[CRITIQUE] : Notturno
Acteur : -.
Distributeur : Météore Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien, Français, Allemand.
Durée : 1h40min
Synopsis :
De combien de douleurs, de combien de vies se compose l’existence au Moyen-Orient ? Notturno a été tourné au cours des trois dernières années le long des frontières de l’Irak, du Kurdistan, de la Syrie et du Liban ; tout autour, des signes de violence et de destruction, et au premier plan l’humanité qui se réveille chaque jour d’une nuit qui paraît infinie.
Critique :
Profondément mélancolique, puissant et tragique, #Notturno est moins un documentaire sur un quotidien en temps de guerre au Moyen-Orient que sur la vie qui suit son cours, un tableau sans frontières compatissant et universel qui trouve sa vérité dans une humanité prosaïque. pic.twitter.com/xLbcnsS8gE
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 21, 2021
Depuis quelques années maintenant, non pas que le sujet n'avait jamais été pleinement abordé auparavant, force est d'admettre que le septième art mondial a connu un afflux conséquents de puissantes oeuvres fonctionnelles mais surtout documentaires, examinant les troubles humains au Moyen-Orient et la crise des réfugiés frappés par des guerres incessantes, et un règne sans partage de la tyrannie, de la cupidité et du terrorisme.
Avec une caméra plus affûtée que la moyenne, le cinéaste italien Gianfranco Rosi fait de son Notturno un portrait de vie à la fois lyrique et dévastateur au coeur du chaos, un film prenant totalement fait et cause de cette population tiraillée par les conflits et n'ayant jamais peur de tout montrer; des personnes essayant de vaquer à leurs occupations quotidiennes aux prisonniers de l'Etat islamique, en passant par un jeune couple fumant dans un narguilé, tentant de faire fit des bruit des coups de feu - pas si - lointains qui résonnent tout au long du film.
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Dénué de tout récit conducteur ou de personnes/personnages pleinement identifiées, laissant l'action - ou tout simplement parfois le manque d'action et l'immobilité - habiter l'écran (une mise en scène statique qui en décontenancera sans doute plus d'un), Rosi croque un portrait lent et obsédant d'une région du monde littéralement ravagée, un regard aussi élégant que contemplatif prenant le pouls des paysages façonnés par des forces extérieures brutales (ici celles de la Syrie, de l'Irak, du Liban et du Kurdistan).
Profondément mélancolique et tragique (il est aussi difficile parfois de regarder le film, autant qu'il est également impossible de totalement en détourner le regard), dans sa manière de rendre digne et élégante la résilience de peuples jamais totalement résignés, tout en n'exploitant jamais trop ses séquences les plus dramatiques (comme celle, déchirante, d'enfants montrant des dessins retranscrivant les traumatismes violents dont ils ont été temoins); Notturno est moins un documentaire sur un quotidien en temps de guerre que sur la vie qui suit son cours, un tableau sans frontière compatissant et universel qui décèle sa vérité dans une humanité prosaïque.
Jonathan Chevrier