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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Qiu Ju, une femme chinoise


Réalisateur : Zhang Yimou
Acteurs : Gong Li, Lei Lao Sheng, Ge Zhijun,...
Distributeur : Films sans Frontières
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Chinois, Hongkongais.
Durée : 1h41min.

Date de sortie : 9 décembre 1992
Date de ressortie : 27 juillet 2022

Synopsis :
Qinglai, le mari de Qiu Ju, a été humilié publiquement par Wang Tang, le chef du village. Ce dernier est prêt à les dédommager mais Qiu Ju refuse l'argent et veut obtenir des excuses. Pour y parvenir, elle va remonter tous les échelons de la justice chinoise, allant de tribunal en tribunal, jusqu'à la Cour Suprême, car à ses yeux l'honneur n'a pas de prix....



Critique :


Voilà plus de deux ans déjà que l'on a laissé Zhang Yimou avec ce qui est, sans doute, l'un de ses plus bel effort à ce jour : Shadow, un sommet de grâce entre le drame Shakespearien, la fable organique et sauvage à la lisière de l'opéra, et le pur film d'art martiaux renversant, à la symbolique imposante, sublimée par une tension romantique excitante.
À défaut de le revoir dans nos salles obscures avec une nouvelle oeuvre que l'on pourrait chérir avec dévotion, c'est par la petite porte des ressorties plutôt chargées cet été, qu'il nous revient avec le puissant et dépouillé Qiu Ju, une femme chinoise, dominé de la tête et des épaules par sa muse Gong Li (absolument méconnaissable), une nouvelle fois exceptionnelle.
Profondément universel, tant il parle à quiconque qui a déjà été pris dans les méandres de la bureaucratie contemporaine et de sa lenteur irritable, est une pure expérience de cinéma qui transcende les frontières, les langues et même les différences de classe au travers d'un beau portrait de femme, captivante dans sa détermination obstinée à obtenir justice.

Copyright Films sans Frontières

Soit Qiu Ju, enceinte jusqu'au yeux et qui demande des excuses au gouvernement local suite à l'humiliation subie par son mari ouvrier, Qinglai - un coup de pied à l'aine de la part le chef du village après un malentendu verbal.
Sans aide locale, elle voyage au coeur de la ville où elle essaie de lutter contre la bureaucratie apathique de divers établissements institutionnels.
Des bureaux de district aux bureaux municipaux en passant par les tribunaux, Qiu Ju refuse obstinément d'abandonner sa quête rigide et légitime de justice et de réparation, quitte à obstinément utiliser les ressources de sa famille pour arriver à ses fins...
Faisant constamment fi de sa simplicité tout en étant parsemé de quelques notes d'humour parfaitement enlacées dans la narration, Qiu Ju, une femme chinoise est un bijou de fable authentique et spontané à la lisière du documentaire (un aspect renforcé par la mise en scène au plus près des regards), jouant définitivement plus la carte de la comédie dramatico-sociale à l'italienne que du mélodrame familial, où Yimou oppose la campagne et la ville pour mieux pointer avec force l'absurdité de la société chinoise, critiquant férocement sa justice biaisée et sa bureaucratie inhumaine.

Copyright Films sans Frontières

Où comment quand l'autorité - le pouvoir - atteint frontalement l'intimité du peuple, le droit n'est plus vraiment synonyme de justice, obligeant le peuple à faire en sorte que la dignité humaine se doit d'être défendue avec ténacité, même si l'orgueil et la vengeance ne sont jamais récompensés - pas plus que la tolérance et le pardon finalement.
Une merveilleuse (re)découverte.


Jonathan Chevrier


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