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[CRITIQUE] : This is Not a Love Story


Réalisateur : Alfonso Gomez-Rejon
Acteurs : Thomas Mann, A.J. Cooke, RJ Cyler, Jon Bernthal, Molly Shannon, Nick Offerman, Connie Britton,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité :  Américain.
Durée : 1h46min.

Synopsis :
Greg est un lycéen introverti, adepte de l’autodérision, qui compte bien finir son année de Terminale le plus discrètement possible. Il passe la plupart de son temps avec son seul ami, Earl, à refaire ses propres versions de grands films classiques. Mais sa volonté de passer inaperçu est mise à mal lorsque sa mère le force à revoir Rachel, une ancienne amie de maternelle atteinte de leucémie.


Critique :



Et si le teen movies renaissait enfin de ces cendres, après plus d'une décennie à subir les outrages d'une vague de potacherie aigu et de dystopie adolescente qui a du faire faire des loopings dans sa tombe au vénéré et regretté John Hugues.
Depuis environ deux an, force est d'admettre que l'on serait franchement tenté d'y croire.

Si quelques comédies bien grasses trouvent de temps en temps notre clémence (le jouissif Projet X), tout autant que les adaptations littéraires aventuro-SF pour boutonneux (la saga Hunger Games, La Stratégie Ender et Le Labyrinthe premier du nom), le cinéma indé US aura surtout su nous surprendre de la plus belle des manières avec des péloches finement scriptés et ayant toutes - ou presque - fait leurs gammes au sacro-saint Festival de Sundance.


The Perks of Being a Wallflower (Le Monde de Charlie), The Way, Way Back (Cet Été-Là), The Spectacular Now, The Fault in Our Stars (Nos Étoiles Contraires), White Bird in a Blizzard (White Bird) et cette année Paper Towns (La Face Cachée de Margo) ou Dope - actuellement en salles -; tous ont réussi à redorer le blason du genre de la plus belle des manière.

Et ce n'est pas le tout aussi merveilleux This is Not a Love Story qui va contrecarrer cette bonne tenue, adaptation du best-seller de Jessie Andrews - également scénariste de la chose - signé Alfonso Gomez-Rejon, qui a choppé le Grand Prix du Jury et le Prix du Public au dernier Sundance.

Sortie au pire moment cet été dans les salles US (au mois de juin, en même temps que le rouleau compresseur Jurassic World), le film qui s'inscrit dans la droite lignée des deux " John Green " movie Nos Étoiles Contraires (la jeunesse confrontée à la maladie) et La Face Cachée de Margo (qui s'échinait à compter un amour fantasmé et impossible dénué de tout happy end putassier), est sans l'ombre d'un doute l'un des plus beaux et émouvant film qui nous aura été donné de voir durant cette pourtant très riche fin d'année ciné 2015, tant il sort littéralement du lot de part sa simplicité et sa légèreté.


Un must-see qui déborde d'un amour aussi bien pour ses personnages, pour le genre qu'il aborde avec une justesse infini  que pour un cinéma auquel il rend un hommage des plus savoureux avec ses pastiches bricolé et " Gondry-esque " de films cultes (Be Kind Rewind n'est jamais loin).

Me and Earl and The Dying Girl conte l'histoire de Greg, un lycéen un brin banal et introverti adepte de l’autodérision, qui compte bien finir son année de Terminale le plus discrètement possible.
Il passe la plupart de son temps avec son seul ami, Earl, à refaire ses propres versions de grands films classiques. 
Mais sa volonté de passer inaperçu est mise à mal lorsque sa mère le force à revoir Rachel, une ancienne amie de maternelle atteinte de leucémie...

Habile mélange des genres (on passe des rires aux larmes en un battement de cils) qui évite les écueils facile de la comédie-dramatique larmoyante, surprenant aussi bien dans sa forme que dans son fond tant l'histoire nous amène jamais vraiment là ou on le pense, jamais trop pesant même si la maladie - et la mort - reste au cœur du récit; This is Not a Love Story comme son titre l'indique (et bon titrage VF pour une fois), n'est pas une romance ou tout du moins pas une romance comme les autres puisqu'elle est in fine une histoire d'amitié platonique qui ne peut espérer être plus - la faute au cancer de Rachel mais également par la peur légitime de ne pas voir les sentiments se concrétiser.


Touchante et honnête chronique adolescente sur une amitié forte et au pluriel (qui détruira l'insouciance de ses deux héros, condamné à ne pas vivre pleinement leur histoire), privilégiant l'humour - assez sarcastique - au drame (à la différence de Nos Étoiles Contraires) et s'amusant tout du long à retourner les codes du teen movies (notamment par le biais de la voix-off avec le personnage de Greg), Me and Earl retranscrit à merveille le quotidien loin des clichés et complexe d'un ado lambda et bourré de défauts, que ce soit son rapport conflictuelle avec ses parents (jouissivement barrés et interprétés par les trop rares Connie Britton et Nick Offerman), aux autres ados de son bahut (il est aussi discret et débrouillard qu'associable et follement arrogant) mais aussi avec ses deux uniques amis.

Réaliste jusqu'au bout des ongles (même si la descente aux enfers physique de Rachel n'est montré que par une simple perte de cheveux), intime, déchirant (son final ne laissera pas indemne son spectateur) et porté par une mise en scène sensible et appliqué; c'est avant tout et surtout par la finesse de son traitement des personnages infiniment fin et beau, que le film de Gomez-Rejon se démarque pleinement de ses petits concurrents.

Tous plus attachants les uns que les autres et flamboyant dans leurs faiblesses, ils sont sublimés par une pluie de comédiens qui se mettent littéralement à nu pour mieux dévoiler la vérité d'un quotidien banale et, justement, follement empathique.
Au dessus du lot, le couple formé par Thomas Mann (drôle et convaincant) et la so cute Olivia Cooke (solaire, à tel point que l'on en tombe littéralement amoureux) brûle la bande par son humour et sa fragilité, tandis que l'excellent RJ Cyler et le mésestimé Jon Bernthal les accompagne de la plus belle des manières, respectivement dans la peau de Earl et du prof d'histoire rebelle.


Universel, intelligent et tutoyant la grâce du cinéma de John Hugues, This is Not a Love Story est un joyau à l'état brut, une humble tragédie à la fois naturelle et d'une générosité rare, à des années lumières des prods potaches qui ont caractérisés le teen movies depuis l'aube des années 2000.

Une bouleversante surprise à la beauté et à la sincérité débordante, qui - à l'instar de Dope -, n'a pas du tout usurpé son statut de sensation au dernier Festival de Sundance, tant sa poésie et sa qualité sont éclatantes.


Jonathan Chevrier