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[CRITIQUE] : Lui

Réalisateur : Guillaume Canet
Acteur : Guillaume Canet, Virginie Efira, Mathieu Kassovitz, Laetitia Casta, Nathalie Baye,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h28min

Synopsis :
Un compositeur en mal d’inspiration, qui vient de quitter femme et enfants, pense trouver refuge dans une vieille maison à flanc de falaise, sur une île bretonne déserte. Dans ce lieu étrange et isolé, il ne va trouver qu’un piano désaccordé et des visiteurs bien décidés à ne pas le laisser en paix.



Critique :


Si l'on oublie gentiment le très dispensable - pour être poli - Nous Finirons Ensemble (suite directe de ses Petits Mouchoirs), on avait laissé Guillaume Canet avec une introspection un brin Apatow-esque : Rock N' Roll, ou il renouait autant avec l'esprit irrévérencieux de ses débuts de réalisateurs (la sympathique satire sur la starification Mon Idole) qu'il arpentait le sillon peu aborder dans la comédie hexagonale, de la bonne vieille crise de la quarantaine sous fond de remise en question/lâcher prise pseudo-punk.
Un bon gros délire méta insolent, pas toujours maîtrisé mais qui avait le bon ton de titiller son image médiatique par le fondement, en s'amusant à brouiller le vrai du faux tout comme Eric Judor l'avait déjà fait avant lui, dans sa géniale série Platane (dans laquelle Canet joue également, comme quoi il n'y a pas de hasard).

Copyright Christophe Brachet

Et c'est toujours dans cette mouvance d'auto-introspection et de mise en avant de soi-même (que certains s'empresseront de juger excessive et égocentré, ce qui n'est pas totalement faux), non sans une certaine volonté de diversification dans son cinéma (une qualité en soi, même sous couvert d'oeuvres mitigés), que s'inscrit son septième long-métrage, Lui, écrit en trois semaines et tourné en quatre, juste après le premier confinement.
Laissant présager dans sa première bobine plutôt intriguante (un compositeur en mal d’inspiration a laissé femme et enfants à la ville, pour s’isoler dans une baraque sur une petite île bretonne un poil inquiétante et étrange), un glissement - toute propension gardée évidemment -, vers une sorte de cocktail improbable entre le drame psychologique Bergmanien cahotique et mystérieux, et la comédie caustique et décomplexée à la Blier (pensons Le Bruit des Glaçons); le film ne tarde pourtant pas à éventer son mystère (et son sous-texte fantastique finalement peu exploité) et la vacuité d'un parti pris mégalomaniaque bancal, calquant peu ou prou celui du brillant Chambre 212 de Christophe Honoré.
Réflexion absurde et fictionnelle sur une confrontation qui l'est tout autant (puisque quasiment tout se joue ou presque, dans la tête du protagoniste), la narration un brin artificielle ne fait que se tisser autour des mêmes poncifs qui tiraillent un personnage férocement antipathique (infidélité, insatisfaction, complexe d’infériorité...), dont le défilé des projections de ses proches répète inlassablement les mêmes reproches sur une toute petite heure et demie qui en paraît le double, à l'issue ne montrant aucune réelle évolution personnelle et psychologique (tout n'est la faute que de son alter ego/sa part d'ombre pardi, qu'il va falloir accepter ou faire disparaître), puisqu'il n'est placé que comme une victime de lui-même (qu'il ne faut finalement pas accabler).

Copyright Christophe Brachet

Reste alors une poignée de scènes plutôt audacieuses (uniquement basée sur les fantasmes du héros), quelques bons dialogues et l'enthousiasme sincère d'un casting totalement voué à sa cause, trop peu pour relever un égo trip à l'auto-dérision mal dosée et à la réflexion survolée.
Comme quoi il n'y a pas que le gouvernement qui a manqué son déconfinement, Danny Boon et Guillaume Canet aussi, à voir maintenant pour ce dernier, ce vice sera poussé jusqu'à son Astérix et Obélix : L'empire du milieu...


Jonathan Chevrier



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