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[CRITIQUE] : Bluebird


Réalisateur : Jérémie Guez
Acteurs : Roland Møller, Lola Le Lann, Veerle Baetens,...
Distributeur : Les Bookmakers / The Jokers
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Belge, Français.
Durée : 1h35min.


Synopsis :
Danny, un ancien taulard aspirant à une vie tranquille en est brutalement extrait quand la fille de sa logeuse est victime d’une agression…



 
Critique :


À l'instar d'un Bloodshot avec un Baboulinet Diesel plus inexpressif que jamais, ou du très beau Un Ami Extraordinaire de Marielle Heller, le prometteur B movie franco-belge Bluebird de Jérémie Guez, scénariste émérite (il a signé les scripts burnés des récents La Terre et le Sang et La Nuit a dévoré le Monde) dont c'est le premier passage derrière la caméra, a vu sa sortie en salles gentiment bousculée par le Covid-19.
Pas (totalement) un souci en soi, puisque le film, adapté du roman L’Homme de plonge/The Dishwasher de Dannie M. Martin, débarque finalement dès aujourd'hui en VOD, raison de plus pour se jeter sur ce petit bout de thriller furieux et passionnant, dont on ressort gentiment K.O.




Férocement nerveux, mélancolique et humain à la fois, méchamment référencé au cinéma ricain (loin d'être un défaut, ce qui l'inscrit instinctivement dans la droite lignées de toutes les séries B franco-belges furieusement biberonnées au cinéma qu'on aime) mais également bien plus maîtrisé que la majorité des péloches énervées hexagonales, usant parfaitement de la simplicité évidente de son scénario pour offrir un divertissement ramassé et maitrisé, Bluebird est un thriller bouillant, passionnant et tendu sur la lente et difficile réinsertion des ex-taulards, à la violence aussi intense qu'elle est retenue.
Solide et précis même si l'intrigue souffre d'un gros coup de mou après une excellente introduction - il redresse joliment la barre dès sa seconde moitié -, empathique malgré une caractérisation des personnages assez sommaire (ce qui sied parfaitement au fond, au jeu naturel de la belle Lola Le Lann, mais surtout à celui plus épuré d'un Roland Møller absolument bestial, qui apporte une profondeur folle à son rôle, par la simple rugosité de sa carcasse inimitable et de son regard); le métrage, crédible - parce que constamment inscrit dans un réalisme probant - et prenant de bout en bout, est un petit bout de cinéma sec et brutal, porté par une vraie envie d'offrir un moment de cinéma bien de chez nous qui dépote.




Sans réinventer le genre, mais en l'épousant d'une fougue et d'une passion sincère, le premier long de Jérémie Guez fait parler les muscles et le coeur avec puissance, privilégieant des séquences vraies percutantes et une atmosphère psychologique intense (même s'il lui manque un poil d'assise dramatique pour vraiment emporter son auditoire), à la mise en images fine et originale d'une renaissance mélancolique à forte tendance revenge movie; ou quand un homme brisé par une existence dissolue, retrouve un sens à sa vie auprès d'une jeune femme rebelle qui voit en lui un véritable père de substitution.
Un beau coup d'essai.



Jonathan Chevrier