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[CRITIQUE] : Blade Runner 2049


Réalisateur : Denis Villeneuve
Acteurs : Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana De Armas, Sylvia Hoeks, Robin Wright, Dave Bautista, Jared Leto,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h43min.

Synopsis :
En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...



Critique :



On ne reviendra pas sur le chef-d'oeuvre de Ridley Scott, monument de SF moderne qui aura connu, à l'instar du The Thing de John Carpenter (sorti la même année... coïncidence ?), un véritable chemin de croix pour se voir logiquement intronisé au pantheon du culte.
Suite autant tardive que redoutée - voir carrément indésirée - chapeauté un temps par un papy Scott ayant déjà poliment saccagé l'édifice Alien (avec Prometheus et Alien : Covenant); Blade Runner 2049 est très vite devenu l'oeuvre d'un des nouveaux maîtres de la pellicule, le vénéré Denis Villeneuve.
Et c'est de loin, la meilleure chose qui a pu lui arriver tant le métrage, brillant de bout en bout, est certainement l'une des plus imposantes séances qu'il nous sera donné de voir cette année.



Séquelle incroyable justifiant sa légitimité dès ces (sublimes) premiers plans, la péloche s'inscrit judicieusement dans les glorieux pas de son ainé, tout en affirmant pleinement sa personnalité fascinante d'ambivalence.
Exit le trip nostalgique façon copié-collé limité capitalisant à outrance sur une oeuvre culte, le film de Villeneuve répond intelligemment à celui de Scott en offrant une continuité étonnante à ses thématiques mères : la mort et la déshumanisation du monde, personnifiée par Rick Deckard, un ange de la mort/blade runner à l'humanité chancelante, chargé de tuer des " réplicants "; des créations humaines supposément froides mais douées d'émotions, virevoltant dans un Los Angeles vivant et coloré.



Dans 2049, Villeneuve met en images la prophétie christique incarnée par la quête tragique de Deckard: L.A. n'est qu'un désert sombre et imposant, un champs de ruines artificiel vidé de toute son effervescence et - justement - de son humanité (Villeneuve accentue cet écrasement de l'être humain face au monde avec des décors, des plans, des artifices volontairement bigger than life), et dont la lumière ne jaillira que par l'épopée initiatique et intime de K, un réplicant lui aussi détective.
Avec puissance, le cinéaste désamorce toute l'ambiguïté entourant le héros du premier film, signe une mise en abyme lancinante (pour mieux démontrer notamment, l'humanité de son héros, quitte à être un poil trop contemplatif), épouse encore plus fougueusement l'univers de Philip K. Dick tout en tutoyant franchement du bout de la pellicule le merveilleux A.I. de Spielberg, via le prisme de l'histoire troublante et philosophique d'une créature se découvrant une âme, et voulant comprendre les raisons de son existence.



Récit onirique aussi bouleversant (la relation douloureuse entre K et Joi, qui rappelle, évidemment, Her de Spike Jonze) et intimiste qu'il est visuellement époustouflant (immense job de Roger Deakins), porté de la tête et des épaules par un Ryan Gosling tout en intériorité; Blade Runner 2049 est une odyssée sensorielle glaciale et furieusement immersive, aussi ludique dans sa forme qu'exigeante dans le fond (le travail méticuleux du papa de Sicario renvoie clairement au perfectionnisme obsessionnel de feu Stanley Kubrick).
Pas besoin de jouer au jeu des sept différences avec le film original, Denis Villeneuve signe son Blade Runner à lui, avec sa sensibilité et son talent, et il est absolument grandiose.


Jonathan Chevrier



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