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[CRITIQUE] : Le Prix du Passage


Réalisateur : Thierry Binisti
Acteurs : Alice Isaaz, Adam Bessa, Ilan Debrabant,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Natacha, 25 ans, jeune mère célibataire galère pour élever son fils Enzo, 8 ans. Walid, lui, migrant d’origine Irakienne, attend de réunir assez d’argent pour payer son passage vers l’Angleterre. Aux abois, ils improvisent ensemble une filière artisanale de passages clandestins.



Critique :


Le cinéma hexagonal a toujours su plus où moins habilement (la nuance est importante) s'inspirer de l'actualité et de sujets sociétaux bouillants pour nourrir des oeuvres ayant - principalement - pour but de jouer la carte du didactisme, quant elles ne sont pas il est vrai, pipées dès le départ par une vision totalement hors sujet.

Sensiblement au coeur des débats, et pas uniquement du côté de la droite (tout court, extrême compris), la question de la migration clandestine et de ses nombreuses tragédies humaines n'est pas étrangère dans nos salles obscures ses derniers mois : la romance intime Ils sont vivants de Jérémie Elkaïm, le drame socialo-maladroit Les Engagés d'Emilie Frèche où encore le survival tendu Les Survivants de Guillaume Renusson.

Copyright Isaaz et Thierry Binisti/Karl Colonnier/TS Productions

Preuve en est encore ce mercredi avec le troisième effort en date de Thierry Binisti, Le Prix du Passage, qui a pour lui une certaine véracité dans son pendant fictionnel, puisqu'il s'appuie sur le véritable vécue de sa scénariste, Sophie Gueydon, auprès d'associations venant en aide aux migrants.
S'il a beau épouser à la fois les codes du thriller sous tension autant que du drame social, ce qui mue le long-métrage est un désir louable de donner un visage et des âmes à ses hommes et ses femmes qui sont des deux côtés du miroir : ceux en attente de passage et ceux qui à la fois les rejettent où les aident, dont la situation est à la fois à peine meilleure.

Deux visions de la précarité que le cinéaste confronte à travers deux figures aux abois mais étonnamment complémentaires (Natacha, une mère célibataire qui a du mal à joindre les deux bouts, et Walid, migrant irakien qui cherche à réunir suffisamment d'argent pour payer son passage vers l'Angleterre), qui survivent plus qu'ils ne vivent, qui n'ont (vraiment) que faire l'une de l'autre jusqu'à ce que le profit entre en jeu et fracasse leurs barrières morales (une filière clandestine et improvisée de passage vers l'Angleterre, avec les grosses pontes d'un réseau local et la police aux trousses).

Copyright Isaaz et Thierry Binisti/Karl Colonnier/TS Productions

Jamais misérabiliste et dénué de tout jugement envers son héroïne et son basculement - compréhensible - vers l'illégalité, privilégiant intelligemment la carte du dynamisme et du prisme grand public à celle du naturalisme (même si sa mise en scène s'avère plus sage et nettement moins osé que les rebondissements qui nourrit sa narration), Le Prix du Passage, peut-être un poil trop prévisible pour son bien, n'en reste pas moins suffisamment rythmé pour tenir tout du long en haleine son auditoire, totalement vissé sur un fantastique tandem Alice Isaaz/Adam Bessa.


Jonathan Chevrier


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