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[CRITIQUE] : La Mélodie


Réalisateur : Rachid Hami
Acteurs : Kad Merad, Samir Guesmi, Renély Alfred,..
Distributeur : UGC Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français
Durée : 1h42min.

Synopsis :
A bientôt cinquante ans, Simon est un violoniste émérite et désabusé. Faute de mieux, il échoue dans un collège parisien pour enseigner le violon aux élèves de la classe de 6ème de Farid. Ses méthodes d’enseignement rigides rendent ses débuts laborieux et ne facilitent pas ses rapports avec des élèves difficiles. Arnold est fasciné par le violon, sa gestuelle et ses sons. Une révélation pour cet enfant à la timidité maladive. Peu à peu, au contact du talent brut d'Arnold et de l'énergie joyeuse du reste de la classe, Simon revit et renoue avec les joies de la musique. Aura-t-il assez d’énergie pour surmonter les obstacles et tenir sa promesse d’emmener les enfants jouer à la Philharmonie ?




Critique :




Lorsque Kad Merad joue la carte du guignol dans des comédies loin d'être fameuse (quasiment toutes en dehors de ses partitions dans les films de son compère de toujours, Olivier Baroux), la mayonnaise devient vite de plus en plus indigeste mais, en revanche, quand le bonhomme se laisse aller à un ton plus dramatique ou plutôt, plus intime dans des péloches bien plus taillées pour lui; là, le comédien se fait autant touchant qu'impressionnant.
Bonne nouvelle, après une très courte apparition dans Alibi.com, le voilà de retour avec une très jolie dramédie, La Mélodie de Rachid Hami, étonnement passé par la case Mostra de Venise en septembre dernier (il a été projetté hors-compétition).


En contre-emploi sans forcément sortir pleinement de sa zone de confort (on pense tout du long aux Choristes de Christophe Barratier, dans lequel il figurait déjà), Merad campe avec implication un violoniste quinquagénaire, Simon, ayant perdu le gout de jouer, qui va devoir jouer les professeurs de musique improvisé dans une banlieue dite difficile, pour une classe de 6ème pas forcément enclin à adhérer à ses méthodes un poil rigide.
Mais, par la force d'un jeune prodige timide qu'il prend instinctivement sous son aile - Arnold -, et un but commun motivant pour une bande d'ados énergiques (emmener toute la classe jouer à la Philarmonie), Simon va retrouver son amour fougueux pour la musique, et comprendre ce qui le rend réellement heureux.
C'est une évidence, le papa de Choisir d'Aimer n'a décemment pas inventé la poudre avec La Mélodie, comédie dramatico-musicale comme on en a (trop) vu au fil du temps dans l'hexagone, surtout que celle-ci s'échine encore une fois, à maladroitement suivre au pied de la lettre et sans une once d'originalité, les codes éculés du film d'éducation musicale; à tel point que la prévisibilité criante du film pourrait même paraître presque un poil irritante (il n'y a aucune incertitude sur l'évolution de l'histoire, on sait très bien tout du long ou elle nous mènera) pour les spectateurs loin d'être client de la chose. 


Et pourtant, c'est là que Rachid Hami abat sa plus belle carte pour faire dévier son oeuvre du commun des drames hexagonaux : il offre une peinture réaliste et colorée du microcosme multiculturel de l'Education nationale (on aurait tous aimer apprendre le violon à la place de la flute...), doublé d'un vrai regard social; tout en croquant avec finesse son duo vedette aussi atypique qu'hors des stéréotypes, incarné à la perfection par Kad Merad (charismatique) et la révélation Renély Alfred (touchant).
Pour l'originalité et la surprise, on repassera donc, mais pour une belle séance au coeur gros comme ça, La Mélodie est le genre de douce musique sur pellicule qui embellira certainement une froide après-midi d'automne.


Jonathan Chevrier