[CRITIQUE] : Violation
Réalisateurs : Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli
Acteurs : Madeleine Sims-Fewer, Anna Maguire, Jesse LaVercombe,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Epouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h47min.
Synopsis :
Le mariage de Miriam est en péril. Elle décide avec son mari de tenter de recoller les morceaux le temps d'un week-end dans sa ville natale chez sa soeur et son beau-frère. A la suite d'une trahison terrible, Miriam, choquée et bouleversée, décide alors de se venger...
Critique :
À la fois cauchemardesque et terriblement réel, anxiogène aussi bien dans son propos que dans sa mise en scène, #Violation autant un film sur le traumatisme que sur la vengeance, une expérience bouleversante, exténuante - dans le bon sens - mais surtout extrêmement intelligente. pic.twitter.com/KQJAw4zGDt
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 8, 2021
À la fois cauchemardesque et terriblement réel, Violation, fruit d'une implication sans borne de Madeline Sims-Fewer (actrice vedette, scénariste, productrice et co-réalisatrice avec Dusty Mancinelli), arpente douloureusement le chemin sinueux du rape and revenge tout en ayant constamment une volonté de réalisme tellement crue et viscérale, quelle invoque autant l'empathie que l'implication profonde de son auditoire, plus que bon nombre des efforts récents du genre.
Tragédie sombre et brutale qui flirte avec le genre horrifique, le film reste constamment fixé sur le trauma de Miriam, une femme quasiment au bord du divorce, alors qu'elle subit une "trahison" inhumaine de son beau-frère, Dylan.
Incapable de se confier à son mari et littéralement méprisée par sa sœur, Miriam prend sa catharsis en mains, avec les immenses ravages qui vont avec...
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Dans un désir frontal de tirer par le col son spectateur pour l'amener dans le monde tortueux de son héroïne (qui traite délicatement des ravages que peuvent faire certains abus sur un esprit), ou le moindre repère est profondément troublé (aucun ordre chronologique, juste des bribes douloureuses d'une mémoire traumatisée), Violation croque avec une approche naturaliste au symbolisme il est vrai un peu lourd dans sa volonté de dépeindre la violence contre nature (notamment dans son évocation imagée d'un retour à l'instinct primaire/animal, qui n'avait pas besoin d'être surligné par le superbe cadre forestier québécois), une quête méthodique de justice impossible d'une femme au bord du gouffre, qui va découvrir le coût terrible et aux réalités viscerales, qu'implique le fait de répondre à la violence avec encore plus de violence.
Anxiogène dans sa mise en scène (faite de gros plans extrêmes intensifiant au'ssi bien qu'ils obscurcissent, tous les actes horribles commis) autant que dans ses parti pris (de longues scènes mutiques, ou seuls les sanglots ou les respirations appuyées viennent rompre un silence de mort), confrontant le public à sa propre complicité - un peu comme le bouillant Irréversible de Gaspar Noé - et dominé par un naturalisme captivant (que ce soit dans ses performances, remarquables, ou dans ses conceptions sonores); Violation est autant un film sur le traumatisme que sur la vengeance, une expérience bouleversante, exténuante - dans le bon sens - mais surtout extrêmement intelligente dans sa façon de nous laisser macérer dans un abîme sans fond.
Jonathan Chevrier