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[CRITIQUE] : Fragile


Réalisatrice : Emma Benestan
Acteurs : Yasin Houicha, Oulaya Amamra, Raphaël Quenard,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Az travaille chez un ostréiculteur à Sète. Les huîtres il connaît ça par cœur, il les ouvre par centaines. Dans l’une d’elle, Az décide de cacher une bague, pour demander sa petite amie Jess en mariage. Elle ne dit pas oui. Heureusement, sa bande d’amis est prête à tout pour l’aider à sortir la tête de l’eau.



Critique :


Les petites bouffées d'air frais romantico-estivales nous viennent habituellement de l'autre côté de l'Atlantique, raison de plus donc pour savourer un tant soit peu le fait qu'elle vienne cette fois bien de chez nous, d'autant plus quand cette proposition s'avère également le premier passage derrière la caméra d'un long-métrage, d'une wannabe cinéaste.
C'est la proposition qu'incarne le joliment dynamique et attachant Fragile d'Emma Benestan, récit initiatique et cathartique pétri d'insouciance flanqué sous le soleil enivrant des plages Héraultaises.
Soit l'histoire du sympathique Azzedine - surnommé Az -, un jeune ostréiculteur élevé dans une famille de femmes et jugé trop " fragile " - d'où le titre - par ses potes, qui se met en tête de demander sa petite amie Jess, starlette locale de série télé, en mariage.
Le hic, c'est qu'elle n'a jamais eu l'intention de dire oui, et qu'elle n'avait pas forcément envie non plus, d'avoir un vrai avenir avec Az puisqu'elle va in fine le larguer pour l'un de ses partenaires de jeu.
À lui désormais de digérer sa rupture et de sortir la tête de l'eau, en suivant des amis qui sont justement là pour l'aider, comme Lila, qui lui propose de lui apprendre la danse pour essayer de reconquérir Jess...

Copyright Haut et Court

Relecture affirmée du mythe de Pygmalion autant qu'une inversion rafraîchissante du rapport de forces et des codes de la comédie romantique (romance improbable et happy ending en prime), la péloche roule gentiment sa bosse en terrain balisé, même dans ses références presque obligées (Dirty Dancing en tête), tout en parvenant constamment à captiver l'attention et susciter l'empathie, ne serait-ce que par la force de ses personnages humains et intelligemment sculptés (même dans ses supposés caricatures) et sa réflexion plutôt pertinente sur la masculinité et sa vulnérabilité rarement assumée - et encore plus avec des figures adulescentes.
Prévisible et schématique mais d'une sincérité et d'un charme à toute épreuve, aussi bien grâce à sa jolie galerie de comédiens et comédiennes au diapason (Yasin Houicha, Oulaya Amamra et Guillermo Guiz en tête) qu'à une photographie naturelle de d'Aurélien Marra; Fragile est une évasion légère et solaire qui n'a pour seul but que de camper un petit morceau d'humanité certes oubliable, mais pas loin d'être essentiel en ces temps furieusement morose, mais surtout de représentation limitée de ce que peut incarner la jeunesse - ou la vie - au coeur des banlieues.
Un modeste feel good movie, comme l'été ciné aurait dû en dénombrer à la pelle...


Jonathan Chevrier