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[CRITIQUE] : Fast and Furious 7


Réalisateur : James Wan
Acteurs : Vin Diesel, Paul Walker, Dwayne Johnson, Jason Statham, Michelle Rodriguez, Kurt Russell,...
Distributeur : Universal Pictures Releasing France
Budget : 250 000 000 $
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h20min.

Synopsis :
Dominic Toretto et sa "famille" doivent faire face à Deckard Shaw, bien décidé à se venger de la mort de son frère



Critique :


Mai 2011, boosté à bloc par un quatrième opus remettant les compteurs à zéros et offrant une nouvelle jeunesse à la saga après quelques errances et choix douteux collant aux phénomènes de mode de l'époque (Tokyo Drift); Fast Five sort dans les salles obscures mondial, plein de promesses grâce au racolage de Dwayne " The Rock " Johnson et à une volonté de faire de ce cinquième opus plus qu'une simple série B à bagnoles sympathique, étiquette qui collait au pneu de la saga depuis trop longtemps.

Résultat quelques semaines à peine plus tard, le public est en transe devant la qualité indéniable du bolide, le box-office explose sur ses terres comme à l'international et cerise sur le gâteau, les critiques oublient qu'ils ont l'habitude de chier littéralement sur les blockbusters et prennent un vrai pied en salles à mater Dom et ses potes pillés un coffre-fort remplit de tunes et baladé avec fracas dans les rues de Rio, au nez et à la barbe de la mafia locale.

Un opus furieusement jouissif, que beaucoup jugeront comme le plus réussi de la franchise (au même niveau que l'opus original, à l'époque ou Rob Cohen savait encore être divertissant derrière la caméra), et qui poussa Universal (enfin poussé, le mot est très, très fort) à faire que l'aventure s'éternise encore un peu avec Fast and Furious 6, suite direct à l'intrigue de l'opus précédent en plus burnée et folle, shooté au spectaculaire et défiant les limites de la gravité - et de la crédibilité - dans un déballage de testostérone proprement WTF.


Bigger, Better, Faster, une accumulation de moments énormes dont le climax laissait présager un septième film tellement bandant que s'en était indécent, avec l'ajout du Stath' en vilain ultime et vengeur et le précieux James Wan derrière la caméra.
Mais le destin s'en est mêlé, et le héros phare de la franchise, le regretté Paul Walker, s'en est allé alors que les prises de vues de Furious 7 touchaient à leur fin.

Une amputation douloureuse qui laissait planer un sacré doute quand à la légitimité (Walker, " remplacé " par des images de synthèses et ses frangins, really ?), mais surtout la potentielle qualité de ce Fast and Furious 7, au bas mot le blockbuster le plus attendu par chez nous, avec le tout aussi furieux Mad Max : Fury Road de George Miller.

Si Fast 5 tapait frontalement dans la fourmilière du blockbuster lambda en prouvant qu'il était simple de faire un grand film d'action fédérateur sans pour autant user de la 3D (devenue beaucoup trop indispensable), ni même trahir l'honnêteté engagé envers son spectateur et sa riche mythologie (à laquelle il est constamment liée), Fast and Furious 7 enfonce le clou en offrant un show mené tambour battant encore plus imposant, délirant et remarquable, faisant de lui sans l'ombre d'un doute le meilleur métrage des sept Fast and Furious, et la conclusion parfaite à sa saga tout en ouvrant, peut-être, la porte à une nouvelle.


Parce qu'il est évident que le décès de Walker plane de tout son long sur la carcasse meurtri de ce Furious 7, emprunt d'une émotion encore inédite dans la franchise, mais surtout terriblement bouleversante à en chialer.
Impossible pour tout spectateur de ne pas verser sa petite larme sur les ultimes scènes de Paul Walker, un hommage respectueux et émouvant au sein d'un climax certes incroyablement naïf et maladroit mais méchamment sincère, méta (on dit plus au-revoir à Paul qu'à Brian) et puissant.

Ironie du sort ou non, il y offre son ultime performance sur grand écran et décemment la meilleure de la franchise, tant il porte sur ses larges épaules cette suite, au même titre que Vin Diesel dont il est plus que jamais le double attachant, mais également de Dwayne Johnson et Jason Statham.
Plus baraqué que jamais, le " viagra des franchises " gagne en confiance au sein d'une saga ou il incarne clairement un membre important (malgré un temps de présence un poil limité), une caution physique mais également humoristique non-négligeable, tout comme l'inestimable Kurt Russell, excellent en agent de l'ombre.

Le Stath' quand à lui, en impose nettement plus que dans les séries B qui lui sont totalement dévouées, au point de se demander si, comme à l'instar de Braquage à l'Italienne ou encore les Expendables, le bonhomme ne serait pas fait pour être un putain de second couteau de luxe.
Dès l'intro férocement cartoonesque et chaotique dans un hôpital, le bonhomme en impose en figure vengeresse aussi dangereuse qu'imprévisible (il apparait partout, tout le temps), qui n'a que pour seul objectif que de détruire sa cible, à savoir Dom et sa familia, peut en importe le prix.


Un véritable ange de la mort sans limite ou, enfin, un Vrai opposant crédible et charismatique pour une franchise qui manquait cruellement de vrai vilain malgré une composition assez réussite de Luke Evans dans le sixième film.
Et justement, alors que beaucoup pensait que ce sixième opus incarnait les limites du possible dans ce que tout actionner friqué pouvait offrir, Fast and Furious 7 va pourtant encore plus haut, plus fort et plus loin dans la folie jouissive et irréel, épousant pleinement son statut WTF et fantasque pour accoucher d'une œuvre inclassable et incroyablement ambitieuse.

Auto-parodique, référencé, enchainant les genres à une vitesse folle (le film d'espionnage, le polar hard boiled, l'actionner débridé tout droit sortie des 80's), avec une cohérence et un soucis du rythme remarquable, dénué de toute finesse narrative et y allant constamment franco dans le déballage de l'action outrancière - les scènes énormes se comptent à la pelle -, le film est d'une générosité de tout instant jusqu'à un climax excitant dans un Los Angeles fracassé par les drones, un sommet qui a tout du fantasme sur pellicule pour tout amoureux du cinéma burné, mais pas que.

Pas que oui, puisque ce septième film se voit également porté par une fibre émotive (la disparition de Paul Walker mais également l'importance de la famille) plus forte qu'auparavant, qui parachève de consolider le ciment d'une histoire basée sur plus de quinze ans, certes imparfaite mais purement empathique, qui réussit la prouesse improbable de se bonifier de films en films.


Alors tant pis si les intrigues sont aussi minces qu'une feuille de papier cul Lotus, le montage parfois brouillon, si la gestion de l'espace-temps est encore démente, tant pis si le vénéré James Wan peine à marquer de son emprunte la franchise (même si il fait preuve d'un savoir faire exceptionnel et qu'il parsème le film de jolies trouvailles), si le film subit de plein fouet son classement tout public (une violence intense mais sans une goutte de sang, ça fait un peu tâche) tant pis si les dialogues sont caricaturaux et limités à l'extrême (Vin Diesel prend cher comme d'hab); Fast and Furious 7 éblouit son audience pour mieux le piéger dans ses filets, et lui en donner pour son argent dans un divertissement aussi ultra spectaculaire qu’invraisemblable.

Orgasme sur pellicule pour certains, produit purement régressif et commercial pour d'autres, Furious 7 est surtout un merveilleux plaisir coupable comme on en fait que trop peu (tout du moins, d'aussi réussi), une œuvre badass, dévastatrice et jubilatoire qui ne se refuse rien et ne peut décemment laisser indifférent.

One last ride, la famille de Dom nous manquera...


Jonathan Chevrier


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