[CRITIQUE] : Sans signe particulier
Réalisatrice : Fernanda Valadez
Acteurs : Mercedes Hernández, David Illescas, Juan Jesús Varela,...
Distributeur : Bodega Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Mexicain, Espagnol.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Magdalena entreprend une traversée du Mexique à la recherche de son fils, disparu lors de son trajet vers la frontière. Durant son parcours, Magdalena fait la connaissance de Miguel, un jeune homme qui vient d’être expulsé des États-Unis. C’est ainsi qu’ils s’accompagnent : Magdalena à la recherche de son fils, Miguel attendant de retrouver sa mère, dans un territoire incertain où déambulent ensemble victimes et bourreaux.
Critique :
La statistique est aussi effrayante qu'elle tranche véritablement dans le coeur des choses : 73 000 personnes sont actuellement portées disparues au Mexique, dont près de la moitié signalées depuis 2018.
Avec un aplomb assez extraordinaire pour un premier long-métrage, la wannabe cinéaste mexicaine Fernanda Valadez donne vie à une poignée de ces chiffres avec son captivant Sans signe particulier, examinant au plus près l'horreur et les frustrations de ce qui peut se voir comme une " crise " de disparus.
Douloureuse mais délicate méditation sur le deuil, le film s'attache au lent calvaire mâtiné d'espoir de Magdalena, dont le fils Jesús, accompagné de son meilleur ami Rigo, s'est lancé dans un voyage vers le nord pour traverser la frontière et rejoindre l'Arizona.
Deux mois s'écoulent et sans le moindre mot des deux adolescents, la mère de famille - accompagnée par celle de Rigo, Chuya -, décide de quitter leur village pour demander de l'aide aux autorités locales.
Là-bas, face à l'indifférence de policiers ne pouvant enquêter sur des " affaires sans crimes ", elles découvrent au sein l'un des nombreux classeurs remplis de photos de corps non identifiés, la dépouille de Rigo, mais point celle de Jesús : les deux gamins étaient dans un bus pour Juárez, lorsqu'il a été arrêté par des bandits, et seuls quelques passagers ont pu s'en sortir.
Magdalena, vissée à l'énergie d'un espoir impossible, traverse le pays et fait la rencontre de Miguel, qui, expulsé des États-Unis, retourne chez lui et espère retrouver sa mère.
Et alors qu'ils cherchent ensemble leurs proches disparus, chacun agit avec l'autre comme la famille de substitution dont ils ont besoin en ces terres dangereuses et incertaines, un fils de fortune pour une mère de fortune...
Fable hantée frappée autant par la tragédie que par la noirceur qui peut habiter l'humanité, le film se fait la reconnaissance sophistiquée et cruelle de l'impuissance à laquelle les migrants sont confrontés; une oeuvre qui ne masque jamais la violence de l'oppresseur, mais lui préfère la détresse et l'angoisse constante des oppressés - ici indirects.
Entre la véracité et le minimalisme du documentaire, agrémenté par la réalisation dynamique et confiante de Valadez (qui créer constamment de la profondeur dans ses cadres, en mettant subtilement en scène l'action en arrière-plan, renforçant de facto le climat anxiogène qui enlasse déjà son récit), et l'aspect presque surréaliste d'une errance road-moviesque dévastatrice (qui se clôt sur un dénouement absolument terrible); Sans signe particulier est un premier effort aussi sensible qu'il est radical et peu complaisant, vissé sur l'amour d'une mère confrontée frontalement à la barbarie humaine.
Une sacré expérience.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Mercedes Hernández, David Illescas, Juan Jesús Varela,...
Distributeur : Bodega Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Mexicain, Espagnol.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Magdalena entreprend une traversée du Mexique à la recherche de son fils, disparu lors de son trajet vers la frontière. Durant son parcours, Magdalena fait la connaissance de Miguel, un jeune homme qui vient d’être expulsé des États-Unis. C’est ainsi qu’ils s’accompagnent : Magdalena à la recherche de son fils, Miguel attendant de retrouver sa mère, dans un territoire incertain où déambulent ensemble victimes et bourreaux.
Critique :
Entre la véracité et le minimalisme du documentaire et l'aspect presque surréaliste d'une errance road-moviesque dévastatrice, #SansSigneParticulier est un 1er long sensible, radical et peu complaisant, vissé sur l'amour d'une mère confrontée frontalement à la barbarie humaine. pic.twitter.com/F0V3MnK9Yr
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 23, 2021
La statistique est aussi effrayante qu'elle tranche véritablement dans le coeur des choses : 73 000 personnes sont actuellement portées disparues au Mexique, dont près de la moitié signalées depuis 2018.
Avec un aplomb assez extraordinaire pour un premier long-métrage, la wannabe cinéaste mexicaine Fernanda Valadez donne vie à une poignée de ces chiffres avec son captivant Sans signe particulier, examinant au plus près l'horreur et les frustrations de ce qui peut se voir comme une " crise " de disparus.
Douloureuse mais délicate méditation sur le deuil, le film s'attache au lent calvaire mâtiné d'espoir de Magdalena, dont le fils Jesús, accompagné de son meilleur ami Rigo, s'est lancé dans un voyage vers le nord pour traverser la frontière et rejoindre l'Arizona.
Deux mois s'écoulent et sans le moindre mot des deux adolescents, la mère de famille - accompagnée par celle de Rigo, Chuya -, décide de quitter leur village pour demander de l'aide aux autorités locales.
Là-bas, face à l'indifférence de policiers ne pouvant enquêter sur des " affaires sans crimes ", elles découvrent au sein l'un des nombreux classeurs remplis de photos de corps non identifiés, la dépouille de Rigo, mais point celle de Jesús : les deux gamins étaient dans un bus pour Juárez, lorsqu'il a été arrêté par des bandits, et seuls quelques passagers ont pu s'en sortir.
Copyright Bodega Films |
Magdalena, vissée à l'énergie d'un espoir impossible, traverse le pays et fait la rencontre de Miguel, qui, expulsé des États-Unis, retourne chez lui et espère retrouver sa mère.
Et alors qu'ils cherchent ensemble leurs proches disparus, chacun agit avec l'autre comme la famille de substitution dont ils ont besoin en ces terres dangereuses et incertaines, un fils de fortune pour une mère de fortune...
Fable hantée frappée autant par la tragédie que par la noirceur qui peut habiter l'humanité, le film se fait la reconnaissance sophistiquée et cruelle de l'impuissance à laquelle les migrants sont confrontés; une oeuvre qui ne masque jamais la violence de l'oppresseur, mais lui préfère la détresse et l'angoisse constante des oppressés - ici indirects.
Entre la véracité et le minimalisme du documentaire, agrémenté par la réalisation dynamique et confiante de Valadez (qui créer constamment de la profondeur dans ses cadres, en mettant subtilement en scène l'action en arrière-plan, renforçant de facto le climat anxiogène qui enlasse déjà son récit), et l'aspect presque surréaliste d'une errance road-moviesque dévastatrice (qui se clôt sur un dénouement absolument terrible); Sans signe particulier est un premier effort aussi sensible qu'il est radical et peu complaisant, vissé sur l'amour d'une mère confrontée frontalement à la barbarie humaine.
Une sacré expérience.
Jonathan Chevrier