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[CRITIQUE] : Frères Ennemis


Réalisateur : David Oelhoffen
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Reda Kateb, Sabrina Ouazani,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Policier.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Manuel et Driss ont grandi comme deux frères inséparables dans la même cité. Mais aujourd’hui tout les oppose. Manuel est à la tête d’un trafic de drogue, alors que Driss est devenu flic. Quand celui-ci est promu aux Stups, son retour bouleverse les équilibres et met Manuel en danger.



Critique :


On avait laissé le polar français dans un état presque second, après l'expérience mitigée - pour être poli - Fleuve Noir d'Erick Zonca, qui avait tout pourtant, pour sortir le genre du marasme d'une " Marchalisation " forcée encore cruellement collée en travers de sa chaussre mal cirée, ou même d'une " Takenisation " à outrance concoctée par une Europa Corp usant jusqu'à l'os le moindre de ses concepts un minimum fédérateur.
Un genre à l'identité encore trouble donc, mais dont le changement est proche, si tenté bien sur, que des cinéastes un minimum impliqué (on pense, au-delà de la figure tutélaire d'Audiard et de son Prophète, aux talentueux Fred Cavayé, Frédéric Tellier ou encore Eric Valette) puisse avoir les moyens de lui redonner ses lettres de noblesses.
Mais les bonnes surprises, balancées hors des radars entre quelques grosses sorties souvent ricaines, peuvent toujours subtilement pointer le bout de leur nez, et Frères Ennemis de David Oelhoffen, est décemment de cette trempe, lui qui est dominé par deux des comédiens les plus brillants de leurs générations : Matthias Schoenaerts et Reda Kateb.



Petit bout de cinéma musclé à l'atmosphère pesante, sur un duel fraternel (deux amis d'enfances se retrouvent plusieurs années plus tard, coincés de chaque côté de la loi) aussi poignant qu'il est d'une rudesse folle, le film de Oelhoffen (l'excellent Loin des Hommes, déjà avec Kateb), qui transpire le bitume des quartiers houleux autant qu'il est porté par un souffle westernien grisant (et faisant de la banlieue autant un désert gris de violence qu'un point de repère familier), est une énergique et déroutante fuite en avant qui respecte au pied de la lettres les codes du genre tout en l'épurant de tous ses clichés faciles et habituels via une écriture précise et allant strictement à l'essentiel, sans pour autant être dénué de toute profondeur notamment via des personnages psychologiquement fouillés, dont la complémentarité dans le chaos, est aussi rafraichissante qu'étonnante.
Incarné à la perfection et d'une universalité douloureuse, Frères Ennemis est un sommet de polar intense et complexe à la lisière de la tragédie humaine, sur des hommes férocement liés à leurs racines. Une belle surprise.


Jonathan Chevrier



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