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[CRITIQUE] : Les Sept de Chicago

Réalisateur : Aaron Sorkin
Avec : Eddie Redmayne, Sasha Baron Cohen, Mark Rylance, Joseph Gordon-Levitt, Jeremy Strong, Yahya Abdul Mateen II, Frank Langella, Michael Keaton, William Hurt, Alex Sharp,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Thriller.
Nationalité : Américain, Britannique, Indien.
Durée : 2h09min.

Synopsis :
Lorsque la manifestation en marge de la convention démocrate de 1968 tourne à l'affrontement, ses organisateurs sont accusés de conspiration et d'incitation à la révolte.




Critique :



Exit les figures froides et stratégiques - mais fascinantes -, dont le scénariste s'était fait une spécialité (Mark Zuckenberg/The Social Network, Steve Jobs, Molly Bloom/Molly's Game), Aaron Sorkin retrouve des personnages débordant de passion et de charme dans ce qui est sans l'ombre d'un doute, son projet le plus vibrant depuis The West Wing : The Trial of the Chicago 7, chronique bouillante sur le jugement des organisateurs de la chaotique manifestation en marge de la convention démocrate de 1968 à Chicago (une manifestation ou de milliers d'hommes et de femmes anti-Vietnam, militaient pour la paix, avant que des émeutes n'éclatent), huit hommes accusés de conspiration et d'incitation à la révolte par un gouvernement Nixon voulant se servir d'eux comme exemple d'une politique restrictive et intransigeante.

Copyright NIKO TAVERNISE/NETFLIX

Catapulté au coeur de la fin tumultueuse des 60's, alors le Vietnam et les assassinats de JFK, Martin Luther King Jr.et Robert Kennedy ont été des étincelles tragiques et culturelles qui ont férocement contribué à déclencher des affrontements violents entre la police et le peuple américain, Sorkin et son style inimitable, dégaine un requisitoire de haute volée sur les dérives du gouvernement Nixon, dont la rancoeur qui s'en dégage à une résonnance toute particulière avec notre présent tout aussi divisé.
Vrai film d'acteurs stupéfiant et uniformément excellent, tous mettant humblement de côté leur égo, pour mieux fusionner en une seule unité percutante (même si Sacha Baron Cohen et Yahya Abdul-Mateen II volent le show); chaque personnage recevant sa propre introduction et sa propre mise en lumière (tous ayant des idéologies différentes, mais complémentaires dans leur combat commun), essentiel pour les rendre tous droits et empathiques lorsque le procès débute.
Plus confiant et maîtrisé dans son fond comme dans sa forme, que son premier passage derrière la caméra, Sorkin arrive à capturer autant l'authenticité viscérale des émeutes (qui, même en noir et blanc, parle à notre actualité), que la folie grisante - voire cartoonesque - de la salle d'audience (ici un simulacre de procès, orchestré avec force), ou le débit verbal est un délice pour les écoutilles; pour mieux asséner avec acidité et sincérité son discours féroce sur les dérives systémiques d'un système inégalitaire et à deux vitesses, dont les fêlures sont strictement les mêmes cinq décennies plus tard.

Copyright NIKO TAVERNISE/NETFLIX

Sans généraliser ni même jouer le juge inquisiteur, même s'il assène un uppercut mignon à l'Amérique contemporaine, le cinéaste alterne les temporalités et les tempo pour mieux élaborer un spectacle généreux, immersif (notamment grâce au score génial de Daniel Pemberton) et finalement étonnamment optimiste (dans son espoir de changement, de paix social et vivre ensemble), ou il met un point d'honneur à pousser son auditoire à ne jamais oublier que l'humanité doit TOUJOURS l'emporter sur le système.


Jonathan Chevrier


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