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[CRITIQUE] : Border



Réalisateur : Ali Abassi
Acteurs : Eva Melander, Eero Milonoff, Jörgen Thorsson, Viktor Åkerblom, ...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique
Nationalité : Suédois, Danois
Durée : 1h41min

Synopsis :
Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C'est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d'apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l'épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui…



Critique :


Personne n’est préparé à voir Border. Un mélange fascinant de romance, de surnaturelle, de polar nordique, qui a gagné le prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018. Il défie les codes du genre, basé sur un récit du célèbre écrivain suédois John Ajvide Lindqvist, également co-scénariste ici, avec le réalisateur Ali Abbasi et Isabella Eklof. Féru de roman horrifique et fantastique, le nom de Lindqvist vous dit forcément quelque chose. Laisse-moi entrer, son roman le plus connu a fait un carton planétaire, et a eu droit à deux adaptations. Une suédoise, Morse en 2008, l’autre américaine réalisé par Matt Reeves en 2010 avec Chloë Grace Moretz. Le monsieur sait donc de quoi il parle en matière de fantastique.


Il est rare de voir un personnage comme Tina au cinéma. Visage boursouflé, nez large, dents proéminentes, joues tachées et poilues la font paraître bestiale, sous-humaine. Cependant, elle excelle dans son boulot. Douanière au port, elle tombe toujours juste dans l’arrestation de malfaiteurs. Tout cela grâce à son odorat très développé, qui lui permet de sentir la peur, la honte, la culpabilité et la méchanceté. Elle est si douée, que le police décide de faire appel à ses services pour déjouer une organisation de pornographie pédophile, dans une sous-intrigue. Elle a une relation très intime avec la nature et les animaux, se promenant pieds nus dans la forêt qui borde sa maison, bienveillante avec les insectes, les animaux sauvages. Ces passages sont saisissant de beauté et de calme. Si les animaux semblent aimer sa présence, il n’en est rien du côté des humains. Ils la regardent comme une bête de foire, la fuient ou se servent d’elle, comme son compagnon Roland. Une relation ambiguë les lie. Lui ne s’intéresse qu’à ses chiens de compétition et semble la tromper ouvertement, mais Tina s’en contente, préférant être mal accompagnée que seule.


Un beau jour, Tina arrête Vore, un homme qui lui ressemble étrangement. Elle sent qu’il cache quelque chose, mais elle ne sait pas quoi. Et surtout, elle ressent une attraction intense envers lui. Sous ses traits, Tina y trouve un compagnon qui la comprend et la complète. Il va lui ouvrir des horizons inattendus et surtout lui apprendre ce qu’elle est réellement. Border mélange habilement la réalité avec le folklore nordique. Abordant à la fois le thème d’une société malade et gangrenée par le mal, le film confronte le surnaturelle d’une manière brutale, presque d’une absurdité rigolote, qui n’est sans doute pas voulue par le réalisateur. Cela dit, le film reste captivant, surtout grâce aux prestations des deux acteurs principaux, sous de lourds masques nécessitant quatre heures de maquillages. Eva Melander arrive à exprimer quand même une large palette d’émotion malgré le maquillage, projetant un mal être profond et une haine de soi qui transpirent de toutes les parties de son corps.


Conte nordique, subtil mélange de laideur, de noirceur réaliste et d’une poésie magique et sensorielle, Border ne vous laissera pas indemne tant il bouscule les conventions et le carcan des productions audiovisuelles dont nous avons l’habitude. On ne peut que vous encourager à le voir.


Laura Enjolvy


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