[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #22. Semaine du 11 au 17 novembre
Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 11 Novembre au 17 Novembre
Dimanche 11 Novembre.
La Cité de la peur de Alain Berbérian sur France4.
Odile Deray, attachée de presse, vient au Festival de Cannes pour présenter le film « Red is Dead ». Le film est si mauvais que personne ne souhaite en parler. Mais, lorsque les projectionnistes du long-métrage en question meurent dans d’étranges conditions, le film bénéficie d’une incroyable publicité. Serge Karamazov est alors chargé de protéger le nouveau projectionniste du film…
Réalisé par Alain Berbérian, La Cité de la peur doit sa notoriété à ses scénaristes, Les Nuls (Alain Chabbat, Chantal Lauby et Dominique Farrugia). Aboutissement des années canal, on pourrait dire de ce premier film qu’il est un maxi best of de l’humour du trio, mais cela serait plutôt réducteur. En effet, sous ses faux airs de comédie familiale, La Cité de la Peur est tout un OVNI dans le paysage du cinéma français, un condensé d’humour absurde très anglo-saxon (on pense forcément aux Monty Python). La force de ce long-métrage réside d’une part dans les dialogues cultes, mais surtout dans le vaste spectre de ses gags. Qu’ils soient parodiques, visuels, scatophiles ou tiennent du running gags, rien n’est interdit pour provoquer chez le spectateur une avalanche de rires.
Lundi 12 Novembre.
Forrest Gump de Robert Zemeckis sur TMC.
Assis sur son banc, Forrest Gump raconte son histoire aux étrangers qui passent. De son enfance, mis à l’écart des enfants de son âge à cause de ses handicaps mentaux et physiques à ses nombreux exploits. Champion de football américain, soldat durant la guerre du Viêt Nam puis champion de ping-pong, marathonien, sa vie est aussi folle que l’est l’Histoire américain.
Il existe autour de Robert Zemeckis un drôle de paradoxe, voici un cinéaste ayant marqué durablement la pop culture, mais qui reste pourtant largement méconnus. Donc, oui, Forrest Gump c’est lui, mais la trilogie Retour Vers le Futur c’est lui aussi, Qui veut la peau de Roger Rabbit, Seul au Monde ou encore Le Pôle Express c’est lui également. Mais revenons sur Forrest Gump, un film qui résume toutes les aspirations du cinéma de Zemeckis, l’émerveillement. Ambitieux dans sa forme autant que dans son fond, le long-métrage bénéficie d’une sublime interprétation de la part de Tom Hanks et de la puissance visuelle du cinéaste. Si l’on pourrait craindre une sensation de film guimauve il n’en est rien. Forrest Gump est attendrissant, mais le regard de Zemeckis sur la société qui évolue autour de son personnage n’a rien de sa candeur, il y montre une époque allant trop vite ou le futile l’emporte sur le nécessaire.
Jeudi 15 Novembre.
Miami Vice de Michael Mann sur France4.
Deux agents fédéraux et la famille d’un informateur ont été sauvagement exécutés. Sonny Crockett et son coéquipier Ricardo Tubbs sont chargés de l’enquête, ils ont une certitude, la fuite qui a permis ce massacre provenait des sommets de la hiérarchie…
Ceux qui attendaient une gentille adaptation de la série originelle des 80’s -produite par Mann- vont être déçus. Œuvre radicale, en totale opposition avec son support d’origine, le cinéaste américain réimplante ses personnages dans un contexte bien plus ambitieux. Le cinéaste s’amuse à juxtaposer les ambiances, les espaces, désorienté pour mieux désosser Miami et en extirper les vices. Au milieu de cette violence brute et de cette obscurité toute Mannienne se cache l’autre face du cinéaste, la mélancolie de la nuit, le désir et l’amour, mais surtout quelques instants de pure beauté comme lors d’une escapade à La Havane.
Thibaut Ciavarella