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[CRITIQUE] : Top Five


Réalisateur : Chris Rock
Acteurs : Chris Rock, Rosario Dawson, J.B. Smove, Gabrielle Union, Tracy Morgan, Kevin Hart, Cedric The Entertainer,...
Distributeur : Paramount Pictures
Budget : 6 000 000 $
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Susan Cooper est une modeste et discrète analyste au siège de la CIA. Héroïne méconnue, elle assiste à distance l’un des meilleurs espions de l’agence, Bradley Fine, dans ses missions les plus périlleuses. Lorsque Fine disparaît et que la couverture d’un autre agent est compromise, Susan se porte volontaire pour infiltrer le redoutable univers des marchands d’armes et tenter d’éviter une attaque nucléaire…


Critique :


On ne le répétera jamais assez mais le génial Chris Rock est décemment l'un des génies comiques les plus sous-estimés de sa génération, le digne descendant de Richard Pryor et Eddie Murphy, malheureusement bouffé par un système Hollywoodien un brin raciste (on ne l'apprend à personne) et auquel il ne se sera intégré que partiellement.

Roi du stand-up - et le mot est faible - et de la satire hilarante mais surtout entertainer d'exception, si le bonhomme s'était fait un peu oublier au cours de la fin des années 2000, il est fort heureusement revenu sur le devant de la scène en pointant le bout de son nez aussi bien dans les productions de son pote Adam Sandler (Copains pour Toujours et sa suite, plus divers caméos dans la plupart de ses films) que dans celles du circuit indé (le 2 Days in New-York de Julie Delpy).


Reste que le Chris n'a jamais été aussi bon que lorsqu'il se mettait lui-même en scène, pour preuve ses excellents Président par Accident (surtout) et I Think I Love My Wife, et l'on attendait avec une furieuse impatience qu'il revienne sur le devant de la scène dans un projet de son propre chef.

Ce qui est chose faite avec la comédie Top Five, sa troisième réalisation ou tout simplement l'un des (très) gros buzz du TIFF 2014, qui a tellement plu à la Paramount - on dira surtout qu'elle a vu en lui un gros outil à faire du billets vert -, qu'elle aurait acheté ses droits de distributions pour la modique somme 12,5 millions de dollars.

Un investissement pas réellement amorti puisque le film n'a pas casser la baraque en salles outre-Atlantique et qu'il est sorti - honteusement - dans l'anonymat le plus total dans les bacs à DVD/Blu-Ray hexagonaux en mai dernier.
Un comble, surtout quand on sait que le film, aussi drôle que piquant et méta, est décemment ce que le Rock nous a offert de mieux depuis (très) très longtemps.


Top Five ou l'histoire sur un tout petit peu moins d'une journée, de l'ancien comique aujourd'hui star de cinéma new-yorkaise Andre Allen qui, en pleine promotion de son dernier film en date, fait la rencontre inattendue d’une journaliste qui va le pousser à se confronter à sa carrière d’humoriste avortée et à son passé.

En tout simplicité et comme l'on est toujours le mieux placé pour parler de soi-même (certain diront qu'il fait preuve de narcissisme, tant pis si ils sont totalement passé à côté du métrage), Chris Rock se raconte à travers une chronique rafraichissante citant autant Funny People que la trilogie des Before - son amitié avec Julie Delpy a laissé des traces -, ou l'on suit deux êtres dans les rues colorées de New-York, qui profiteront d'une interview à rallonge pour remettre en question leur existence écorchée, aussi bien professionnellement que sentimentalement (elle remet en doute ses choix amoureux et lui remet carrément en doute son mariage).

Hautement sympathique, bourrée jusqu'à la gueule de caméos (la majorité de ses amis sont présents, d'Adam Sandler à Jerry Seinfeld en passant par Whoopy Goldberg ou encore Tracy Morgan), bavarde (dans le bon sens du terme, surtout aux vues du génie de ses dialogues) et un peu cul - juste ce qu'il faut -, osé (le tampon au piment, déjà culte) mais surtout profondément sincère, humaine et avec comme fil conducteur - d’où le titre du film - un top five des rappeur US qui suit tous les protagonistes que rencontre le duo Allen/qui aboutira sur le caméo absolument dément de DMX (et sa chanson Smile, qui n'atteindra jamais les bacs malheureusement); Top Five est une étonnante et prenante comédie façon exploration du quotidien d'un clown grincheux - dépendance à l'alcool en prime - sous couvert d'une romance aussi inattendue qu'elle est douce et craquante.


Mieux, conscient de l'apparence assez classique d'autopsie de la célébrité de son point de départ mais surtout de la valeur méta de son oeuvre, Rock met volontairement la comédie plus en retrait et se joue des attentes de son auditoire pour mieux opérer une véritable introspection de lui-même et de sa carrière, comme si à l'instar d'Andre Allen dont la carrière touche le fond (son dernier film est démoli par la critique, sa future femme s'intéresse plus à l'abatage médiatique de leur union qu'à leur union en elle-même), il tentait de se prouver qu'il pouvait faire autre chose que de faire rire les gens à coups de punchlines démentes et potaches.

Si l'on ne sait pas encore la déduction qu'en a tiré le bonhomme de cette psychanalyse, le spectateur lui, ne peut que saluer sa performance incroyablement convaincante, tant il se livre sans artifice avec une honnêteté salutaire (il est rarement tendre avec le business mais aussi lui-même, et s'en est que plus touchant).

Se reposant merveilleusement sur ses personnages - tous excellents jusqu'au plus minime des seconds couteaux -, le duo façon jeu du chat et de la souris qu'il forme par ailleurs avec la sculpturale Rosario Dawson, encore une fois merveilleuse (difficile de ne pas tomber in love d'elle à chaque film) dans la peau d'une journaliste/mère célibataire; fait des étincelles et joue pour beaucoup dans la qualité et le charme du métrage, tant leur alchimie éblouit et s'avère crédible tout du long.


Ambitieux, subtil, attachant et captivant, à la réalisation au cachet très indé et old school mais toujours en osmose avec son propos et avec la beauté incendiaire de la Grosse Pomme (on n'y retrouve pas l'amour inconditionnel de Woody Allen pour New-York mais Rock aime sa ville et elle le lui rend bien); Top Five n'a pas l'audace ni même la maestria du Birdman de Cuaron avec qui il partage de nombreux points communs, il n'en est pas moins un joli moment de cinéma plaisant et au cynisme enjoué.

Chris Rock se moque intelligemment et gentiment de lui-même et on en redemanderait presque, au sein d'une merveilleuse surprise.
Il nous tarde -déjà - que le bonhomme repasse derrière la caméra pour un quatrième film...


Jonathan Chevrier


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