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[CRITIQUE] : Le Cinquième Pouvoir


Réalisateur : Bill Condon
Acteurs : Benedict Cumberbatch, Daniel Bruhl, David Thewlis, Alicia Vikander, Anthony Mackie, Stanley Tucci, Laura Linney, Carice Van Houten, Peter Capaldi,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : 28 000 000 $
Genre : Biopic, Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h09min.

Synopsis :
En rendant publics des documents confidentiels, ils ont fait vaciller les plus grands pouvoirs de la planète. La révélation d’informations ultra-secrètes explosives a mis en lumière un monde jusque-là inconnu. WikiLeaks a changé la donne à jamais. Comment Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, et Daniel Domscheit-Berg, ont-ils pu obtenir ces documents ? Comment est né leur site qui, en quelques mois, a réussi à révéler bien plus de secrets que tous les plus grands médias officiels réunis ?


Critique :

Si il est toujours assez mal venu, en tant que cinéphile (à ce qu'on dit hein), de comparer un film à une autre, force est d'admettre que, parfois, la comparaison s'impose d'elle-même, et ce, sans que l'on ne puisse y faire quoi que ce soit.

Comparer cet été Jobs et The Social Network n'était, il est vrai, pas toujours justifiable, mais trouver une gémellité au chef d'oeuvre de David Fincher au nouveau film de Bill Condon, Le Cinquième Pouvoir, est en revanche bien plus légitime dans le sens ou le film se vend instinctivement de lui-même comme un calque/descendant direct du biopic de Mark Zuckerberg.

Vendu comme une équipe tragédie grecque ou deux frères/BBF s'associent pour mener a bien un concept révolutionnaire, avant de s'opposer et se brouiller (révélant ainsi les mentalités d'enfoiré ou d'ange, les correspondant), The Fifth Escape alléchait au plus haut point, surtout que les fondements et le mode de fonctionnement de WikiLeaks, tout autant que la personnalité de son créateur Julien Assange, sont des mystères aussi passionnants, que franchement cinéphiliques.

Sauf que Bill Condon et Josh Singer ne sont pas (et le mot est faible) David Fincher et Aaron Sorkin, et du coup leur film, bandant sur le papier, ne décolle jamais, pour la simple et bonne raison que sur ses deux heures de bobines, il n'arrive jamais à capter la puissance de son sujet.
Sans grande base scénaristique, trop volontairement neutre pour vraiment attirer l'intérêt de son spectateur, ne poussant jamais à la réflexion et se complaisant dans une narration aussi bavarde que factuelle, Le Cinquième Pouvoir fuit la complexité et ne transcende jamais son postulat de départ incroyable, ou la notion de la liberté d'information.


Exit donc la profondeur du questionnement politique, morale des artisans de l'organisation, la mise en image de la révolution sociale découlant de la création de Julien Assange et Daniel Berg, ou encore la sensation de poids écrasant  que peut incarner le fait de détenir autant d'informations capitales, de les gérer, que ce soit aussi bien dans la volonté de rendre public la vérité - quoique pas toujours vérifiée -, ou dans les répercussions colossales que celle-ci peut causer sur les personnes concernées.

Le film n'est jamais partisan, une volonté louable si tenté bien sur que la vision qu'il cherche a donner avait un sens et même un but, hors Bill Condon et sa mise en scène aussi lourde que peu inspiré ne semble justement pas vraiment savoir ou ils vont, filmant sans âme une multitude d’événements choisies un peu au hasard, et comblant le vide à coups de sous-intrigues digne d'un thriller de bas étage (les journalistes du Guardian dépassés par les infos confidentielles balancées par WikiLeaks, ou encore celle de la taupe ricaine dont la vie est menacée par ses mêmes informations sans grands enjeux).

Pire même, ce biopic sur l'organisation qui fait trembler les gouvernements du monde entier et son créateur, ne nous apprend justement rien sur ce dit bonhomme et la mission de son oeuvre aussi controversée que sa personne.
Bonjour la légitimité et la crédibilité de l'entreprise donc...

La faute, certainement, a amputée au fait que tout le métrage nous est narré du point de vue Daniel Berg - d'après son propre bouquin dont s'est largement inspiré le script -, qui ne s'est pas gérer pour décrire son ex-meilleur ami comme un sociopathe manipulateur et malhonnête, tout en se donnant d'ailleurs le plus beau rôle dans l'histoire...


Négatif sans inspiration ni inventivité d'un The Social Network qui cherche de tout son long à égaler sans ne jamais y parvenir, franchement facile et manquant cruellement d'ambition, mais fort heureusement sauver de la banqueroute globale grâce aux compositions justes et lumineuses des précieux Benedict Cumberbatch et Daniel Bruhl, Le Cinquiéme Pouvoir est une déception à la hauteur de l'intérêt imposant qu'il suscitait il y a encore quelques temps de cela.

Fade là ou il se devait d'être, au minimum, infiniment fascinant et divertissant, ne glorifiant ni ne s'opposant jamais vraiment à son sujet, le nouveau film de Condon - pourtant un habitué du biopic bien foutu -, n'est pas du tout la claque pertinente et puissante attendue.

Un beau gâchis, du coup pour un film vérité et maîtrisé sur Assange, on repassera...



Jonathan Chevrier


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