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[CRITIQUE] : Stillwater


Réalisateur : Tom McCarthy
Acteur : Matt Damon, Camille Cottin, Abigail Breslin,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain, Français.
Durée : 2h20min

Synopsis :
Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2021

Un foreur de pétrole débarque à Marseille du fin fond de l’Oklahoma, pour soutenir sa fille qu’il connait à peine mais qui purge une peine de prison, accusée d’un crime qu’elle nie avoir commis. Confronté au barrage de la langue, aux différences culturelles et à un système juridique complexe, Bill met un point d’honneur à innocenter sa fille. Au cours de ce cheminement intime, il va se lier d’amitié avec une jeune femme du coin et sa petite fille tout en développant une conscience élargie de son appartenance au monde.



Critique :


Il y a quelque chose de profondément grisant mais aussi de frustrant à la fois, à l'idée que le nouveau long-métrage de Tom McCarthy, Stillwater, s'échine à ne jamais correspondre réellement à l'idée de ce que l'on peut supposément se faire de lui, tout en étant in fine assez prévisible - même dans sa singularité assumée -, pour quiconque est un tant soit peu habitué par le cinéma de son auteur.
Articulant tous ses enjeux dramatiques autour d'une question aussi simple qu'intimement tortueuse (et si votre enfant était emprisonnée - à tort selon elle - pour meurtre), tout en étant vaguement inspiré sur l'histoire vraie d'Amanda Knox, le film rappelle les œuvres antérieures de McCarthy - Win Win et The Visitor en tête -, dans sa maniere de subtilement croquer le portrait désordonnée d'âmes tentant de concilier leur chagrin et leur culpabilité suite à un traumatisme indescriptible.

Copyright 2021 Focus Features, LLC.

Des personnages brisés en quête cruelle de connexion avec les autres - et encore plus les siens -, construits de manière spécifiques avant d'être catapultés dans des directions organiques, loin de nos supposées attentes les concernant.
Mélange hybride entre Prisoners, Taken et la filmographie des frangins Dardenne, avec son anti-héros qui semble emmener l'Amérique avec lui à chacun de ses pas, Stillwater étonne dans son désir profond de naturalisme et de véracité, lancé dans une (en)quête de justice et de rédemption d'un père quittant son Oklahoma natal pour Marseille, dans l'espoir de sauver sa fille, accusée du meurtre de sa petite amie et incarcérée depuis plusieurs années.
Un homme aux convictions éprouvées dont le déracinement est aussi désorientant qu'éprouvant, lui qui a du mal à se frayer un chemin à travers une ville et un système judiciaire avec lesquels il n'est pas familier et surtout en conflit, d'autant plus avec sa politesse bourrue et sa sincérité blessée - autodérision et dureté.
Mais à mesure que le récit, joliment immersif et captivant, progresse, McCarthy réoriente son cadre tout en intensifiant son emprise sur le réel (les parallèles tissés entre la France et les États-Unis sont subtiles, et le scénario capte avec pertinence la richesse et l'ambivalence de la cité Phocéenne), embrassant ses penchants mélodramatico-existentiels - dont une tentative de refonte parentale -, mais en faisant avant tout et surtout la part belle à l'humain, un facteur souvent relégué au second plan au sein du revenge movie contemporain.

Copyright 2021 Focus Features, LLC.

Même si les rebondissements quelque peu éculés de son dernier tiers - ou il épouse totalement ses atours de thriller - viennent un brin entacher le tout, ils contribuent néanmoins à souligner le thème majeur d'une étude de personnage réfléchie et complexe : la capacité extraordinaire des gens à pouvoir changer, même dans des circonstances particulières, leur laissant d'ailleurs ici une chance de paix intérieure si, par miracle, elles ont encore la force de vivre avec.
Dans une Marseille bouillonnante et organique (superbe photographie de Masanobu Takayanagi), Matt Damon, aux côtés d'une Camille Cottin émouvante et d'une Abigail Breslin convaincante, y trouve même l'un de ses rôles les plus puissants et digne, démontrant si besoin était, son incroyable polyvalence.


Jonathan Chevrier



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