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[CRITIQUE] : Seberg


Réalisateur : Benedict Andrews
Acteurs :  Kristen Stewart, Jack O'Connell, Anthony Mackie, Margaret Qualley, Zazie Beetz,...
Distributeur : Amazon Prime Video
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h43min.


Synopsis :
Le récit de la tentative du FBI de faire passer l'enfant de l'actrice Jean Seberg comme n'étant pas le fruit de son mariage mais d'un adultère avec un membre du parti Black Panther. Cette tentative résultait du soutien de l'actrice à la cause Black Panther depuis son adolescence.




Critique :


Sans l'ombre d'un doute, il y avait matière à faire, au minimum, un film fantastique sur la tragédie fascinante qu'incarne la trop courte vie de la comédienne Jean Seberg (À Bout de Souffle, Bonjour Tristesse,...), qui a défendu les droits civils, soutenu les Black Panthers et a été sévèrement sévèrement traîné dans la boue par le FBI de J. Edgar Hoover; avant de voir son destin se rompre dans une mort jamais vraiment élucidée, à l'âge de quarante ans.
Dite matière que l'on ne retrouve absolument pas dans le biopic poids plume et amorphe de Benedict Andrews, pervertissant/embellissant la réalité sans jamais rendre justice à la femme qu'il prend pour sujet; tout en incarnant une machine mécanique et suspecte qui semble avoir étudié la vie de Seberg avec autant de légèreté qu'un profil torché à la va-vite sur Wikipedia.



Plus mystérieux et distant que jamais, plombé par son approche simpliste et même totalement aseptisée de l'un des chapitres les plus honteux de l'histoire américaine, le script modifie Seberg de la même manière que ses contemporains, tronquant la réalité : le film fait sonner sa générosité comme un but, non comme un trait de personnalité qui est pourtant inné en elle, et ce depuis son adolescence, ou que dire de l'agent du FBI campé par Jack O'Connell, présent dans un arc hautement artificiel, sorte d'élément émotionnel totalement contradictoire, venant presque disculper le FBI qui a pourtant légalement harcelé l'actrice - et elle n'était pas un cas isolé.
Mais plus que de tronquer l'histoire, le film largue littéralement ses comédiens, les rendant au mieux désintéressé, au pire profondément ennuyant, engoncé dans une caractérisation faiblarde et contradictoire, appuyée par des dialogues d'une platitude abyssale - et ne s'échinant jamais à leur donner de la matière.
Au-delà d'une photographie aussi sombre que pastel, rien n'est vraiment à retenir donc de ce biopic faisandé, voulant imposer Seberg comme une figure inspirante, mais avec la subtilité d'un rhinocéros en route, mais surtout sans jamais susciter la sympathie nécessaire à son égard.


Étrangement, il rejoint à l'instar du dispensable Ma Vie avec Marilyn, un sous-genre de biopic qui s'échine à croquer des versions biaisées et fragiles de femmes aussi fortes que fascinantes, curieuse intention...


Jonathan Chevrier