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[CRITIQUE] : Délicieux


Réalisateur : Éric Besnard
Avec : Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Lorenzo Lefebvre, Benjamin Lavernhe, Guillaume de Tonquédec,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Historique, Comédie.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h53min

Synopsis :
A l’aube de la Révolution Française, Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux, est limogé par son maître le duc de Chamfort. La rencontre d’une femme étonnante, qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s’émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution. Ensemble, ils vont inventer un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra clients… et ennemis.



Critique :


On avait laissé Eric Besnard avec une comédie familiale ronronnante l'an dernier, L'esprit de famille, touchant récit sur le deuil qui enfonçait malheureusement un bon gros paquet de portes (trop) ouvertes pour marquer la rétine.
En cette rentrée ciné plutôt chargée, il nous revient un vrai petit bout de cinéma feel good et appétissant avec Délicieux (co-écrit avec Nicolas Boukhrief), ou il mêle plaisir de la bouche et ravissement des sens avec le crépuscule de la Révolution française, au coeur d'un récit d'émancipation à forte tendance romantique dont les petits ajustements/arrangements avec l'histoire (le premier restaurant made in France ne date pas de 1789) ne font que renforcer la pertinence de son point de vue.
Soit les aléas de Pierre Manceron, cuisinier talentueux mais bien trop frondeur, loué à la noblesse et plus précisément au duc de Chamfort, dont la maison est le fruit de rassemblement d'une cour aussi exigeante qu'abjecte de condescendance.
Persuadé de sa maîtrise dans le mariage des saveurs et sa facilité à conquérir les palais qui se présentent devant ses plats, il pousse son génie un chouïa trop loin en proposant un plat " audacieux ", qui lui vaudra les foudres d'une aristocratie qui s'amusera à l'humilier sans ménagement, mais aussi à son renvoi sur le champ.

Copyright Jérôme Prébois / 2019 Nord-Ouest Films

Mais aidé par son fils Benjamin et une mysterieuse - mais enthousiaste - apprentie, il va créer le premier " restaurant ", et créer un lieu pour les amoureux de la bonne chère...
En confrontant subtilement la notion d'échec à celle de la renaissance/réinvention de soi, la superficialité/médisance de la bourgeoisie/noblesse à celle l'émancipation (professionnelle et intime) et d'un élan de liberté du peuple; Besnard compose une symphonie délicieuse - d'où le titre - sur la créativité et le partage, à la direction artistique appliquée (le cinéaste s'appuie sur la superbe photographie de Jean-Marie Dreujou, pour composer ses plans comme des tableaux d'époque).
Un feel good movie colorée aux accents économico-sociaux et contemporrains aussi ironiques qu'ils sont savamment saupoudrés par l'élan révolutionnaire d'une envie d'égalité et d'un renversement du pouvoir établi.
Dominé par les partitions aux petits oignons du tandem Grégory Gadebois/Isabelle Carré et d'un casting de seconds couteaux hauts en couleur (Benjamin Lavernhe en tête), Délicieux à tout de la fable gastronomico-historique charmante et enlevée, une séance douce et audacieuse qui fait du bien, et on en a tous intimement besoin.


Jonathan Chevrier


 

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