[CRITIQUE] : Exit

Réalisateur : Rasmus Kloster Bro
Avec : Christine Sønderris, Samson Semere Russom, Kresimir Mikic,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Danois.
Durée : 1h24min.

Synopsis :
Rie, une journaliste danoise, visite le chantier du métro de Copenhague pour réaliser un projet sur la coopération européenne. Mais sous terre, un accident se produit. Rie se retrouve bloquée dans un sas de décompression aux côtés de Bharan et Ivo, deux ouvriers. Le reportage se transforme en cas pratique, où chacun doit apprendre à coopérer pour espérer survivre.

Critique :

Solide survival tendu et maîtrisé, au commentaire social affûté et pertinent, #Exit est une petite bombe de thriller claustrophobique dont le dernier tiers, férocement oppressant, exténuant (dans le bon sens du terme) et dénué de toute respiration, vaut à lui seul le déplacement. pic.twitter.com/dro5CIjW25
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) July 16, 2020

Il y a un petit côté rafraîchissant, aussi étonnant que cela puisse paraître dans le contexte assez difficile actuel, que de se rendre dans une salle obscure pour aller y mirer une péloche horrifique et qui, pour rajouter du piment à la chose, joue en plus la carte du thriller claustrophonique, histoire de rajouter un aspect encore plus réaliste à une expérience aux contraintes pas forcément évidente pour tous.
Exit, premier long-métrage du cinéaste danois Rasmus Kloster Bro, arrive donc à point nommé - ou pas, c'est selon -, comme une sorte de mise en bouche avant la sortie plus tardive du bouillant The Vigil, adoubé par la dernière cuvée de Gerardmer.
Renouant avec un doux et nostalgique vent de cinéma " à l'ancienne " (un peu de vibes de Cube, de The Descent, de [REC],...), tout en arborant une patine quasi-documentaire et en parsemant son récit d'une série de commentaires sociaux actuelles pertinents, la péloche, concise et maîtrisée, peut se voir même pour les non initiés au genre, comme un thriller/survival efficace, sur un groupe de personnes piégées sous terre dans des circonstances réellement terrifiantes.

Creusant le sillon des tréfonds de la noirceur de l'âme mais aussi et surtout de plusieurs genres à la fois - dont il respecte scrupuleusement tous les codes -, que ce soit le film de survie (assez troublant), le trip claustrophobique et surtout le drame social, avec un commentaire affûté sur les privilèges dont bénéficient les classes européennes - col blanc - par rapport aux immigrants et aux travailleurs - cols bleus -, supposément accessoire dans l'intrigue, mais toujours furieusement présent en arrière-plan (via le personnage de Rie, instruite mais arrogante et sans scrupules, diamétralement opposée aux autres, présent par obligation et pour l'argent, pour payer des dettes ou préserver un minimum leurs familles du besoin); Exit, d'une tension et d'un suspens progressif et bouillant - et ils sont rares les films à tenir en haleine avec aussi peu d'artifices -, est un solide et grisant survival, qui se démarque agréablement du tout commun dans un dernier tiers crépusculaire, oppressant et anxiogène, dénué de toute respiration.
Inconfortable, psychologiquement intense et profondément exténuant, l'ultime virage de cette véritable descente aux enfers vaut à lui seul le prix du billet.

Jonathan Chevrier