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[CRITIQUE] : Astérix et Obélix : L'Empire du milieu


Réalisateur : Guillaume Canet
Avec : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel, Jonathan Cohen, Franck Gastambide, Marion Cotillard, Julie Chen, José Garcia, Ramzy Bedia, Jérôme Commandeur, Philippe Katherine, Pierre Richard, Audrey Lamy,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure.
Nationalité : Français.
Durée : 1h51min

Synopsis :
Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon.
Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique.
Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine.
Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…



Critique :


Aussi improbable soit-elle sur le papier, l'idée que Guillaume Canet, dont on est libre d'apprécier où non les efforts précédents (tant que la mauvaise foi n'obscurcisse pas la vérité d'un metteur en scène capable de prendre des risques en sortant assez souvent de sa zone de confort, pour le meilleur - ses premiers efforts - comme pour le pire - ses deux derniers efforts), s'attèle à son tour au mythe Astérix et Obélix n'a finalement rien de dissonant à une heure où le tandem se cherche furieusement au coeur d'un grand écran qui, finalement, est devenu trop grand pour lui depuis la sacro-sainte adaptation d'Alain Chabat, que tous les spectateurs vénèrent - à raison - comme un totem d'humour et de bon goût insurpassable.
Tellement que toute nouvelle aventure en prise de vues réelles des deux gaulois sur grand écran, se voit fracassée en bon et dû forme avant même son arrivée en salles, prétexte à un ballet pas toujours justifié ni justifiable (même si les campagnes promotionnelles n'aident pas) de moqueries et autres jugements hâtifs et stupidement haineux (la qualité d'un film ne se juge réellement qu'à sa vision).

Copyright Christophe Brachet

Totalement conscient des attentes aussi bien que la pression démesurée qu'il doit porter, d'autant que le bonhomme prend lui-même le risque d'accentuer le jeu des comparaisons en reprenant le costume d'Astérix laissé vacant par Édouard Baer (l'un des seuls points positifs du précédent opus), Canet a néanmoins le bon ton de ne pas tant s'aligner sur Mission Cléopâtre comme ses deux récents aînés, que sur celui du premier film signé Claude Zidi, dans une odyssée gloubi-boulga-esque (oui) certes bancale mais un poil plus défendable que prévu.
Articulant une nouvelle fois, comme la majorité des tomes originels qui s'amusent avec la véracité historique de leurs aventures, son histoire sur un choc des cultures et des rencontres plurielles propices à dégainer une pluie de péripéties plus où moins inspirés; L'Empire du Milieu s'apparente très vite, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme, à un film à sketches façon road trip comico-burlesque où les séquences sont bazardées à l'emporte-pièce, nourrissant avec peu d'adresse une intrigue mère prétexte voire même accessoire.

Copyright Christophe Brachet

Car tout du long, ce cinquième long-métrage d'Astérix au montage férocement frénétique, n'a pas où peu de choses à conter à son auditoire, conscient qu'il est sans doute de son manque d'originalité (plus vraiment un défaut en soi) et d'inventivité, autant que de son incapacité à voir plus loin qu'un enchaînement de gags parfois drôles - mais aussi exaspérants -, où ses héros n'ont aucune incidence sur l'histoire (en admettant qu'il y en est réellement une) et où les caméos divers peinent sensiblement à masquer leur aspect artificiel (seul celui de Zlatan Ibrahimovic reste clairement en mémoire), quand ils ne peinent pas à simplement... jouer.
Et pourtant, difficile de totalement taper sur cette énième tentative de reproduire une recette impossible à refaire (quand on ne s'appelle pas Alain Chabat, tout du moins), tant il y a une réelle tentative derrière de la part de Guillaume Canet, de se réapproprier l'essence d'Astérix - jusque dans son interprétation - dans un bon et gros divertissement populaire voulu comme rassembleur, nourrit par un enthousiasme sincère même si sensiblement poussif - à tous les niveaux.

Copyright Christophe Brachet

D'autant qu'il est peut-être le seul cinéaste à avoir réellement mis en perspective (ce que les adaptations animées ont pourtant toujours mis en lumière), la relation savoureusement conflictuelle entre Astérix et Obélix (ici incarné par un Gilles Lellouche qui trouve un équilibre génial entre une réappropriation personnelle et délicieusement enfantine du personnage, et une reproduction des mimiques déjà assimilées par Depardieu dans son interprétation), même si elle ne sert ici que d'artifice et non de coeur à un récit sans corps et consistance.
Dommage, surtout qu'un Jonathan Cohen des grands jours - tout comme José Garcia - vient pimenter une équation qui sans lui, sentirait un peu plus le poisson pas frais.
Pas totalement raté mais pas forcément réussi pour autant, Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu manque de potion magique et d'envie pour réellement plaire et surtout convaincre, tout en étant, paradoxalement, plus attachant et défendable que Astérix aux Jeux Olympiques et Au Service de sa Majesté.
Il y a (toujours) un problème en Gaule...


Jonathan Chevrier