[CRITIQUE] : Victoria
Réalisateur : Sebastian Chipper
Acteurs : Laia Costa, Frederik Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauff,...
Distributeur : Jour2fête / Version Originale / Condor
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Allemand.
Durée : 2h14min.
Synopsis :
5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…
Critique :
Hypnotique et fascinante, #Victoria est une expérience hallucinante dont on ne peut que follement tomber amoureux @jour2fete @VersionVO
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 22 Juin 2015
Férocement tendu et trépidant puisque tourné en temps réel,#Victoria joue avec nos nerfs avec une maestria remarquable @jour2fete @VersionVO
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 22 Juin 2015
Péloche la plus jouissivement buzzé du moment et pure bête de festival (Ours d'Or à Berlin, Grand Prix à Beaune), Victoria signé par l'acteur-réalisateur-scénariste Sebastian Chipper (Un Ami à Moi avec Daniel Brühl) est surtout un pari de cinéma aussi fort que méchamment culotté, puisqu'il incarne un long métrage simplement constitué d'un unique plan-séquence de deux heures et quart.
De quoi faire pâlir de jalousie Inarritu et son exceptionnel Birdman, qui faisait déjà figure de défi impensable en février dernier dans les salles obscures.
Résultat, le mexicain s'en est tout de même tiré avec l'oscar du meilleur film et un place bien au chaud dans le Top 10 (voir même le Top 5, soyons fous) des cinéphiles les plus avertis cette année.
Cocktail détonnant ressemblant fortement à un Cours, Lola, Cours (dans lequel Schipper jouait déjà les seconds couteaux) aux douces allures d'After Hours infernal, le film nous montre sans aucun filtre ni artifice l'intimité d'un bel agneau après une soirée des plus agitées en club, s'éprend de jeunes loups qui ne tarderont pas à lui faire quitter la bergerie pour la transformer en pion essentiel de leur escapade criminelle.
A savoir l'histoire de la craquante Victoria qui, à 5h42, sort d'une boite de nuit berlinoise ou elle vient de fraichement débarquée de son Espagne natale.
Une fois dehors, elle rencontre et sympathise avec Sonne et son groupe de potes.
Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne.
Mais elle va très vite réaliser que la soirée est en train de sérieusement déraper.
Ou quand une simple décision peut littéralement bouleversé toute une existence...
Sans l'ombre d'un doute, Victoria est décemment l'une des expériences les plus folles et intenses qu'il nous aura été donné de voir dans les salles obscures en cette riche année ciné de 2015, une véritable et incroyable claque sans nom filmé avec une virtuosité proprement époustouflante, qui a de grandes chances de faire date dans un septième art européen qui n'aura de cesse de nous surprendre avec des péloches alléchantes et séduisantes face à la sur-présence du cinéma ricain dans nos salles obscures.
Puissant, tendu et furieusement trépidant puisque tourné en temps réel, le métrage jouit d'un parti pris de réalisation aussi exigeant que démentiel qui nous prend littéralement au piège tant il offre une immersion totale a des spectateurs flanqués en témoin intime au plus près l'action et ses acteurs, et qui se demanderont tout du long si cette épopée dramatique et cauchemardesque qui se déroule devant leurs yeux et qui ne cesse de nous échapper, est bel et bien la réalité ou du cinéma.
Hypnotique, fascinant, au scénario simpliste mais in fine bien plus malin qu'il n'en a l'air, avec Victoria Chipper joue admirablement avec nos nerfs tout autant qu'avec les a priori et les personnalités de ses anti-héros - qu'il prend intelligemment le temps de construire -, et surtout celle de son héroïne, dont il piétine l'innocence avec frénésie pour l'obliger a révélé sa vraie nature au sein d'un périple sinueux dont il est décemment impossible d'en sortir indemne.
Mieux, crédible et naturel jusque dans ses dialogues les plus anecdotiques (on ne doute pas une seule seconde de la sincérité des protagonistes), il offre notamment un portrait des plus pertinents sur la jeunesse européenne d'aujourd'hui, élevée dans les inégalités, complétement désœuvrée, en manque d'avenir et capable de tout - même du pire - pour s'en sortir (elle vient d'Espagne, pays bouffé par la crise tandis qu'eux sont d'Allemagne, pays censé incarner le modèle économique number one du vieux continent).
Le tout porté par des acteurs définitivement à suivre et totalement impliqué dans cette aventure bigger than life, Laia Costa en tête, véritable révélation aussi sublime qu'elle est attachante et bouleversante.
Certes pas dénué de quelques clichés faciles et inhérents à tout film de gangsters/polar mais foutrement prenant et vivant, Victoria est un thriller dramatique et contre-la-montre enivrant, une expérience unique et hallucinante, un pur miracle technique et esthétique pris sur le vif dont on ne ne peut que tomber follement amoureux.
Une œuvre qui impose le respect et l'admiration, tout simplement.
Jonathan Chevrier