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[FUCKING SERIES] : Cruel Summer saison 1 : Souviens-toi... les étés derniers



(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


À une heure ou la proposition en salles est, paradoxalement, plus importante que jamais alors que les restrictions gouvernementales empêchent drastiquement leur accès; les plateformes de streaming ne gonflent pas plus que cela leurs propositions, même si quelques-unes de leurs séances télévisées ou cinématographiques, arrivent tout de même à susciter l'intérêt.
Clairement de celles-ci, avec sa manière de gentiment convoquer une ambiance teen movie tout droit sortie des 90s (logique dans un sens, puisque son intrigue se situe justement dans la première moitié de la décennie), Cruel Summer qui vient tout juste de débarquer sur Amazon Prime, déroule une intrigue aussi retorse que perverse.

Copyright Freeform/Bill Matlock

Si chaque épisode est fixé sur une journée bien spécifique sur trois étés au coeur des années 90, le récit centrale s'articule sur le bouleversement du quotidien de deux adolescentes bien distinctes, la naïve Jeanette Turner, et la reine du bahut Kate Wallis, la première étant intimement liée au kidnapping de la seconde.
Par la force de deux portraits croisés, chaque épisode alternant intelligemment leurs points de vue pour mieux combler peu à peu les vides entre les années durant lesquelles Kate a été kidnappée (Jeanette deviendra dès la nouvelle fille populaire du lycée, avant de devenir l'une des jeunes femmes les plus détestés du Texas et même du pays); le show chapeauté par Bert V. Royal (dont le Easy A était déjà férocement pertinent sur la pression psychologique et sociale démesurée exercée sur les adolescentes d'aujourd'hui), croque un auscultation acérée et captivante sur une jeunesse américaine perturbée et perturbante, littéralement broyée par des attentes familiales et sociétales ou chaque regard, intime comme extérieur, ne fait que renforcer la pression autour d'elles.
Poussant (sans doute un peu trop pour son bien) sa narration linéaire à l'extrême (même si ce n'est pas aussi déroutant que pour Westworld, le show ayant le bon goût de marquer ses temporalités visuellement mais aussi plus simplement, via les personnalités de des deux héroïnes), quitte à laisser pointer un peu trop souvent ses aspects alambiqué, il laisse aussi et surtout pointer une certaine frustration dans sa volonté de toujours condenser toutes ses intrigues sur une seule et même journée : une focalisation limitée signifie un contexte limité pour les actions et la dynamique des personnages, et si son va-et-vient temporel est au départ divertissant et crée un vrai suspense, sa répétitivité use réellement son auditoire sur la durée.

Copyright Freeform/Bill Matlock

Néanmoins (très) divertissant dans sa forme - même si inutilement complexe -, et encore plus lorsqu'il se focalise sur la psyché et les zones grises des personnalités de ses deux héroïnes (solidement incarnées par Chiara Aurelia et Olivia Holt, qui semblent différentes à chaque été), Cruel Summer, et sa peinture non-stéréotypée de l'adolescence, est un excellent petit moment de télévision à la profondeur inattendue, qui a le bon goût de ne pas trop sensationnaliser son mystère (coucou Pretty Little Liars), et de lui offrir un contexte aussi réaliste que peuvent l'être les répercussions d'une telle tragédie sur une petite communauté (notamment dans le rapport mère-fille, ici habilement mis en parallèle entre les deux tandems Jeanette/Cindy Turner et Kate/Joy Wallis).
Vivement la suite donc.


Jonathan Chevrier


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