Breaking News

[CRITIQUE] : Hostile


Réalisateur : Mathieu Turi
Acteurs : Brittany Ashworth, Grégory Fitoussi, Javier Botet,...
Distributeur : Next Film Distribution
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur
Nationalité : Français Belge
Durée : 1h23min

Synopsis :
La terre est dévastée, désertique. Ce qui reste de l’humanité tente de survivre à la périphérie des grandes villes, face à des créatures nocturnes anthropomorphes et à la force herculéenne. Juliette, jeune femme astucieuse et dégourdie, s’aventure en ville pour récupérer vivres et autres ustensiles. Seulement, un de ses petites virées ne va pas se terminer comme prévue. Sa camionnette va se retourner. Elle va devoir survivre une nuit seule, blessée, face aux menaces nocturnes : ripper - c’est ainsi que sont nommé les créatures - et autres cannibales.



Critique :

Hostile est le premier long-métrage du jeune réalisateur français, Mathieu Turi. Il est un mélange assez étonnant de nombreux genres : principalement le mélodrame et le film de survie, avec des petites doses de dystopie et de films de zombie. Sa narration se construit en deux temporalités distinctes qui se répondent : la nuit d’enfer et l’histoire d’amour entre Juliette et Jacques. La première est particulièrement bien réussie, alors que la seconde manque de modernité.

Cinderella and the ripper


La romance reprend les codes assez traditionalistes de l’histoire de princesse : le prince charmant - dans ce cas-là un riche galeriste, jeune et beau, avec non pas un château mais un loft new-yorkais - sauve la damoiselle en détresse - une jeune dealeuse junkie, analphabète et délaissée de sa famille - de sa vie de misère en lui offrant le “whole package”: une vie d’oisiveté dans une demeure luxueuse. Cette partie n’est pas spécialement mal filmée, ni mal jouée, au contraire, mais elle aurait été bien plus intéressante si plus moderne avec un rapport de force entre les deux protagonistes plus nuancé.
Ceci dit, on peut trouver des explications à cette utilisation du conte. Dans un premier temps, le personnage de Juliette renverse ce rapport de force dans la partie “survival”, en étant montrée comme forte et indépendante. La première partie permettrait donc de contraster avec la seconde en insistant sur l’évolution du personnage de Juliette, en étant ainsi une preuve des conditions de vie difficile de ce monde post-apocalyptique. Dans un second temps, l’utilisation de ces flash-backs apportent une réflexion sur les caractéristiques du monstre, celui-ci en particulier, mais aussi le concept de “monstre” en général - assez intéressante. Il est impossible d’en dire plus sans spoiler alors il faudra que vous alliez voir le film pour comprendre ces insinuations.

Une nuit d’enfer


La partie la plus intéressante, d’un point de vue cinématographique, est celle se déroulant dans le monde post-apocalyptique. Tout le long du film - sauf très légèrement à la fin- aucune information ne nous sera révélé concernant les raisons de cette situation. L’esthétique est simple et efficace et rend très clairement hommage à Mad Max : un désert, des tonalités jaunâtres - en journée en tout cas - et des engins aux allures steampunk. Peu d’effets spéciaux complexes : un peu de maquillage, des plans bien pensés et une gradation dans la tension.
Hostile revient aux basiques des effets horrifiques et cela marche. Le spectateur n’aura pas droit à une apparition directe de la créature. Non. D’abord, il va en entendre parler. Puis, elle sera hors champs mais audible, dans la station service désertée. Dans le champs, mais invisible, dans le camping car. Puis, on ne verra que ses jambes, ses bras etc. Et ce ne sera qu’à la moitié du film qu’elle sera visible entièrement, laissant le temps au spectateur de la redouter, de l’imaginer. Effets ayant bien fonctionnés si l’on juge les réactions de peur assez nombreuses des spectateurs dans la salle. Une fois visible, le film change d’ailleurs de registre pour devenir plus gore, plus visuel, rendant ainsi hommage à l’acteur, Javier Botet, ainsi qu’au travail de maquillage. Pour finir par une fin assez belle et poétique. Les acteurs sont aussi pour beaucoup dans la réussite de ce film, notamment, la encore inconnue en France, Brittany Ashworth, qui propose une prestation tout en retenue et en intelligence, rendant crédible chacune des actions réalisées pour la survie du personnage.


Hostile est un film qui n’est pas parfait, mais qui fait plaisir à voir. Il est un très beau retour aux racines des films angoissants, évitant intelligemment la surenchère, pour proposer un objet filmique intelligent qui mélange, parfois habilement, parfois maladroitement, de nombreux genres. Il est impossible de parler de ce film sans évoquer la production des films de genre en France et le peu de moyen qui leur sont accordés alors qu’une partie du public français commence à en être de plus en plus friands. L’ironie étant qu’Hostile, film de production française, est sorti, il y a déjà de nombreux mois à l’international et n’a trouvé un distributeur en France qu’en 2018. Que ce soit par curiosité ou par conviction, je ne peux que vous conseiller d’aller voir ce film, qui n’est pour l’instant projeté qu’au Grand Rex


Eleonore Tain


Aucun commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.