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[CRITIQUE] : Le Défi du Champion


Réalisateur : Leonardo D'Agostini
Acteurs : Stefano Accorsi, Andrea Carpenzano, Ludovica Martino,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Christian, jeune star du football de l’AS Roma, est un joueur rebelle, indiscipliné et immensément riche. Suite à de nouvelles frasques, le président du club doit rapidement remettre son champion dans le rang : s’il veut continuer à jouer, il doit étudier et passer son bac ! Valerio, un homme solitaire et fauché, est embauché comme professeur particulier. Ils vont apprendre l’un de l’autre et, entre les deux, va naître une amitié inattendue...



Critique :


Aussi populaire soit-il, le football n'est pas fondamentalement un sport célébré en masse dans les salles obscures, la faute, sans doute, à son aspect pas forcément cinégénique, tant rares sont les cinéastes qui ont été capables à leur retranscrire avec un tant soit peu d'ampleur et de rythme.
Quand il se focalise sur un joueur en particulier, qu'il soit fictif (la trilogie Goal, dont on zappera poliment le dernier film), ou réel (les documentaires sur Diego Maradona d'Asif Kapadia et Emir Kusturica en tête), le résultat s'avère bien plus défendable et captivant, preuve en est avec le premier long-métrage de Leonardo D'Agostini, Le Défi du Champion, plongée au coeur des alertoiements d'un enfant terrible du football italien, sorte de mix entre Mario Balotelli, Antonio Cassano et Zlatan Ibrahimovich.
Dans un pays ou le ballon rond est plus qu'une religion (le Calcio est une institution majeure, et tout italien qui se respecte vit et se passionne pour le football), tout jeune talent qui se dégage autant par sa personnalité que par ses talents balle au pied, est scruté avec le plus grand intérêt par les supporters; ce qui est le cas de Christian, jeune prodige immature qui est aussi doué sur le terrain qu'il a une faculté proprement déconcertante à enchaîner les scandales médiatiques.

Copyright Destiny Films


Une tête à claque odieuse et pêté de thunes, qui se met gentiment à dos ses dirigeants, mais qui va devoir mettre de l'au dans son vin s'il veut continuer à briller sous les couleurs de l'AS Roma : en effet, le président du club le somme de passer - et d'obtenir - son bac, sous peine de squatter le banc de touche et, d'à terme, aller faire un petit tour ailleurs au prochain mercato.
Heureusement pour lui, un professeur particulier solitaire et sans le sou - littéralement son opposé -, va devenir sa bouée de sauvetage  - et, indirectement, il va devenir la sienne également -, au point qu'une amitié touchante va venir naître de cette relation obligée, mais nécessaire.
C'est finalement en ne filmant pas de la vérité du terrain, que d'Agostini offre l'un des regards les plus juste sur le milieu du football, depuis longtemps; en se focalisant sur la personnalité rebelle et complexe de son joueur vedette, il décortique les arcanes du foot système, de ses jeunes catapultés sous les spotlights à la moindre prouesse, ses ados - pour la plupart - privés de leurs jeunesses, et dont l'incapacité de convenablement se construire, va de pair avec une richesse démesurée, un quotidien qui va beaucoup trop vite (argent, femme, célébrité,...), au point de leur monter à la tête, à eux comme à leur entourage trop souvent toxique.
Sans prendre de gants, mais avec une tendresse évidente, le cinéaste fait de son Christian (Andrea Carpenzano, excellent) un exemple parfaite d'une vérité connue de tous les amateurs du football, mais il le grave sur pellicule avec une tendresse sincère, dans une sorte de fable initiatique contemporaine sur la nécessité de l'instruction, de l'éducation et du respect de l'autre, dans un cadre aussi cruel qu'il est impitoyable.

Copyright Destiny Films


Tapant gentiment sur le sacro-saint football (univers agressif, ou l'argent coule à flot et ou chaque joueur n'est qu'une marionnette plus ou moins bien considéré selon ses qualités sur le terrain), tout en offrant un joli récit d'amitié pédagogique et empathique (Stefano Accorsi est parfait dans la peau du prof/maître jedi qui remettra Christian dans le droit chemin), Le Défi du Champion ne pète pas dans la soie de l'originalité (on ressent quelques vibes du formidable Le Cercle des Pètes Disparus), mais il croque une séance aussi ludique qu'agréable, dont la sobriété et la simplicité n'a d'égal que la maîtrise qui l'habite.
Un pur feel good movie autant qu'un vrai film de valeurs, frais et plaisant, qui est une escapade estivale parfaite dans des salles obscures qui en ont cruellement besoin...


Jonathan Chevrier



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