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[CRITIQUE] : Becky


Réalisateurs : Jonathan Milott et Cary Murnion
Avec : Lulu Wilson, Kevin James, Joel McHale,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min

Synopsis :
La vie de Becky, 13 ans, vient de basculer avec la mort de sa mère. Contrariée par devoir passer son week-end avec son père et sa nouvelle compagne, elle va devoir affronter de nouvelles épreuves quand la famille est prise en otage par un groupe de prisonniers évadés, emmenés par le cruel néo-nazi Dominick, à la recherche d'un mystérieux talisman. Les malfaiteurs sont loin de se douter que Becky peut renverser le rapport de forces et faire d'eux ses proies.



Critique :


Depuis près de deux décennies maintenant, que ce soit ses débuts dans la si chouette sitcom Un Gars du Queens ou son arrivée au coeur de la Sandler family dans plusieurs comédies potacho-attachantes, Kevin James a toujours montré un visage attachant et jovial, sorte de gros nounours qui est autant un ami fidèle qu'un papa modèle - même si ses mômes ne le sont clairement pas.
S'il n'a jamais vraiment tenté de casser son image jusqu'à maintenant (et encore faut-il lui avoir proposé, on connaît l'habitude persistante d'Hollywood à cloisonné ses talents, et encore plus quand ils ont squatté pendant longtemps le giron du divertissement populaire), force est d'avouer que le duo Jonathan Milott et Cary Murnion (Cooties Forever) n'y est pas allé de main morte pour qu'il le fasse - et se transforme en ogre néo-nazillon effrayant - avec leur bouillant Becky, sorte de fusion aussi généreuse que passablement maladroite, entre le home invasion, le thriller psychologique et le survival au féminin - avec un poil de gore.

Copyright 2018 splendid film GmbH

Faisant gentiment fît d'un pitch un brin accessoire (une jeune fille qui ne s'est pas remise de la mort de sa mère, part agacée en week-end avec son père, la nouvelle compagne et le fils de celle-ci, dans une maison au bord du lac qui va vite être attaquée par quatre condamnés en fuite dirigés par le déterminé Dominick), pour mieux laisser exploser une approche visuelle et thématique fougueuse, Becky épouse amoureusement ses courbes de série B familière et prévisible (de la prémisse aux personnages, en passant par certains rebondissements), sans pour autant renier ses intentions accrocheuses, que ce se soit son rythme affûté - même quand la situation devient plus décousue et désespérée -, ou l'écriture subtilement profonde et ambiguë de ses personnages titres (pas les seconds couteaux, croqués à la truelle); le tout parsemé d'envolées joyeusement violentes - voire même parfois sincèrement désagréable dans ses ébauches graphiques -, combinées à de solides gags de caractère.
Car si le gros morceau de ce petit bébé décomplexé est avant tout de se délecter de l'impasse sauvage liant de gros crétins et une jeune fille, il est grisant de mirer comment les deux cinéastes font de leur héroïne une adolescente aussi empathique qu'elle est déroutante.

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En deuil et en passe d'être totalement déconnecté du seul parent qui lui reste, nourrissant sa douleur par une colère qui va peu à peu se libérer dans la brutalité d'un affrontement indésiré mais étonnamment libérateur, Becky (superbe Lulu Wilson) est une figure en pleine construction - normal pour une adolescente - ambiguë, qui peut basculer à tout moment du côté obscur (si tenté est quelle est une pleine intention de ce qu'il est réellement).
Pas forcément de quoi changer le bronze en or donc, mais canaliser l'angoisse de l'adolescente au travers d'une odyssée bestiale et brutale pour sauver sa peau, est la petite cerise sur le gâteau d'un vrai plaisir rétro au charme nostalgique - jusque dans son montage hasardeux -, fleurant bon l'époque benie de la VHS...


Jonathan Chevrier