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[CRITIQUE] : Leave No Trace


Réalisateur : Debra Granik
Acteurs : Ben Foster, Thomasin McKenzie, Jeff Kober,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain
Durée : 1h49min

Synopsis :
Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Limitant au maximum leurs contacts avec le monde moderne, ils forment une famille atypique et fusionnelle.
Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s'adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie.
Le temps est-il venu pour elle de choisir entre l’amour filial et ce monde qui l'appelle ?



Critique :

Qu'on se le dise, Ben Foster est sans l'ombre d'un doute, l'un es talents les plus mésestimés du septième art ricain, un comédien (beaucoup) trop rarement promis aux premiers rôles, mais qui n'a jamais eu peur de sublimer une oeuvre en briguant uniquement un statut de second - voire troisième - couteau, ne serait-ce que pour la simple satisfaction de pouvoir briller aux côtés de comédiens et de cinéastes tout aussi exceptionnels que lui.
Après avoir fait plus tôt cette année, un court passage chez Scott Cooper pour le merveilleux Hostiles, et en attendant de le retrouver éblouissant aux côtés de la douce Elle Fanning dans l'étonnant Galveston de Mélanie Laurent, il nous revient en ces dernières heures d'été avec le nouveau long-métrage de Debra Granik (Winter's Bone), Leave No Trace, adaptation du roman l'Abandon de Peter Rock (lui-même inspiré d'un véritable fait divers), qu'il éblouit de sa grâce et de sa justesse aux côtés de la révélation Thomasin McKenzie (prochainement au casting du Jojos Rabbit de Taika Waititi et de Top Gun: Maverick).



Dans la veine du récent (et magnifique) Captain Fantastic, avec son duo père/fille vivant en marge du monde, caché dans un parc naturel durant quatre années avant d'être renvoyé de force vers une " normalité acceptable ", la péloche de Debra Granik, nettement plus sombre - sans pour autant sombrer dans le misérabilisme facile - et moins fantaisiste que le film de Matt Ross, ausculte lui aussi par le prisme d'une cellule familiale fusionnelle, les travers et dérives d'une société contemporaine abusivement normative et refusant toute personne fuyant le conformisme - et dont il est impossible de fuir -, tout en l'agrementant d'une bouleversante quête d'émancipation (accentuant le contraste délicat et jamais inquisiteur, entre les deux modes de sociabilisation), muée par les non-dits
Modeste et tragique regard sur les marginalisés d'une Amérique en crise autant que sur le monde actuel (terriblement intolérant et détestable), d'un naturalisme fantastique (les merveilleux paysages d'Oregon) proche du documentaire et propice aux envolées en terres sauvages (les scènes intimes au coeur de la nature, sont d'une poésie sans nom), Leave No Trace est un drame humain déchirant et viscérale, une tragédie interprétée à la perfection (l'alchimie entre Foster et McKenzie est vibrante), d'une universalité et d'une vérité à toute épreuve.
Une claque remarquable, mais surtout immanquable.


Jonathan Chevrier