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[CRITIQUE] : Ant-Man


Réalisateur : Peyton Reed
Acteurs : Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas, Corey Stoll, Michael Pena, Judy Greer, Bobby Cannavale, T.I., Anthony Mackie,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Science-Fiction.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h58min.

Synopsis :
Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va devoir apprendre à se comporter en héros et aider son mentor, le Dr Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d’Ant-Man, afin d’affronter une effroyable menace…


Critique :


Dire que la production du dernier opus de la Phase 2 du MCU aura été des plus mouvementée, est bel et bien un doux euphémisme tant il était assez rare de voir la toute puissante Marvel (enfin, Disney) autant peiné que lors de cette seconde salve de productions, un faux monde des rêves déjà ébranlé un peu plus d'un an plus tôt par les soucis internes du sympathique mais un brin bancal Thor : Le Monde des Ténèbres.

L'abandon du précieux Edgar Wright de la réalisation de Ant-Man fut l'un des feuilletons les plus bouillants de l'année ciné 2014, de l'avis de beaucoup (dont nous), l'adaptation du comics de la major ayant même salement accusé le coup du départ du papa de la Cornetto Trilogy, remplacé par le plus malléable Peyton Reed (Yes Man, à ce stade là, ça ne s'invente plus).


Porté par un casting aussi riche qu'alléchant (les précieux Michael Douglas, Paul Rudd et Corey Stoll, mais également les excellents Evangeline Lilly, Michael Pena et Bobby Cannavale) mais balancé un brin à l'arrache en fin de Phase après le gros mastodonte Avengers : L’Ère d'Ultron - mais surtout derrière les deux extraordinaires Le Soldat de l'Hiver et Les Gardiens de la Galaxie -; le film de Reed attirait autant les craintes que les attentes d'un auditoire l'espérant aussi singulier que le film de James Gunn, tout en étant aussi réussi et marqué par l'ADN Marvel (le projet était en production avant même la création du MCU).

Et résultat après vision, si la curiosité de voir ce qu'en aurait donné Wright reste follement intact - sa présence hante le film -, force est d'avouer que ce nouveau bolide made in Marvel méchamment attendu au tournant, n'en reste pas moins un blockbuster divertissant, rafistolé (sa difficile production se ressent tout du long) mais bourré de bonnes idées, et in fine tout aussi proche de la version télé de l'excellente Daredevil qu'un opus des franchises Thor ou Iron Man.

Véritable épilogue de la Phase 2 (le contexte post-L’Ère d'Ultron est rappelé) qui annonce tranquillement mais subtilement la Phase 3 - pluie de caméos à la clé -, très drôle et référencé, Ant-Man surprend en incarnant une épopée nouvelle aux enjeux dramatiques bien plus terre-à-terre et réaliste que pour les précédentes aventures Marvelienne sur grand écran (ici point de conflit mettant en danger la survie de notre belle planète bleue, même si l'histoire se borne à répéter que c'est le cas), mais surtout en suivant l'histoire d'un super-héros sans véritable autre pouvoir que son super costume.


Hybride (à la fois film de superhéros et film de cambriolage) tout en étant dans le même ton assez sage de chaque origin story de la Phase 1 (entre humour et sérieux constant), l'exposition de l'intrigue cite clairement celle d'Iron Man premier du nom et ne dénote pas réellement de la facture Marvel, même si elle manque d'âme là ou la majorité des réalisateurs de la Phase 2 (James Gunn et son space opera délirant, Alan Taylor et son Game of Thrones Shakespearien, Shane Black et son buddy movie pétaradant ou encore les frangins Russo et leur thriller politique des 70's), avait réussi à imprégner leur œuvre de leur patte.

Car la réalisation de la pièce rajoutée du projet (le film transpire tellement l'aura british de Wright et Joe Cornish que s'en est indécent), Peyton Reed, s'avère pas plus inspiré que celle d'un téléfilm de luxe mais est frappée par un farouche manque de dynamisme et d'ambition malgré quelques scènes d'actions enthousiasmantes et lisibles et des CGI globalement satisfaisant (on se croirait face à un Chérie, J'ai Rétréci les Gosses façon insecte 2.0, jouissif mais pas bandant).

Un défaut remarqué, qui souligne d'autant plus les quelques errances de la péloche sur quelques points (des scènes hors de propos ou encore assez bavardes, des fourmis numériques tout du long,...), mais qui n’entache cependant nullement le plaisir certain qu'incarne la vision du film, porté par un casting vedette impliqué.


Paul Rudd incarne à la perfection un Scott Lang qui n'aurait décemment pas pu être camper par un autre comédien (il en impose autant que Robert Downey Jr en Tony Stark et Mark Ruffalo en Bruce Banner, c'est dire), tant son humour décapant et ses allures de regular guy sied parfaitement à cet anti-héros bien plus mature que la majorité des autres Avengers, alliance au sein de laquelle on l'imagine déjà se fondre à merveille.

A ses côtés, à l'instar de Robert Redford dans Le Soldat de l'Hiver, l'inestimable Michael Douglas incarne avec un naturel confondant un véritable pion majeur de l'intrigue dans la peau d'Hank Pym, véritable maitre/père pour Lang.

Tout en intériorité et mué par quelques pincées d'humour bienvenues, le bonhomme fait admirablement le boulot tout comme le génial et (beaucoup) trop sous-estimé Corey Stoll, impeccable et charismatique dans la peau du vilain Darren Cross/Yellow Jacket - rôle un temps promis au tout aussi mésestimé Patrick Wilson.
Plus encore que l'histoire en elle-même, le traitement physique (crane rasé et propre sur lui) et scénaristique de son personnage (le méchant qui veut absolument s'approprier la découverte du héros) rappelle fortement Iron Man et le personnage du grand Jeff Bridges, qui lui ressemble presque comme deux gouttes d'eau.


Côté seconds couteaux, si Michael Pena assume avec intelligence de son statut de sidekick comique en revanche, Evangeline Lilly semble (tout comme dans le sympa Real Steel) un peu patauger dans la semoule dans la peau du personnage inédit de Hope, fi-fille de Pym dont le jeu et même la personnalité, peine à convaincre (SPOILERS : la scène post-générique révèle qu'elle sera la nouvelle Guêpe).

Efficace mais sans valeur ajoutée, Ant-Man est une pause aussi sympathique que salvatrice et divertissante pour la firme aux super-héros avant l'apocalyptique et foutrement alléchant Captain America : Civil War, qui remettra sur les rails du pétaradant et du tout-spectaculaire un MCU qui n'aura finalement jamais été aussi bon que lorsqu'il prend son temps de pleinement se fixer sur ses personnages et de laisser le talent de ces cinéastes opérer.

On se répète, mais c'est tout de même méchamment con que Wright ne se soit pas chargé jusqu'au bout de cette chronique farfelu et prometteuse, on aurait certainement (assurément ?) eu droit à la meilleure péloche Marvel jamais pondue.


Jonathan Chevrier