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[CRITIQUE] : Godzilla vs Kong


Réalisateur : Adam Wingard
Acteurs : Kyle Chandler, Millie Bobby Brown, Alexander Skarsgård, Rebecca Hall,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min.

Synopsis :
À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète.



Critique :


Godzilla vs Kong aurait pu/dû être le sauveur de nos salles obscures, ce bon gros divertissement régressif et bruyant qui tâche, nous faisant prendre un pied du tonnerre tout en ne cherchant jamais à nous faire travailler plus que cela, nos méninges.
On y croyait, même il y a encore quelques jours alors que la Warner ne se sentait pas encore obligé de combler les trous d'une stratégie intelligente sur ses terres (la sortie dans des salles de plus en plus ouvertes, avec une diffusion conjointe sur HBO Max), mais complètement à l'ouest à l'internationale, là où toutes les salles étaient fermées - quasiment partout.
Sauf que voilà, alors que la firme cultive encore un doute à la limite du ridicule (comment laisser espérer une sortie dans les cinémas, même événementielle, alors que le calendrier dégueule de sorties/ressorties à gogo ?), il va falloir nous contenter de nos bons vieux petits écrans pour mirer ce qui est, clairement, un pur blockbuster estival comme on les aime, perfectible mais savoureusement jouissif.

Copyright 2021 LEGENDARY AND WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. ALL RIGHTS RESERVED. GODZILLA TM & © TOHO CO., LTD.

Réunion annoncée d'un Monster Universe dont on retient surtout le Godzilla de Gareth Edwards, opposant King Kong et Godzilla après un opus hautement sympathique - Kong : Skull Island de Jordan Vogt-Roberts - et une grosse pantalonnade pourtant ambitieuse - Godzilla II - Roi des Monstres de Michael Dougherty -, Godzilla vs Kong se devait d'épouser les meilleurs aspects de ces deux tranches précédentes de la franchise, dans un bon gros délire bigger than life, totalement conscient de son absurdité sans pour autant jouer la carte de l'ironie, violent - mais pas trop - tout en étant maladroit; un vrai film de gosses fait par de grands gosses jouant candidement avec des grosses figurines portées à la vie par des CGI tonitruants.
Fort heureusement, le film livre exactement ce que l'on attend, concoctant un complot/excuse décent - comprendre très facile - pour que ses deux titans s'emplafonnent la tronche avec gourmandise (Kong sert de billet pour la Terre Creuse mais doit resté caché parce que lui et Godzilla sont pas copains, et si le Dieu des lézards le retrouve - ce qui arrive vu qu'il passe par l'océan -, ils vont se fumer jusqu'à la mort pour établir leur statut de prédateur suprême), dans un déluge de fights (deux manches entre les deux, mais il y a quelques réjouissances au milieu et à la fin) qui feraient presque pâlir de jalousie les batailles homériques de DC et Marvel, où la considération de la perte de vies humaines est une fois encore proche du néant.
Arborant une structure " multicaractère " - syndrome blockbuster kaboom US - lui permettant de lancer plusieurs pistes anecdotiques avec des personnages croqués superficiellement au ballet à chiotte (des fonctionnaires jetables en gros), pour mieux occuper son auditoire entre deux combats, le film de Wingard convoque instinctivement le mood de la version 98 d'Emmerich - avec ses qualités comme ses gros défauts - dans son chaos extravagant et rock profondément insignifiant, qui ne montre jamais vraiment son monstre comme un vrai et dangereux... monstre.

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D'autant plus qu'ici, le film peut clairement se voir comme une suite indirecte de Skull Island, lui qui prend clairement parti de Kong en lui donnant une image assez sympathico-risible à l'empathie maladroite dès le départ (il y est le gentil gorille qui adore les enfants, aspire à un foyer calme et sûr, lui le véritable big boss de l'univers des titans en vertu de sa capacité à comprendre et à communiquer avec les humains...), cependant plus cohérente que celle de son opposant, montré pendant deux films comme le défenseur de l'humanité et l'artisan majeur de l'équilibre naturel de la Terre (il est vrai de manière plus prégnante dans le film d'Edwards), alors qu'il est ici cantonné jusqu'à très tard - la révélation d'un opposant commun, Mechagodzilla, mué par l’esprit de King Ghidorah via son crâne volé par Apex Cybernetics -, comme un vulgaire opposant qui n'en a que faire de l'humanité.
Un parti pris assumé mais qui plombe d'autant plus le ressenti d'un spectateur à qui on ne laisse pas vraiment le choix d'être partisan de l'un ou de l'autre - on annonce vite la couleur -, et qui ne peut pas non plus se raccrocher à une vision à hauteur d'homme d'une dramaturgie réduite à peau de chagrin, et uniquement articulée sur une imagerie iconique et/ou dynamique dans l'action.
S'efforçant comme un malade pour garder au plus haut le degré de superficialité du film, Wingard - qui jadis, avait une patte -, totalement conscient du manque cruel d'originalité et de subtilité de son effort (malgré quelques money shots pop-art rivalisant avec les tableaux criards d'un Transformers), mise tout sur son action jubilatoire et gargantuesque, régressive mais jamais totalement inventive (Dougherty avait au moins pour lui des idées plastiques assez folles, là ici le papa de Blair Witch est en pilote automatique et n'a aucune idée de comment donner un tant soit peu de gigantisme à sa mise en scène); et fait de Godzilla vs Kong un blockbuster spectaculaire et rythmé aux méga-combats brutaux et divertissants, qui contentera la majorité même s'il laissera un arrière goût d'impasse virtuelle chez les plus exigeants d'entre nous.

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On chipote un brin c'est évident, et sans doute que cela n'aurait pas été pareil si on avait pu découvrir le film dans une salle obscure, pour qu'il nous assène la vraie petite claque turbo-débile dont on a toujours vraiment, vraiment besoin...


Jonathan Chevrier