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[CRITIQUE] : Rounds


Réalisateur : Stephan Komandarev
Avec : Aleksandar Aleksiev, Ivan Barnev, Assen Blatechki, ...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Policier, Drame.
Nationalité : Bulgare, Serbe, Français.
Durée : 1h48min

Synopsis :
Une nuit à Sofia, en apparence semblable à toutes les autres. Deux officiers de police retrouvent à proximité d’une voie ferrée le corps de Lazar, toxicomane bien connu de leur service. C’est ainsi que tout commence dans la nuit du 9 novembre 2019, 30 ans, jour pour jour, après la chute du mur de Berlin et du changement de régime en Bulgarie. Trois équipes de policiers patrouillent dans les rues de la capitale, exerçant leur métier d’une manière qu’ils pensent juste, tout en affrontant les défis que pose la réalité contemporaine du pays.


Critique :


Alors que le festival Reims Polar vient tout juste de dégainer son (excellent) palmarès, il ne reste qu'une poignée d'heures pour que les spectateurs puissent se jeter autant sur les lauréats - mais pas que - de la section compétition, que sur toutes les autres péloches de la riche sélection qu'il fut bien difficile (impossible ?) de mirer dans son intégralité.
Et dans la jolie liste d'immanquables, il est de bon ton d'y faire figurer Rounds du prolifique et éclectique scénariste et réalisateur bulgare Stephan Komandarev, sorte de film somme ou presque, dont émerge une quintessence de ses thématiques et de sa structure narrative.
Plongée à la fois ironique et solennel au coeur d'une patrouille nocturne mouvementée d'une poignée de flics oeuvrant à Sofia, la péloche peut intimement se voir comme un puzzle de micro-récits éclatés aux sujets prenants et brûlants (la traite des êtres humains, l'euthanasie et la corruption institutionnelle,...), comme autant de coups de poings plus ou moins habilement assénés, à la politique bulgare.

Argo Film / NOVA

Réponse directe à son brillant Taxi Sofia (le film serait le second opus de la trilogie pensée par Komandarev), passé par Cannes en 2017, film choral examinant l'injustice et les inégalités sociale de la Bulgarie contemporaine (à travers une série de vignettes qui se heurtaient dans une énergie nerveuse et furieuse), mais capté avec une urgence plus fiévreuse et à la lisière du documentaire, Rounds scrute avec authenticité le quotidien de la police sans jamais les idéaliser, dévoilant leur réalité avec impartialité sans en masquer la moindre parcelle d'ombre (des abus - volontaires ou non - qui ont un prix aux dilemmes moraux et professionnels, qui dans leur cas peuvent coûter une vie humaine ou leur dignité).
Traitant des représentants de la loi lors d'une nuit importante (celle qui marquait le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin et, plus directement du changement de régime qui s'ensuit pour la Bulgarie) pour mieux observer l'état de son propre pays dans son ensemble, le cinéaste croque une chronique résolument sombre - mais pas pour autant désespéré -, caustique et cruel à la fois, cite directement le Collision de Paul Haggis, et fait de son cinquième long-métrage un polar mélodramatique se faisant le miroir triste d'une démocratie encore jeune, qui peine a trouvé encore sa place en Europe.


Jonathan Chevrier


 

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