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[CRITIQUE] : Chien


Réalisateur : Samuel Benchétrit
Acteurs : Vincent Macaigne, Vanessa Paradis, Bouli Lanners,...
Distributeur : Paradis Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Jacques Blanchot perd tout: sa femme, son travail, son logement. Il devient peu à peu étranger au monde qui l’entoure, jusqu’à ce que le patron d’une animalerie le recueille.



Critique :



 
On avait laissé avec un enthousiasme un poil amoindri le talentueux Samuel Benchétrit en 2015, avec le mitigé Asphalte, film choral lunaire qui traitait avec une poésie assez crue, la déliquescence des douloureux rapports humains, porté par la prestation remarquable d'un casting totalement voué à sa cause (Isabelle Huppert, Valeria Bruni Tedeschi, Gustave Kervern,...).
Trois ans plus tard, le fantasque cinéaste belge nous revient plus en forme que jamais avec Chien, petit OFNI au moins autant barré et cynique qu'il est subtilement engagé, pour lequel il offre au merveilleux Vincent Macaigne, véritable Droopy à la fragilité assumée et attendrissante, rien de moins que l'un de ses plus beaux rôles à ce jour.
En adaptant son propre roman éponyme, contant le déclin social et humain d'un monsieur Tout-le-monde à qui la vie ne fait décidément pas de cadeau même à Noël, mais qui ne se bat pas pour autant pour lutter contre tous ses tracas (un homme qui, finalement, subit complètement sa vie plutôt que de la vivre, comme beaucoup d'entre-nous), Benchétrit trouve le terreau parfait pour croquer un canevas grotesque et anticonformiste d'une déshumanisation aussi cruelle qu'elle est dérangeante.



Une véritable descente aux enfers à l'humour noir irrésistible où rien ne sera épargné à un Vincent Macaigne parfait, qui se transformera lentement mais sûrement en un animal de compagnie docile et soumit pour un Bouli Lanners terrifiant.
Fable politico-ironique surréaliste sur la déshumanisation de la société contemporaine (l'homme est un loup pour l'homme, comme le disait si bien Johnny Castle - payes tes références), une proposition déroutante très proche de ce que peut proposer le cinéma béni de Quentin Dupieux, Chien peut également se voir comme une ode amère sur tous ses marginaux écrasés par un système contre lequel ils ne peuvent pas se défendre.
L'homme de pouvoir (le plus fort) traite toujours le commun des mortels (le plus faible) comme un chien, et que Benchétrit n'est pas peur de le montrer à l'écran avec force en ces temps de crise, démontre autant la finesse que l'importance évidente de son cinéma.

Jonathan Chevrier