsters et criminels en tous genre sur grand écran.
Reste que tout n'est pas à jeter pour autant du côté du script, puisque la péloche a tout de même le bon goût de faire Jasmine - sublime Naomi Scott - une vraie héroïne moderne (même si son introduction en mode voleuse au grand coeur, est aussi ridicule que maladroite) qui n'a pas besoin des hommes ni d'Aladdin pour exister (très bonne idée d'en faire le nouveau sultan à la fin), mais aussi et surtout de faire totalement confiance à Will Smith devant la caméra, dans la peau bleue du Génie.
Totalement habité et marchant judicieusement loin des pas de feu Robin Williams, le Will assure (moins dans les passages en bleu, pas aidé par des CGI horribles), et concocte un génie à son image : un vrai showman drôle et attachant, au sens du rythme sans égal, certes un peu limité par les moyens techniques, mais pas moins génialement cartoonesque.
Blockbuster d'aventure familial et grandilocquent dans ce qu'il a de plus spectaculaire (les décors sont somptueux et réellement dépaysant, le score d'Alan Menken est formidable) et indéfendable à la fois, tel un Prince of Persia bis qui se perd dans un final fourre-tout pompant gentiment le vénéré Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne du roi Spielberg, Aladdin sauce 2019 n'a strictement rien ou presque dans sa besace pour tenter de concurrencer l'oeuvre originale et savoureusement cartoonesque de John Musker et Ron Clements, qui n'en paraît au final que plus belle et imposante en comparaison, autant dans son écriture que dans son esthétique et les sentiments bouleversants qu'elle véhicule.
On rejoue la carte de la plainte nostalgique (et notre section scrupuleusement axée sur le cinéma des années 80 l'atteste clairement), mais merde, c'était quand-même bien mieux avant...
Jonathan Chevrier