[CRITIQUE] : Les Deux Amis
Réalisateur : Louis Garrel
Acteurs : Louis Garrel, Vincent Magaine, Golshifteh Farahani,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.
Synopsis :
Clément, figurant de cinéma, est fou amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord. Mais Mona a un secret, qui la rend insaisissable. Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs, son seul et meilleur ami, Abel, vient l’aider. Ensemble, les deux amis se lancent dans la conquête de Mona.
Critique :
#LesDeuxAmis ou une histoire à trois cœurs intimiste et captivante qui tire sa force de la simplicité et de la sincérité de ses sentiments
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 26, 2016
Doucement mais surement, Louis Garrel s'impose comme l'un des comédiens du cinéma hexagonal les plus prometteurs de sa génération, se détachant pleinement de l'image du jeune premier rattaché au septième art parce qu'il coule depuis toujours dans ses veines (il est le fils des cinéastes Philippe Garrel et Brigitte Sy), voir même de trublion important d'une Nouvelle Vague dont il n'est pas réellement un héritier.
Mais force est de reconnaitre que depuis Les Biens Aimés de Christophe Honoré, le bonhomme aligne les bons choix que ce soit devant la caméra familiale (La Jalousie, Un Été Brulant et l'Astragale) ou devant celles de quelques-uns des cinéastes français les plus talentueux de la dernière décennie (Bertrand Bonello, Maiwenn ou encore Valérie Bruni-Tedeschi).
Après avoir réussi à volé la vedette à chacune de ses apparitions dans le douloureux Mon Roi de Maiwenn - ou il est exceptionnel -, et en attendant de découvrir sa partition dans le buzzé Planetarium de Rebecca Zlotowski; voilà que sort ces jours-ci en DVD sa première réalisation, Les Deux Amis, passé un brin inaperçu en salles au moment de sa sortie en septembre dernier, même si il était passé par la case Festival de Cannes (dans la section Semaine de la Critique).
Promesse d'une réjouissante comédie romantique sous fond d'amitié masculine mise à l'épreuve par l'amour, le film conte l'histoire de Clément, figurant de cinéma, qui est fou amoureux de Mona, une vendeuse dans une sandwicherie de la Gare du Nord.
Mais Mona a un secret, qui la rend insaisissable.
Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs, son seul et meilleur ami, Abel, vient l’aider et ensemble, les deux amis se lancent à la conquête de Mona…
Romcom tendre et fantaisiste sous fond de buddy movie mélancolique et sentimental à la finesse étonnante, le wannabe cinéaste Louis Garrel digère pleinement ses références (Bresson, Godart, Téchiné,...) et use d'un thème archi-rebattu dans le cinéma français - le triangle amoureux - pour mieux y apporter une touche de modernité et accoucher d'un petit objet filmique aussi indépendant et intime qu'il est joliment intime et mué par un dynamisme enthousiasmant.
Car si il y a bien un trait de caractère évident qui ressort de cette tragi-comédie burlesque et théâtrale, c'est l'énergie follement communicative qui transpire de tous ses pores et qui ne peut que toucher un spectateur qui aura rarement été invité avec autant de panache dans une romance à trois cœurs.
Se concentrant pleinement sur ses personnages nuancés et croqués à la perfection, Garrel examine avec malice la fragilité des relations humaines - et surtout, de l'amour et de l'amitié - et notre rapport à l'autre, en s'appuyant sur un scénario solide (et co-écrit par Christophe Honoré) sur une prestation éblouissante de ses interprètes; lui donc, mais également l'excellent Vincent Magaine (l'amitié Abel/Clément est presque capturé comme une relation amoureuse à part entière) et surtout la sublime Golshifteh Farahani, ici autant mystérieuse que lumineuse.
Si ce premier essai n'est pas exempt de quelques maladresses, Les Deux Amis, à la mise en scène soignée et stylisée; n'en est pas moins une belle et enivrante envolée sentimentale, une histoire intimiste et captivante qui tire sa force de la simplicité et de la sincérité des sentiments qu'elle s'échine à mettre en image.
Un très beau premier film, rien de plus, rien de moins.
Jonathan Chevrier