[CRITIQUE] : The Room
Réalisateur : Christian Volckman
Acteurs : Olga Kurylenko, Kevin Janssens, Joshua Wilson, Francis Chapman,...
Distributeur : Les films du Poisson
Budget : -
Genre : Fantastique, Thriller
Nationalité : Français, Luxembourgeois, Belge
Durée : 1h40min
Synopsis :
Kate et Matt quittent la ville pour s'installer à la campagne dans une grande maison isolée et délabrée. Peu après leur déménagement, ils découvrent une chambre qui a le pouvoir d'exaucer tous leurs désirs...
Critique :
Si l'on regrette un propos sur la pression du couple un peu déjà-vu,#TheRoom incarne un solide film horrifique qui fonctionne grâce à 2 acteurs convaincants, un visuel épuré aux décors baroques et soignés, et une mise en scène qui ne tombe jamais dans la facilité (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/lKzwEKoxu2— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 7, 2020
Quatorze ans après son premier long-métrage d’animation, Renaissance, lauréat du Cristal au festival d’Annecy en 2006, Christian Volckman nous revient, avec cette fois un film live, le thriller horrifique The Room. Pendant cette longue période, le cinéaste en a profité pour se consacrer à la peinture, à la réalisation de clip, ainsi qu’une série d’exposition à travers le monde , « ©® », son binôme créé avec Raphaël Thierry. Initialement prévu pour le 25 mars, la sortie de The Room a été reportée, comme de nombreux autres films, à cause du Coronavirus. Une puissante ironie quant au synopsis du film, un couple mis à l’épreuve par une maison qui va progressivement les confiner grâce à une chambre qui leur exauce tous leurs vœux.
Copyright Condor Films |
Kate et Matt forment un couple trentenaire beau et heureux. Nouveaux propriétaires d’une grande maison dans le Maryland, ils quittent New-York pour s’y installer. Elle est traductrice, lui dessinateur, en manque d’inspiration, le spectateur apprend vite qu’ils sont venus s’enterrer en campagne, sans voisin aux kilomètres alentours, faute d’argent. Une maison en mauvais état, abandonné, qu’ils retapent et réaménagent eux-même. Evidemment, comme tous les thrillers, ce bien-être ne va pas durer longtemps. Mais contrairement aux nombreux films de genre, The Room veut prendre son temps, initier le fantastique par petite touche, pour que le malheur de ce couple soit encore plus invivable.
Copyright Condor Films |
Très vite, les protagonistes sont confrontés à la fameuse chambre du titre. Par hasard, Matt la découvre, une porte cachée par une tapisserie. Forcément, le personnage, et bien entendu le spectateur, veulent absolument voir ce qui se cache derrière la porte. Matt retrouve une clef à la forme étrange, l’ouvre pour y découvrir … une pièce vide. Christian Volckman joue avec nos attentes, conditionnées par les codes du genre horrifique pour nous surprendre. Pendant un moment, Kate et Matt vivent leur vie tout à fait normalement, la chambre devenant une pièce un poil mystérieuse, mais sans plus. Ils apprennent qu’un meurtre horrible a eu lieu dans la maison, la raison sûrement de son prix bas. Puis, Matt découragé par son inspiration qui ne vient pas, se terre dans la chambre et souhaite une bouteille de whisky. Bouteille qui apparaît d’un coup. Le lendemain, Kate retrouve son mari dans la chambre remplie d’objet de valeur, d’argent, etc.. Tous leurs vœux peuvent être exaucés. Si cette idée leur fait peur pendant un court instant, la possibilité infinie que leur offre cette chambre est beaucoup trop tentante. Le champagne le plus cher ? Un million de dollars ? Les originaux des plus célèbres peintres du monde ? Tout est possible. Mais ce sont des biens matériels. Il est avéré que les humains se lassent assez vite, quand ils ont accès à toutes leurs envies. La chambre est-elle capable d’exaucer un désir plus profond, celui d’avoir un enfant ?
Copyright Condor Films |
Comme dit précédemment Christian Volckman n’arrête pas de nous surprendre. Alors que les films fantastiques préfèrent rendre invisible la magie, ce qui n’est pas forcément explicable, le cinéaste entoure la force obscure qui régit la chambre par des câbles, par une énergie mystérieuse, mais visible. Sa mise en scène joue avec le fantasme et la profusion, rendant leur réaction démesurée de posséder autant d’objet plus humaine. Cette fièvre se ressent dans le cadrage, le montage très abrupt, où l’on sent une certaine hystérie. Mais tout ceci est éphémère. On ne peut pas échapper au propos du film, qui se moque du capitalisme et ce besoin de s’entourer d’objet, toujours plus, des choses dont nous n’avons pas vraiment besoin pour vivre. On peut y voir aussi une critique du couple hétérosexuel, la charge mentale, ainsi que la charge émotionnelle qui donnent une dynamique de force bancal, et finissent par fragiliser le plus soudé des ménages. Le réalisateur joue avec les perspectives, que ce soit au niveau du visuel, avec ces lignes (les câbles, les créations de Matt), mais aussi narratives, qui nous perdent entre le réel et le désir. Un désir si fort, qu’il est capable de créer : un être humain, un nouvel univers, mais à quel prix ?
Si on regrette un propos sur la pression du couple un peu déjà-vu, le réalisateur nous propose un film horrifique qui fonctionne grâce à deux acteurs convaincants, à un visuel épuré, aux décors baroques et soignés et une mise en scène qui ne tombe jamais dans la facilité.
Laura Enjolvy
Copyright Condor Films |
Si on regrette un propos sur la pression du couple un peu déjà-vu, le réalisateur nous propose un film horrifique qui fonctionne grâce à deux acteurs convaincants, à un visuel épuré, aux décors baroques et soignés et une mise en scène qui ne tombe jamais dans la facilité.
Laura Enjolvy