[CRITIQUE] : Katie Says Goodbye
Réalisateur : Wayne Roberts
Acteurs : Olivia Cooke, Christopher Abbott, Mireille Enos, Mary Steenburgen,...
Distributeur : Bodega Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Français.
Durée : 1h28min.
Synopsis :
Katie, jeune femme du sud ouest américain rêve d'une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premiers amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile. Sa ténacité et sa jeunesse seront mis à l'épreuve par ceux qu'elle aime le plus au monde
Critique :
Peinture désenchantée d'une jeune femme cristallisant autant la naïveté déterminée de l'adolescence que l'aprêté d'un monde adulte où les espoirs sont déchus, #KatieSaysGoodbye est une claque à l'authenticité et à la sincérité désarmante, sublimée par la lumineuse Olivia Cooke pic.twitter.com/rbLB7tsFWn— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 12 avril 2018
Dire que l'on donnerait presque le bon Dieu sans confession à la magnifique Olivia Cooke est presque un doux euphémisme, tant la jeune comédienne a réussi à faire de son joli minois, l'un des plus plaisants à suivre ces dernières années, aussi bien sur le petit que sur le grand écran.
Et alors qu'elle est en passe de s'offrir un joli billet pour la renommée grâce au carton monstrueux du méchamment jouissif Ready Player One du roi Steven Spielberg, c'est avant tout et surtout vers le premier essai de Wayne Roberts, Katie Says Goodbye, que les amateurs de l'actrice se doivent de porter leur attention en ses premières heures d'un printemps pas forcément aussi riche que l'on aurait pu le croire.
Premier opus d'une wannabe trilogie (le second opus, Richard Says Goodbye, devrait toujours avoir Johnny Depp comme rôle-titre), le film se veut comme une peinture aussi brutale que solaire d'une jeune femme entre-deux âges, cristallisant la " naïveté " et la détermination de l'adolescence tout autant que la dureté d'un monde adulte où les espoirs sont souvent déchus, et encore plus dans une Amérique rurale isolée où chaque journée peut ressembler à un enfer interminable dont on ne peut réellement s'extirper, même avec la plus solide des ambitions.
Katie veut son petit bout de bonheur, à tel point qu'elle n'hésitera pas à vendre son corps à des hommes, se soumettre à eux pour mieux s'offrir cet ailleurs inconnu et fantasmé; un sacrifice dramatique qu'elle arrive pourtant à " gommer " de sa conscience.
Un postulat infiniment dur que Roberts croque pourtant avec une légèreté et poésie rare.
Comme Sean Baker pour le formidable The Florida Project, il n'occulte jamais l'éreintante réalité de ses oubliés de l'American Dream, de ses âmes peu servies par le sort, sans pour autant tomber passivement dans un misérabilisme putassier où une crudité choquante.
Tout en finesse et en simplicité, le cinéaste joue pleinement la carte de la déchéance optimiste d'une femme tout aussi douce que déterminée, se jouant autant des hommes que ceux-ci jouent de son corps (sa vertu incarne au final, l'étonnante attraction de sa petite bourgade), persuadée de pouvoir vivre un rêve pourtant mort depuis longtemps; dans une tragédie jamais moralisatrice ni à charge contre la figure masculine (il est vrai, pas toujours aidé par l'écriture un poil limité).
À contre-courant des productions indés du moment, aussi poignant qu'il est passionnant, Katie Says Goodbye est une claque à l'authenticité et à la sincérité désarmante, portée avec force par une Olivia Cooke littéralement à tomber et un Christopher Abbott dont on n'a décemment pas fini de parler à l'avenir.
Ne cherchez plus, la séance immanquable du moment est bien là.
Jonathan Chevrier