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[CRITIQUE] : La Méthode Williams

Réalisateur : Reinaldo Marcus Green
Acteur : Will Smith, Saniyya Sidney, Demi Singleton, Jon Bernthal, Aunjanue Ellis, Liev Schreiber, Tony Goldwyn, Dylan McDermott,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min

Synopsis :
Focus sur la personnalité de l'entraîneur de tennis Richard Williams, père des joueuses mondiales Vénus et Serena. Il n'avait aucune expérience dans le sport mais lorsque ses filles ont eu quatre ans, il a élaboré un plan de 78 pages décrivant l'entraînement des futures championnes. Les sœurs Williams sont devenues deux des plus grandes joueuses de l'histoire du tennis. Serena est sans conteste la meilleure tenniswoman de tous les temps, avec 23 victoires en tournois du Grand Chelem. Venus Williams a remporté sept titres en Grand Chelem.



Critique :


Si derrière tout grand homme, il y a une femme, Reinaldo Marcus Green s'en va nous compter comment derrière deux légendes du sport individuel moderne, il y a... un père.
C'est toute l'entreprise que tend à montrer La Méthode Williams, hagiographie partielle de Richard Williams, paternel déterminé des talentueuses et légendes soeurs Williams, Venus et Serena; un biopic non pas centré sur elles (elles en sont tout de même les productrices), mais sur un homme dont les aspérités ont gentiment été gommés pour coller au standard de la success story made in Hollywood.
Moins une love story entre un père et sa progéniture qu'une reconstitution de la vie du bonhomme, la narration met tellement l'accent sur l'engagement inlassable de Richard, que les deux frangines sont presque des automates dans cette histoire; des sujets à la cour du roi Richard, là où elles sont pourtant des actrices essentielles d'une réussite familiale ou la majorité du crédit ne leur est même pas donné.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Un choix de revers particulier, tant bien qu'il soit évident que Richard adore ses enfants, le spectateur sceptique - ou logique et humain - pourrait intimement se demander où existe la ligne de démarcation entre " despote autoritaire " et "parent aimant et impliqué " (d'autant que le film ne mentionne pas qu'il a volontairement abandonné sa première famille), tant certains des artifices de sa stratégie, sont franchement violents (même si montrés comme des excentricités provocatrices).
Si les accomplissements titanesques de Vénus et Serena sont réelles et inspirants - comme tout bon feel good movie sur le triomphe sportif -, le film ne fait qu'effleurer la complexité de Richard et sa nature profondément exploitante, le casting de Will Smith se faisant même alors involontairement maladroit.
Si sous un certain angle, son personnage a même des allures de Fletcher, le mentor brutal et intransigeant incarné par J.K Simmons dans le formidable Whiplash, le comédien, qui exprime la témérité de Williams avec une certaine ruse facile (peut-être sa meilleure performance depuis À la Recherche du Bonheur), cherche continuellement à creuser l'humanité de Richard Williams, l'éloignant presque autant que le script de Zach Baylin, du terrain de quasi-vilain pour en faire une figure héroïque qui sonne faux.
Arpentant timidement le terrain familier du divertissement sportif puisque dénué de toute tension (car que Venus ou non gagne les matchs mis en images, nous savons ce quelle deviendra) ou même d'envie (les matchs sont cloisonnés dans des cadres claustrophobiques), la péloche dans son ensemble ne parle pas tant de moments clés dans cette éducation tennistique à la dure (des terrains délabrés de Compton aux courts luxueux de la Floride), mais se veut comme la synthèse de tous les facteurs qui ont fait que Serena et Venus ont enrichi l'ADN du tennis féminin mondial.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Indépendamment de ce qui est réellement vrai, de ce qui a été foncièrement adouci et/ou remodelé pour s'adapter à la perspective d'un feel good movie entraînant et inspirant (mais surtout une histoire validée par la famille Williams), La Méthode Williams incarne un drame engageant et chaleureux mais au popotin engoncé entre deux tonalités trop distincts.
Une pièce classique étrangement frustrante et prenante à la fois, pas toujours clair dans ses intentions et laissant en surface tout ce qui aurait pu le rendre plus important et universel (notamment son regard trop distancé sur la dynamique raciale de l'époque, post-Rodney King).
Le film le plus intéressant à faire sur le sujet, sera résolument celui qui sera ou non, raconté du point de vue de Vénus et Serena.


Jonathan Chevrier


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