[CRITIQUE] : Escobar
Réalisateur : Fernando Leon de Aranoa
Acteurs : Javier Bardem, Penélope Cruz, Peter Sarsgaard,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Drame, Biopic, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h03min.
Synopsis :
Impitoyable et cruel chef du cartel de Medellin, Pablo Escobar est le criminel le plus riche de l’Histoire avec une fortune de plus de 30 milliards de dollars. "L’empereur de la cocaïne" met la Colombie à feu et à sang dans les années 80 en introduisant un niveau de violence sans précédent dans le commerce de la drogue.
Fascinée par son charisme et son pouvoir, la très célèbre journaliste Virginia Vallejo, va s’apercevoir qu’on ne s’approche pas de l’homme le plus dangereux du monde impunément...
Critique :
Plombé par son didactisme,#Escobar n'en est pas moins un bon biopic offrant une peinture moins idéalisée de Pablo Escobar, une déshumanisation orchestrée avec solidité et où Javier Bardem totalement habité, passe avec férocité d'amant ambitieux à monstre destructeur terrifiant pic.twitter.com/m1HZC7Wprs— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 23 avril 2018
Figure hautement passionnante du crime international, tellement scruté autant par le petit que par le grand écran, que l'on se demande bien comment il est possible d'en découvrir encore un peu plus sur sa personne au fil des productions, Pablo Escobar fait de nouveau son retour dans les salles obscures en ses premières heures du printemps, sous les traits du vénéré et charismatique Javier Bardem, littéralement fait pour le rôle.
Sur le papier, si l'idée de voir l'éternel ange noir exterminateur de No Country For Old Men campé l'ancien leader du cartel de Medelin, suffisait amplement à nous séduire, la vision qu'en offre Fernando Leon de Aranoa, loin de l'iconisation folle qu'en a pu faire - par exemple - la série Narcos, capte avec une essence étonnament nouvelle l'aura proprement terrifiante d'un monstre destructeur et définitivement hors du commun.
Majoritairement concentré sur le prisme de la romance improbable entre la journaliste Virginia Vallejo (le film est adapté de son roman, Loving Pablo) et le Pablo, la belle étant vite tombé sous le charme de l'image - et de la fortune - du bonhomme avant de vite réaliser à qui elle avait affaire, Escobar, débarrassé de toute introduction du narcotrafiquant (il est déjà, dès la première bobine, le roi de la cocaïne), se veut comme un regard acerbe et critique d'une femme sur un homme infiniment détestable mais pourtant cruellement fascinant et magnétique, ici montré sous son plus mauvais - mais juste - jour.
Souvent tendu et édifiant (Bardem en impose, comme souvent) malgré un manque cruel de subtilité, le film, certes très didactique mais survolé par quelques accès de violences surprenants (voire dérangeants) et quelques scènes marquantes (celle de l'atterrissage d'un avion sur l'autoroute en tête), croque avec férocité la transformation brutale sur plusieurs années, d'un amant arriviste en psychopathe bigger than life, même si le cinéaste à la fâcheuse habitude de se complaire un peu trop dans une mise en scène démonstrative, voire même parfois douloureusement boursouflée de symbolisme, pour accentuer une déshumanisation qui prenait pourtant suffisamment de sens avec la distance de son point de vue, celui de Virginia (sublime Penélope Cruz, qui incarne à la perfection cette femme aussi séductrice qu'elle est follement ambitieuse) totalement bouffée autant dans la vie qu'à l'écran, par King Pablo.
Si l'on oublie également quelques gros défauts notables (des personnages hispaniques, campés par des acteurs hispaniques, obligés de parler... en anglais), Escobar est un biopic efficace au couple vedette bluffant de réalisme et d'implication, qui se laisse mirer sans trop de déplaisir, offrant une peinture nettement moins idéalisée de Pablo Escobar, à défaut de pleinement assumer sa singularité et d'avoir un cinéaste plus chevronné à sa barre.
Jonathan Chevrier