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[CRITIQUE] : Park


Réalisatrice : Sofia Exarchou
Acteurs : Dimitris Kitsos, Dimitra Vlagopoulou, Thomas Bo Larsen, Enuki Gvenatadze,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Grec, Polonais.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Le village Olympique d'Athènes, dix ans après les Jeux. Des jeunes désœuvrés, des athlètes à la retraite blessés et des chiens sans maître errent entre les ruines et les arènes sportives à l’abandon.



Critique :


Pour son premier long-métrage, Sofia Exarchou filme la jeunesse athénienne livrée à elle-même dans le village olympique abandonné.
Après un long parcours en festival, Park fait son apparition dans nos salles hexagonales pour le 8 juillet. En moins de deux heures, la réalisatrice nous montre un grand espace à l’abandon, aux abords de la ville d’Athènes. C’est en plein milieu du film, grâce aux célèbres anneaux, que le spectateur comprend que nous étions depuis le début sur le site estimé à plusieurs milliard d’euros où ont eu lieu les Jeux Olympiques de 2004. Un événement qui évoque l’orgueil pour la nation qui l’héberge, mais qui dans le cas de la Grèce, a lancé une tragique spirale économique. Cet espace, où les plus grands athlètes du monde se sont surpassés pour gagner une précieuse médaille d’or, n’est plus que ruine, où errent Dimitris et ses amis.

Copyright Tamasa Distribution



Outre le décor saisissant par son réalisme et sa symbolique, ce sont les jeunes gens qui intéressent le plus Sofia Exarchou. Dans un style quasi documentaire, ses personnages hantent cet endroit, qui peu à peu s’est transformé à leur image. La piscine olympique devient un lieu de pique-nique, les vestiaires un lieu de fête. Ce sont leurs corps qui parlent à leur place, nous contons la colère sous-jacente de leur condition. Le son émet alors une importance capitale et emplit l’espace visuelle, dans un chaos aussi bruyant que persistant.

Copyright Tamasa Distribution


Le groupe, qui donne vie au village olympique semble dans un premier temps jamais pouvoir se détacher. Ils constituent une entité. Ils existent dans l’unité filmique uniquement par leur rassemblement. Un garçon finit pourtant par se détacher, Dimitris. S’extirpant avec difficulté du groupe, il y revient, confronté à des échecs professionnels et sentimentaux, qui le ramène indubitablement au point de départ. Anna et lui se rapprochent, mais n’arrivent pas cependant à créer un rythme commun, propre à la naissance du désir entre deux corps. Les deux peaux se touchent de façon maladroite, incapable de sortir du cycle de la violence et de l'affrontement qui les entoure. Si le piège de Dimitris est mental, celui de Anna se voit : ancienne gymnaste, son corps est parsemé de cicatrices, vestiges de blessures profondes d’un rêve maintenant devenu impossible à atteindre. Ce rêve continue de la hanter tandis que ses amis lui demandent sans cesse de montrer sa souplesse de gymnaste, avec insistance.

Copyright Tamasa Distribution


La caméra de Monika Lenczewska (Message from the King) ne porte pas de jugement et suit le mouvement frénétique de ces jeunes athéniens, dont la rage est portée par leur incapacité à se trouver une place dans un environnement en ruine. Laissés pour compte, ils n’appartiennent à aucune catégorie et se fondent dans le décor des touristes qui pullulent sur la plage, étrangers dans leur propre pays. Malgré la puissance qui se dégage de ces protagonistes et le caractère explosif de leur quotidien oisif, Park n’est ponctué que d’une suite continue de séquences, sans réelles attaches. Le récit ne porte que de très rares moments de tensions, manquant d’un élan narratif qui pouvait apporter un peu plus de puissance à l’ensemble.
Récit d’un espoir déchu, Park ne s’émancipe malheureusement pas d’une certaine contemplation, allant de pair avec le style réaliste que nous propose la réalisatrice. Elle nous montre sans concession une jeunesse abandonnée dans un lieu qui symbolisait auparavant l’orgueil d’une nation.


Laura Enjolvy