[CRITIQUE] : Ghostland
Réalisateur : Pascal Laugier
Acteurs : Mylène Farmer, Crystal Reed, Anastasia Phillips, Emilia Jones, Taylor Hickson,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Thriller, Epouvante-Horreur.
Nationalité : Français, Canadien.
Durée : 1h31min.
Synopsis :
Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.
Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des évènements étranges vont alors commencer à se produire…
Critique :
On avait laissé le papa de Martyrs avec une expérience mi-figue, mi-raisin : The Secret, ou il maltraitait la jolie Jessica Biel dans thriller " Silent Hill-esque " au twist improbable, qui baladait gentiment son spectateur sans forcément le séduire avec autant de maestria que ses précédents essais.Avec #Ghostland, l'orfèvre Pascal Laugier signe un nouveau cauchemar extrême, intime et violent, un voyage autant fascinant que perturbant et éprouvant dans les méandres de la noirceur de l'âme humaine, dont on ne ressort - tout comme pour le chef-d'oeuvre #Martyrs - pas indemne. pic.twitter.com/0D4gfy6Cj8— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 14 février 2018
Reste que malgré tout, le film arrivait sans forcer à distancer de quelques coudées d'avance, aussi bien toutes les productions fantastiques made in France de l'époque, que celles souvent malheureuses de nos cinéastes exportés au pays de l'Oncle Sam.
Cinéaste atypique aux péloches aussi généreuses que radicales, qui prend sensiblement son temps pour revenir hanter nos salles obscures (il tourne peu mais bien), le Pascal nous revient donc en 2018 avec une petite bombe qui a gentiment mis tout le monde d'accord au dernier Festival de Gerardmer : Ghostland, gros choc sismique qui fait date dans un cinéma de genre hexagonale qui ne s'est jamais aussi bien porté que ces derniers mois.
Au moins aussi extrême que son chef-d'oeuvre Martyrs (c'est dire la prouesse), Ghostland bouscule son auditoire pour mieux le marquer au fer rouge au sein d'une épopée sensorielle dévastatrice renouant avec la folie sauvage des bandes horrifiques du milieu des 70's où tout semblait possible, même le plus insoutenable.
Imprévisible, volontairement exagéré autant qu'il est sincèrement déstabilisant, le nouveau film de Laugier prend le spectateur à la gorge dès les premières minutes (éprouvante et prenant la douloureuse apparence d'un homme invasion brutal avec l'agression spectaculaire d'une mère et de ses deux enfants), s'amuse comme un sale gosse à alterner les genres à la pelle pour mieux étoffer son cauchemar sur pellicule, intense, anxiogène à mort et sans pareil.
Le cinéaste ose tout, martyrise ses personnages autant qu'il (semble ?) les aimer, maîtrise son oeuvre avec une indécence folle (comme Shyamalan, Laugier use de l'art fin du twist pour mieux bouleverser les règles de sa propre narration et accentuer une atmosphère de trouble constant et glaçant), fait de Mylène Farmer une muse mystique séduisante en diable et donne l'occasion à Crystal Reed (Teen Wolf) et Anastasia Phillips (Reign) de littéralement crever l'écran par la force de deux interprétations aussi délirantes que crédibles.
Fascinant, agressif, éprouvant et définitivement à part, Ghostland, comme une réponse aussi à Martyrs, transcende l'idée que l'esprit n'est jamais aussi libre que lorsque le corps est à l'agonie, au sein d'un poème macabre qui met notre coeur et nos nerfs à rude épreuve, où l'on assiste impuissant et captiver au calvaire endurée par des héroïnes vivant rien de moins que l'enfer.
Un nouveau voyage perturbant et intime dans les méandres de la noirceur de l'âme humaine, par le guide le plus gentiment barré du cinéma de genre français, qui n'a décidément pas fini de nous faire peur... pour de vrai.
Jonathan Chevrier