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[CRITIQUE] : ADN


Réalisatrice : Maïwenn
Acteurs : Maïwenn, Fanny Ardent, Louis Garrel,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de la famille sont compliqués et les rancœurs nombreuses... Heureusement Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex. La mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige. Dès lors elle va vouloir comprendre et connaître son ADN.




Critique :


Plus qu'ADN, le cinquième long-métrage de la cinéaste Maïwenn aurait très bien pu s'intituler Chaos, tant est si bien quelle s'est toujours aussi habilement retranscrire celui qui règne entre ses divers personnages, que provoquer ce (res)sentiment à son auditoire, toujours plus ou moins divisés par ses oeuvres.
Mais si Mon Roi avait su convaincre au moins du côté de ses performances et de l'écriture de ses personnages, ce nouvel effort peine sensiblement plus à ne pas laisser de marbre - malgré une partition générale remarquable -, incarnant sans doute ce qui peuvent être les limites de ce mélange complexe entre autofiction - à la lisière du documentaire - et cinéma traditionnel.
Chronique amère sur l'éloignement progressif d'une étreinte familiale brisée, glissant peu à peu vers une quête consumante sur des racines enterrées par le temps, par une mère abattue dont le déclic vient suite au décès d'un grand-père algérien; ADN attire autant qu'il désarçonne dans son tumulte émotionnelle et psychologique qui tourne sévèrement en rond.

Copyright Le Pacte

Laissant trop longtemps son scénario s'enfermer dans une symphonie hystérique de dysfonctionnements et de comportements déplorables (entre anciennes rancunes et nouvelles blessures qui grossissent et disparaissent), un nuage de fils barbelés qui, bien qu’il soit indéniablement revigorant, devient vite écrasant voire frustrant au point d'annihiler son message plutôt beau sur les notions de partages et d'écoute - ou non - au sein d'une famille extravagante et dévastée, même si méchamment tire-larmes.
Une frustration qui se retrouve également quand le récit se concentre, sans ne rien dire d'autre sur son héroïne que sa propre fixette, sur la quête obsessionnelle/crise identitaire troublante de Neige, l'isolant dans un monde solitaire de tests ADN et de rapport intime à l'Algérie, aussi pâle que ce que peut évoquer le prénom de son héroïne.
Reste donc alors, au milieu de quelques vraies fulgurances et un ton résolument plus posé qu'à l'accoutumée (bien équilibré par la belle partition de Stephen Warbeck), une direction d'acteurs de haute volée ou un casting totalement voué à sa cause, délivre quelques-unes de ses plus belles performances de récentes mémoires (d'une Marina Vacht électrisante à une Fanny Huppert flamboyante en matriarche carnassière, en passant par un Louis Garrel hilarant), dans une galerie d'instants manquant cruellement de liants et surtout de coeur, laissant trop vite et trop fort transparaître les grosses ficelles d'un simili-égo-trip lourd et bruyant, dont on ne retire pas grand chose.


Jonathan Chevrier


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